La lutte de ma maman (de Salvador Zúniga Cáceres, fille de Berta Cáceres)
Publié le 15 Mars 2016
Salvador Zúniga Cáceres
Sa lutte est celle des peuples et la lutte des peuples est sa lutte, c’est difficile de comprendre pour eux que le système de destruction et d’exploitation, que les rivières, les forêts, les animaux, sont une partie de nous sommes une partie d’eux, que notre spiritualité, notre forme de vie, sont ce qui nous maintient vivants.
C’est très difficile de comprendre pour eux que nous ne sommes pas disposés à ce qu’ils nous détruisent, qu’ils nous exploitent et mettent en vente notre territoire ancestral, si bien qu’ils nous criminalisent, nous poursuivent et qu’ils nous tuent….
Ma maman, une femme née au milieu du peuple Lenca, a été criminalisée et assassinée parce qu’elle n’était pas disposée à ce que la couleur verte de nos montagnes, que le son pur et spirituel de nos rivières, que le chant harmonieux des oiseaux, disparaissent.
Pour être ferme et pour comprendre ce qui est profond et que nous communique notre nature.
Sa lutte est aussi aux côtés des femmes qui sont mères, qui convoquent nos ancêtres, qui sont force de sagesse, qui sont des protagonistes de la lutte pour la vie, dont elles sont frappées, elles sont assassinées et leur voix pèsent sur nos voix qui ne peuvent être silencieuses.
Les peuples originaires ont été victimes du racisme et du mépris. La voix et l’esprit de ma maman les accompagnent et elles l’accompagnent, parce que ce n’est pas concevable dans un tel monde que nous ne pouvions pas comprendre que ce monde est pluriel, qu’il a des voix et des sons différents qui lui donnent sa richesse.
Ils l’ont assassinée pour comprendre que cette lutte va beaucoup plus loin que toute frontière, que ce système attente à la vie de notre planète, qu’il attente aux cosmovisions de ce monde, qu’il nous appelle à l’indifférence, à ne pas sentir chaque injustice de ce monde comme quelque chose d’injuste pour tous, de nous convaincre de ne pas être ensemble, de ne penser seulement qu’à nous.
Maintenant prend forme un cri, d’espoir, d’une utopie pour changer ce monde, d’un poing fugitif qui implore une justice, d’un appel à la fraternité des peuples.
C’est pour cela que nous ne pourrons jamais dire que Berta est morte….
La lucha de mi mama
Article de désinformemonos du 11 mars 2016