Les Lucayens
Publié le 11 Février 2016
Le nom lucayen vient de l’espagnol lucayos qui dérive du taïno lukku-cairi (auto désignation du peuple) et veut dire « gens des îles ».
Cairi, le mot taïno désigne une île, cela devient cayo en espagnol, cay ou key en anglais et caye en français.
Les Lucayens sont les premiers habitants des îles Lucayes (les actuelles Bahamas) et des îles Turques-et-Caïques avant la colonisation européenne.
Il s’agit d’une branche des Taïnos qui occupaient alors la plus grande partie des îles Caraïbes.
Les premiers habitants rencontrés par Colomb lors de son premier voyage sont les Lucayens, son journal est la seule source d’information basée sur une observation directe des Lucayens que nous ayons car ils ont disparus très rapidement.
La famille des Taïnos est une des plus grandes des Antilles. Les Lucayens font partie d'un sous-groupe de langue sub-taïnos comme les Taïnos occidentaux nommés Ciboney .
Comme eux ils constitue un groupe arawak.
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Guyane française / Suriname /Guyana : Les Lokono (Arawaks) - coco Magnanville
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l'histoire des Arawaks dans cet article
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Leur nom veut dire : " peuple bon et paisible " C'était une ethnie amérindienne du groupe des Arawak, qui habitait les grandes Antilles et dont descendent de nombreux antillais, cubains, haïtien...
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Des fouilles archéologiques et les comparaisons avec la culture des Taïnos à Cuba et à Hispaniola ont permis également d’en savoir plus sur ce peuple.
Les Lucayens disparaissent rapidement des suites de la colonisation. Les espagnols commencèrent à les capturer comme esclaves juste après l’arrivée de Colomb et ils disparurent des Bahamas en 1520.
Entre les années 500 et 800 de notre ère, les Taïnos partent depuis Hispaniola ou Cuba vers les Bahamas en pirogues monoxyles (creusées dans un seul tronc d’arbre).
Les plus anciennes populations semblent venir d’Hispaniola (actuelle Haïti et République Dominicaine) vers les îles Caïques, de l’est de Cuba vers Grande Inagua (Great Inagua), du centre de Cuba vers l’île Longue (Long Island) et au centre des Bahamas.
Le site des îles Caïques selon William Keegan aurait une implantation postérieure à 1200 par des Taïnos venus d’Hispaniola pour rechercher du sel des marais salants de l’île.
Sur Great Inagua qui est la plus proche d’Hispaniola et de Cuba , les Taïnos ont laissé des poteries en sable trempé. Sur les autres sites ils sont laissé des poteries à base de coquillages brûlés, fabriquées sur place.
A partir de la première colonisation de l’île de Great Inagua, les Lucayens s’essaiment dans toutes les îles des Bahamas.
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A partir de la première colonisation de l’île de Great Inagua, les Lucayens s’essaiment dans toutes les îles des Bahamas.
En 800 ans environ entre les années 700 et 1500 leur nombre atteint 40.000 personnes.
Les lieux de peuplement des Lucayens se limitent aux 19 îles les plus grandes de l’archipel , à des cayes plus petites situées à moins d’un kilomètre de celles-ci.
Un exemple de village taïnos reconstitué à Cuba.
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Ils vivaient dans des unités politiques plus petites que celles des Taïnos d’Hispaniola , dans des chefferies. Ils faisaient partir d’un réseau d 'échange commercial opérant dans toute la mer des Caraïbes.
Colomb dit qu’il trouve que les Lucayens ressemblent physiquement aux Guanches des îles Canaries (couleur de la peau entre autre). Ils sont décrits comme beaux, élégants, bien proportionnés, doux, généreux et pacifiques. Ils vivent presque nus. Les femmes étaient très belles et admirées.
Elles portaient après leur puberté des jupes courtes de coton, les hommes portaient des pagnes fabriqués en feuilles tressées ou en coton. Certains avaient des bandeaux autour de la tête ou de la taille, des plumes et des os, des bijoux aux oreilles ou aux narines. Ils avaient souvent des tatouages et se peignaient le corps ou le visage de motifs .
Ils pratiquaient l’aplatissage des crânes.
Leurs cheveux étaient noirs, raides, courts à part une mèche derrière qui n’était jamais coupée.
Société matrilinéaire
La société lucayenne était basée sur la descendance par la lignée maternelle, une coutume de la culture taïno.
La résidence selon Keegan était avunculocale (la femme résidait dans la maisonnée de l’oncle du mari).
