Ode au cependant
Publié le 23 Avril 2016
Cependant
La terre continue de tourner
Les aiguilles de tourner
Le monde de tourner
La mer secoue chaque jour
Ses draps remplis d’écume
Les forêts hissent chaque jour plus haut
Leurs bras verts vers le ciel
Les rues se remplissent chaque jour
De piétons de rouleurs de béton et de pleurs
Inaudibles
Les prés se parent chaque jour
Des couleurs empruntées aux millions de pixels
Prêtés généreusement par une science alors inconnue.
Cependant
Mon ode avait le temps
De chercher le pourquoi du comment
Redresser les torts d’un mot tordu
Ou les yeux qui louchent pour déformer la vérité
Ce pendant qui faisait de si jolies boucles
Puisant dans l’enfance l’innocence
Et le don de double vue pour magnifier la vie
Pendant ce temps les routes
Déroulaient chaque jour le bitume de leurs prétentions
Les buildings hissaient chaque jour
Les cimes de leur expansion
Le plastique apparaissait avec pour ambition
L’encombrement des placards
L’eau se souillait chaque jour
Elle avait fait le pari de devenir denrée plus rare que l’or
L’air était couci-couça chaque jour et selon les contrées
Voulant démontrer par l’opacité de sa matière
Son existence et faire tomber les non-dits
Le chemin de fer se faisait plus long chaque jour
Et de moins en moins emprunté
Il avait perdu son charme sa gaieté populaire
Et son harmonica était resté seul dans un filet
Pendant ce temps rien ne sortait de beau de doux de tendre
De ses alvéoles de quartier.
Cependant
Je pourrais écrire un moment
Remplir une page deux pages trois pages
D’une écriture qui n’est pas la mienne
Et que j’ai empruntée
D’une pensée qui est la mienne et que
Je revendique
D’une poésie qui n’en est pas une
Et qui n’a aucune prétention
D’une ode qui reprend l’idée de son compagnon
Pour le faire vivre encore et encore
Pour le suivre sur ses chemins de traverse
Et le remercier d’avoir été
Celui qui d’une langue sucrée comme une barbapapa
Aurait appelé cette ode :
Oda al sin embargo
Sin embargo
Je rêve d’un duo
La marée épousant un stratus
Un coquelicot s’unissant au noir de fumée
Une hirondelle couvant les œufs d’un martinet
Un désert au sable de haricot
Une mer de nacre et son tutu de cristal
Une banquise retrouvant son métal
Une assise de velours et d’œufs à la neige.
Sin embargo
J’écris un monde plus beau
Une espèce de folle échappée
Une course contre une montre cassée
Un croc en jambe devenu prospère
Un galop de chevaux déguisés en moutons
Une balle qui saisit son rebond
Et coiffe un pape et jongle de concert
Un chat qui ne sait que faire
Part en croisade sur les monts de piété.
Sin embargo
L’herbe est plus verte que l’on ne pensait
Le ciel veut bleuir sa vérité
L’océan est une grande vague éternelle
Le désert est un cadeau prospère
Et la vie une souris qui rit comme une vache
Mais elle est plus nombreuse et ne signe pas sa page
D’une goutte de méthane
Et la vie est une plantation où les rangs sont trop serrés
Les herbes n’ont plus de lumière pour envahir les rangs
Les pousses n’aiment plus que la concurrence
Et libre et non faussée
Elle mettra le branle-bas de combat
Dans la pépinière trop fière pour l’admettre.
Carole Radureau (23/04/2016)