Protéger la tendresse

Publié le 19 Juin 2016

Il faut protéger la tendresse
Dans un papier de soie la plier
Sans émoi
La rendre toute petite en faire une tresse
L’enterrer
Au pied de l’arbre
Des disparus.

La lame est froide et son acier est trempé
Le fer qui a forgé l’instrument
Regrette son fil et son aimant
Il aurait voulu être lame sur la mer
Caressante et confiante
Juste désoler les pierres
Les dissoudre en sable grain à grain
En faire de la douceur et non du sang séché.

La tendresse à tremblé
Elle a perdu deux cils
Son pouls s’est accéléré
La tendresse a dit non de la tête
Et puis elle s’est couchée sur un mouchoir
Sans faire de bruit elle a pleuré.

Le vent apporte chaque jour des graines polluées
Des graines mauvaises qui semblent chaque jour
Proliférer
C’est comme si la nature lui offrait son lit
Elle leur ouvre un sillon
L’arrose plus qu’à merci
Comme si les graines n’avaient plus que deux jours
A germer
Et c’est fait
La méchanceté a remplacé un sillon d’herbes tendres
Et dans le pré un alignement de lames d’acier
Brille sous un soleil compatissant.

Il faut protéger la tendresse
Son trésor
Le cacher aux yeux froids
Sa fleur est en papier et son cœur dit
Pourquoi ?
Pourquoi la haine un jour a tout recouvert
Les hommes ont saisi la main du diable
Et tirent sur elle comme sur une corde
Pour que plus encore
Le sang se répande
Que les corruptions s’étendent
Les racismes s’enracinent
Et les politiques qui manipulent et exploitent
Sont satisfaits de cet état de fait
Qui est
Le leur
Qui est leur œuvre.

Quelle est la couleur sur leurs mains ?
Eux qui n’osent regarder
Tout ce sang dans les rues.
Tout ce sang dans les rues.

Dort, ma tendresse
Enrobée dans le fil des racines averties
Ton œuvre bat sa chamade
Et ton petit cœur qui veut bien faire
Peut sommeiller
Attendant
Sagement
L’heure de renaître.

Carole Radureau (19/06/2016)

A deux magnanvillois cruellement sacrifiés par la folie des hommes.

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes

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