Juana Azurduy de Padilla, la guérillera
Publié le 7 Mars 2016
Célèbre combattante de la guerre d’indépendance avec son mari sur le territoire de l’actuelle Bolivie.
Juana est née à La Plata (Sucre actuel) en 1780.
Sa mère est indigène et son père d'origine basque.
Un an après sa naissance en 1781, comme un clin d’œil du destin, la ville est assiégée par Tupac Katari et Bartolina Sisa qui viennent au secours de Tupac Amaru.
Elle perd sa mère quand elle a 7ans et elle sera élevée par une tante autoritaire qui fera tout son possible pour la contraindre et la priver de liberté
A 17 ans elle est envoyée au monastère de Santa Teresa pour mater son esprit rebelle et ses velléités d’aventure. Mais cette vie de domestique et de prières ne brise pas en elle son besoin d’indépendance et au bout d’un an environ elle revient chez elle, encore plus exaltée et attendant avec impatience un évènement palpitant dans sa vie.
Elle entre en contact avec les indiens dans le canton de Toroca (Rio Chico) et réapprend sa langue maternelle le quechua puis elle apprend aussi l’aymara.
Quand elle rend visite à Enfermia Gallarda qui sera sa future belle-mère, elle l’écoute lui raconter les récits que celle-ci fait des exploits de son fils Manuel Ascencio Padilla ce qui exerce une grande influence dans la vie de la jeune fille.
Manuel Ascencio Padillo, époux de Juana Azerduy
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Elle a 25 ans et lui 30 quand ils se marient en 1805.
Padilla participe à des groupes qui, sous l’influence de la France planifient une révolution.
Le 25 mai 1809, une révolte à Chuquisaca défait le vice-roy.
Les deux époux partent faire la guérilla avec leurs quatre enfants.
Plan de la bataille de Huaqui
De Mariano Torrente (died 1856) - Torrente, Mariano: Historia de la revolución hispano-americana. Imprenta de L. Amarita, 1830., Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7296717
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20 juin 1811, c’est la bataille de Huaqui. Les royalistes récupèrent le contrôle du Haut Pérou et les propriétés des Padilla avec le bétail et les terres sont confisquées. Juana et ses enfants sont capturés mais Padilla arrive à les sauver et ils se réfugient dans les hauteurs de Tarabuco.
En 1812 ils entrent sous les ordres de Manuel Belgrano, le nouveau chef de l'armée auxiliaire du nord.
plan de la bataille de Ayohuma
De Mariano Torrente (died 1856) - Torrente, Mariano: Historia de la revolución hispano-americana. Imprenta de L. Amarita, 1830., Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7275285
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Ils s’organisent contre les royalistes et recrutent des milliers de miliciens. Juana organise le bataillon Loyal qui participe à la bataille d’Ayohuma le 14 novembre 1813.
En mars 1814 après différentes victoires contre les royalistes, les troupes révolutionnaires se divisent et Juana doit aller se réfugier dans la vallée de Segura avec ses enfants. Son époux est en danger mais elle ne peut pas aller à son se cours car les troupes espagnols marchent vers la vallée où elle s’est retranchée. Se réfugiant dans la montagne elle se retrouve, seule avec ses enfants dans une situation de grande précarité et deux des enfants tombent malades et meurent.
De retour dans la vallée avec l’aide de son mari, les deux autres enfants meurent également de paludisme et de dysenterie.
Elle tombe à nouveau enceinte et donne naissance à Luisa Padilla au moment d’une attaque royaliste. Ses hommes profitent de sa faiblesse pour voler le butin de guerre et comme la tête de Juana est mise à prix pour un montant de 10.000 pesos argent, ils l’attaquent alors qu’elle a son enfant dans les bras. Elle arrive à se saisir d’un sabre et se défend comme elle peut et s’enfuit à cheval avec son bébé, plongeant dans la rivière.
Elle rejoint de nouveau son mari et ils continuent la guérilla pour l’indépendance. Ils attaquent le cerro Potosi le 8 mars 1816.
Elle a reçu le titre de lieutenant-colonel par un décret signé par le directeur suprême des Provinces unies du Rio de la Plata en aout 1816.
Le 14 novembre 1816, elle est blessée au cours de la bataille de la Laguna. Son mari vient à son secours et il est fait prisonnier.
Il sera exécuté et sa tête sera plantée sur un piquet sur une place publique.
De Anónimo - Salón de Espejos de la Alcaldía de Padilla, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=34016758
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La guérilla est affaiblie par un changement de plans militaires qui abandonnent la campagne du Haut Pérou pour aller combattre les royalistes vers le Chili. Juana suit le mouvement et continue le combat pour ensuite retourner dans son pays qui est à présent la nouvelle Bolivie. Sa fille la quittera quand après son mariage et en 1925 elle recevra le grade de colonel et une pension du libérateur Simón Bolivar qui dira d’elle :
« Ce pays ne devrait pas s’appeler Bolivia en mon hommage mais Padilla ou Azerduy car ce sont eux qui l’ont libéré ».

Buste de Juana Azerduy de Padilla à La Paz
De Miguel Soliz - Trabajo propio, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=28766409
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En 1857, le gouvernement de Linares lui enlève la pension attribuée par Bolivar. Elle finira sa vie dans la misère.
Après avoir gagné 33 batailles à la tête des loyaux, avoir été reconnue par Bolivar, avoir perdu ses enfants et son époux lors des campagnes menées pour la libération de son pays, après qu’on lui eut confié une pension oubliée deux ans plus tard, elle meurt à l’âge de 82 ans le 25 mai 1862 à Chuquisaca.
Son neveu n’ayant pas d’argent pour l’enterrer dignement demande de l’aide au gouvernement qui refuse, aussi Juana est enterrée dans la fosse commune.
Cent après sa mort, ses restes seront inhumés pour être gardés dans un mausolée construit en son hommage à Sucre.
cDe Casa Rosada (Presidencia de la Nación argentina), CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=42813263
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En avril 2015, la présidente argentine Cristina Kirchner a dévoilé en présence d’Evo Morales le président bolivien, une sculpture de la générale , héroïne de l’indépendance latino-américaine Juana Azerduy derrière la Casa Rasada. Cette sculpture offerte par la Bolivie vient en remplacement de la figure du conquérant Christophe Colomb.
C’est très bien ainsi quoique certains en disent pour des raisons ou d’autres.
sources : caserita, wikipédia
Paroles de Félix Luna ( Juana Azurduy, fleur du Haut Pérou, Il n'y a pas d'autre capitaine, plus vaillant que toi)