Costa Rica : Des communautés Bribris demandent à être territoire libre de RED+

Publié le 6 Juillet 2016

Zuiri Méndez et Henry Picado (*)


Presque 400 personnes provenant de 23 communautés bribris se sont réunies à Suretka vendredi dernier 1er juillet pour évoquer la lutte pour la défense du territoire de leur ancêtre Pa Blu Presbere, assassiné le 4 juillet 1710.

Cette commémoration est réalisée année après année comme symbole de lutte contre l'invasion espagnole. A cette occasion on prévoyait de présenter publiquement la Déclaration du Territoire Bribri Libre de REDD +.

Cette déclaration est un mécanisme construit par les communautés pour se défendre devant le poste avancé du projet REDD + (la Réduction d'Émissions par la Déforestation et la Dégradation) sur le territoire indigène. En mars 2016 le gouvernement a considéré les étapes d'information comme terminées et a fait une pré consultation pour la stratégie REDD, sans que les communautés Bribris n'aient approuvé ce processus.

REDD + est un projet impulsé au Costa Rica par le Fonds National de Financement Forestier (FONAFIFO), le Ministère d'Atmosphère et d'Énergie (MINAE). En même temps la Banque mondiale se sert de fonds publics et privés internationaux pour financer REDD + comme mécanisme de compensation des émissions de carbone. Ce mécanisme permet que les industries paient les permis de contaminer, et que les causes de la déforestation à grande échelle, comme l'abattage industriel, l'expansion de monocultures, les méga-projets d'infrastructure, l'industrie minière, les grands barrages hydroélectriques et, surtout, l'agriculture industrielle qui se répand vers les bois, continuent sans restrictions.

Sur le territoire Bribri, les communautés argumentent que REDD + n'est pas seulement une fausse solution au changement climatique, REDD + représente aussi une grave menace pour les communautés qui dépendent des forêts, puisqu'il limite leur utilisation traditionnelle basée sur la culture itinérante, la récolte, les pratiques de subsistance qui sont réalisées par les communautés indigènes depuis des siècles.

Environ 400 personnes ont assisté à la présentation de la Déclaration du Territoire Bribri Libre de REDD +. Cela se passait dans les installations de l'Association de Développement Indigène Bribri (ADITIBRI) à Suretka. Watsi a comptabilisé la participation des membres des communautés de Kachabli, Amubli, Katsi, Dururpe, Soki, Alto Coen, Alto Urén, Alto Dúriñak, Arenal, Sepecue, Kloma, Suretka, Meleruk, Tsuiri, Watsi, Bajo Coen, Mojoncito, Yorkin, Kekoldi y Kórbita, en plus de la communauté Cabecar Orochico.

Les rejets ne sont pas nouveaux de la part des indigènes. Dès 2010 les plaintes publiques des communautés se sont multipliées en annonçant que le processus de REDD + n'était pas de bonne foi; qu'ils ne présentait pas de consultation préalable, libre et informée.

Certains des faits les plus importants sont :

Le 29 août 2014 plus de 300 personnes ont interrogé avant tout le cabinet du MINAE sur la procédure et les implications de REDD +;

En décembre 2014 ils ont présenté leur cas au Tribunal pour les Droits de la Nature au Pérou;

Le 15 octobre 2015 plus de 400 personnes sont allées à la maison présidentielle à la Sapote pour demander au président Luis Guillermo Solís que finissent les négociations en territoire Bribri.

Comme dénoncent les communautés défavorables au projet aucune de ces actions n'ont été prises en considération par le gouvernement. Dans ce sens ils remarquent que ces omissions sont antidémocratiques et violent les droits des indigènes. C'est pourquoi des membres des communautés de Talamanca ont décidé de construire de manière participative la déclaration, en visitant 15 communautés du territoire et en récoltant plus de 300 signatures, pour les présenter au reste des communautés du territoire le vendredi 1er juillet devant l'assemblée de l'ADITIBRI.

La déclaration signée termine de la manière suivante :

“[…]Nous rejetons tout protocole de consultation, formulé avec des médiateurs culturels, des réseaux d'association, d'association de développement intégral ou autres, en participation avec FONAFINO et MINAE car ils ne prévoient pas de processus de bonne foi, des formes traditionnelles et des connaissances des peuples indigènes impliqués en violant évidemment l'esprit de la convention 169.

[...] nous n'acceptons pas les changements de REDD +, à “REDD + indigène” ou tout autre nom, puisqu'il piétine les droits des peuples dans tout le processus.

Par conséquent, consciemment :

Faisant usage de notre droit à la propre consultation nous décidons de repousser le projet REDD +, son protocole de consultation, comme toute modification du nom du projet et nous déclarons le Territoire Bribri de Talamanca libre de REDD +, à la date présente désormais.”

L'équipe de direction de l'ADITIBRI a été convoquée à une réunion plénière, mais le nombre suffisant de représentants ne se sont pas présentés, donc il n'y a pas eu de quorum. Le président de l'association s'est engagé à permettre un suivi de cette réclamation. Les communautés attendent une réponse rapide de l'ADITIBRI à ce sujet.

(*) Ceci est un article qui a été écrit par Zuiri Méndez, de Kioscos Ambientales de l'Université du Costa Rica et Henry Picado, du Réseau de Coordination pour la Biodiversité.

Traduction carolita d'un communiqué paru dans Voces nuestras le 4 juillet 2016 :

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