Poétiser.
Publié le 22 Juillet 2016
Poétiser un jour d’été
Sans prétention
Sur un soupçon
Une rougeur diffuse
Une fleur d’albizia
A pointé son pinceau.
Poétiser un soir plus frais
Le nuage a décidé d’entrer en jeu
Prise sur le faite
La canicule a encore un doigt
Rouge- gelée de groseille.
Poétiser quand la folie
Tricote une à une des mailles
Trop larges
Quand le monde s’affale
S’affole
S’emballe
Et s’empale.
Poétiser quand il ne reste que les mots
Des mots à jongler
Des mots-mikado
Des mots-rue-de-la-paix
Des mots –tarot de bon augure.
Poétiser quand le songe est devenu si rare
Quand le temps est denrée menacée d’extinction
Quand le sable du sablier se teinte de rouge
Et que l’air sent les nuées brunes.
Poétiser car il ne reste que ça pour habit
Car les mots sont si forts
Que rien ne peux les arrêter :
Les mots ?
Ils brisent les barrières
Ils sortent leur minois
Stoppent les rafales, les tirs d’obus
Ils sont si puissants
Que chacun les craint
Seule la violence pense les araser.
Poétiser car l’amour a fait son nid
Dans le creux des reins de la poésie
Elle y a plongé son regard si tendre
Elle a y planté son dard de cristal
Imprimant ses mots au poinçon de l’espérance
Coloriant ses pensées aux encres de la créativité
Le morse a revêtu sa parure d’espionnage
Et le silbo a pris le relais là-haut dans les montagnes
C’est qu’il faut que soient écrits répétés serinés récités de bouche à oreille
Les mots si beaux qu’ils arrêtent les tirs d’AK47
C’est qu’il faut que soient entendus
Qu’ils touchent au cœur
Qu’ils vibrent fort
Qu’ils se disséminent tel le poison lent
Les mots si beaux qui sont un antidote.
Poétiser c’est ça la force
Cette force universelle
Cette frontière entre le bien et le mal
Cette force qu’ils veulent arracher au forceps
Car ils savent les fourbes
Quelle puissance éternelle est la sienne.
Les mots sont autant d’armes
D’armes pour la paix d’armes pour défendre l’amour
Les mots de la poésie sont autant d’armées
D’armées armées de bouquets de mots choisis
Rimés en prose envers en noir en rouge et contre tout
Leur force est écrite ici quand poétiser c’est dire,
Répéter crier hurler chanter réciter bégayer chuchoter :
Je t’aime, homme/humain, mon frère.
Carole Radureau (22/07/2016)