La forêt pousse un cri de fleur décroissante
Publié le 21 Août 2016
Seule
Tout à fait seule
Je me promène dans la forêt de nuage
Une liane est ma compagne
Une orchidée a perdu le fil de la question
Un singe laineux crie dans la nuit
Son cri se heurte au mur de nuages
Nuages gris nuages d’eau confondue
Arrivent les vagues d’ondes
Arrivent les flots furtifs
Les escaliers de mer
Pour aborder d’un pas sûr la canopée
Surfent sur les feuillages d’encre
Des colibris masqués
Aux becs absorbeurs de délices bientôt perdus
Un orageux signal
Les feuilles se cabrent tels des chevaux sauvages
Creusant leurs reins
Pour en faire des coupelles d’abondance
Il pleut c’est bon c’est doux c’est revigorant
Le petit sol ne récupère presque rien
Les insectes dansent la danse de la pluie
Mais si peu de gouttes irriguent leur propos
Un cri
Un cri perdu dans la canopée
Sombre si sombre comme le commencement du monde
La fleur a crié
L’écho lui répond
Son cri déformé imite le miaulement du margay
Un miaulement rauque d’une nuit d’amour
Qui le laisse presque aphone
Pourquoi cries-tu fleur ?
Lui demande l’aigle harpie encore ridé de sa nuit
La fleur s’est tue
Sa gorge serrée
Un serpent vert comme le monde
L’a entourée de sa froide compassion
Seule
Tout à fait seule
J’imprime trois sons trois sensations trois subtiles mélopées
Dans mon cœur si petit
Qu’il ne peut qu’à dose infinitésimale
Rendre cette impression
Cette beauté incommensurable
Qui se perd dans la nuit des temps
Son bouquet de nuage
Comme la fumée de la pipe du volcan
Qui s’éloigne
Qui s’éloigne
Tombant dans l’océan de l’incertitude
Recouvrant des tasses de café
Qui ont oublié la chicorée
Comme la chicorée perdue
Peu à peu se perd le cri de la fleur de selva
Son cri pâle absent
Ses yeux qui ne touchent pas le monde
Peu à peu se perdent les cris
Calfeutrés dans la perte de valeurs
Enterrés déjà dans la fosse des dégâts collatéraux
Englués dans la vase visqueuse des pollueurs
Emberlificotés de miasmes délétères
Seule
Seule
Forêt seule isolée
Poumons encrassés d’une terre qui s’effrite…frite..frite….
Je cuis de rage
Je pleure de sang
J’enrage. un nuage dans ma main
Je peste. une fleur est mon épée
J’accuse. un paresseux glissé sur mon sein
Je dirige. les regards vers la fleur anémiée
J’écris enfin
Mon verbe trempé dans l’encre de nuage
Une plume acérée au cœur tendrement ému
J’ai pris dans mes bras l’ensemble des requêtes
J’en ai fait un cahier de poésie
A la lutte infinie.
Carole Radureau (21/08/2016)
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