Plusieurs familles vivaient dans des maisons circulaires en forme de tente, hautes, formées de poteaux et couvertes de chaume avec une ouverture au sommet pour laisser échapper la fumée.
Colomb décrit les maisons propres et bien balayées.
Pour unique meuble ils avaient des hamacs qui servaient de couchette mais aussi de rangements. Les hamacs étaient fabriqués en coton tissé.
Keegan estime qu’une vingtaine de personnes partageaient les maisons.
Les villages étaient linéaires et no disposés autour d’une place centrale comme chez les Taïnos d’Hispaniola.
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Furcraea foetida
Forest & Kim Starr, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6134596
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Cultures
Ils cultivaient des plantes à racines comestibles dont le manioc était la culture principale (cassava).
Les récits espagnols citent également des cultures de patates douces, taro, arrow-root, topinambours, ignames, arachides, haricots.
Ils cultivaient également des plantes utilitaires comme le coton (cotonnier créole à longues fibres), du tabac, des agaves, des furcraea foetida (yuccas à feuilles non piquantes), des hibiscus pour les fibres textiles (pour les filets de pêche).
Le bixa(roucou) une plante riche en bêta-carotène leur fournissait une substance colorante pour les peintures corporelles rouges alors que le jagua (genipa) servait pour les peintures de couleur noire.
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Ils cultivaient aussi probablement des papayes, des ananas et récoltaient des goyaves sauvages, des abricots-pays, des quenettes et du tamarin
C’étaient des chasseurs et des pêcheurs.
Les animaux à chasser sur les îles n’étaient pas nombreux, hutias (gros rongeurs), iguanes, petits lézards, crabes terrestres, oiseaux.
Les Lucayens élevaient des chiens et des canards de barbarie.
12% de la viande consommée provenait d’animaux terrestres, iguanes et crabes, 80% des poissons et des mollusques marins.
Artisanat
Ils creusaient des pirogues dans des troncs d’arbres, fabriquaient des lances en bois, des tabourets pour les cérémonies rituelles, des instruments en pierre, des outils tranchants.
Les grattoirs étaient importés de Cuba ou d’Hispaniola.
Les poteries étaient de type Palmetto ware (avec du coquillage brûlé et réduit en poudre).
Ils fabriquaient des poteries rouges d’Abaco et des poteries sur l’île Crooked.
Les poteries étaient fabriquées sur place avec une base d’argile rouge locale mélangée à de la coquille brûlée.
Ils n’utilisaient probablement pas les arcs et les flèches
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José Garnelo y Alda, Premier hommage à Christophe Colomb
1892
La conquête espagnole
La première île que découvre Colomb le 12 octobre 1492 est Guanahani.
Lui la dénommera San Salvador (à présent c’est certainement l’île Watling).
Colomb passe plusieurs jours à parcourir d’autres îles :Santa Maria de la Concepción, Fernandina et Saomete. Les Lucayens de San Salvador lui ont dit qu’il pouvait trouver un « roi » qui avait beaucoup d’or dans le village de Samaot (ou Samoete). Colomb comme on l’aura compris à soif d’or. Mais il recherche également des épices comme il pense être arrivé aux Indes et il demande aux Lucayens de le guider pour cela.
Les espagnols constatent que rien dans les Bahamas ne présente d’intérêt pour eux en dehors des Lucayens eux-mêmes.
Colomb en capture plusieurs à San Salvador et Santa Maria de la Concepción. Il les ramène en Espagne au retour de son premier voyage.
Amerigo Vespucci qui séjourne après Colomb dans les Bahamas en 1499/1500, en ramène 232 pour en faire des esclaves.
Les espagnols ont alors fait pratiquement disparaître la population taïno d’Hispaniola, ils se tournent alors vers les Lucayens des Bahamas pour les faire travailler à Hispaniola.
Le prix de vente d’un Lucayen est d’à peine 4 pesos or à Hispaniola.
Lorsque l’on se rend compte qu’ils savent plonger pour pêcher les conques, leur prix monte à 100 /150 pesos or.
On les envoie sur l’île de Cubaya pour qu’ils y pêchent des perles.
Le sud des Bahamas en moins de deux ans est pratiquement dépeuplé.
Au moins 40.000 Lucayens avaient été déportés par les espagnols avant 1513.
Quand les espagnols ont décider d’évacuer les derniers Lucayens vers Hispaniola en 1520, ils n’en trouvèrent que 11 dans l’ensemble des îles.
Les Bahamas après cela restèrent inhabitées pendant 130 ans.
source : wikipédia