Guinée Bissau : Les Bijagos (peuple)

Publié le 19 Février 2016

Guinée Bissau : Les Bijagos (peuple)

Par Ian — Bijagos uite orangozinho, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=21259367

*******

Peuple de l’archipel des Bijagos qui s’autodésignent comme Bijogos ou Bidjogos et qui est représenté par différentes ethnies qui n’ont jamais été très étudiées.

Le peuple le plus important en nombre est le peuple Onhaki (se prononce oniaki) de l’île de Canhabaque. Il est originaire du Mali et descend des actuels Coniagui installés entre le Sénégal oriental et l’actuelle Guinée Conakry.

La population se répartit ainsi (30.000 personnes en tout)

Bolama 9500 personnes (1 tiers de la population totale)

Bubaque 5000 personnes

Canhabaque 3500 personnes

Orango grande et Ornagozinho 3500 personnes

Arrondissement de Caravela 10.500 personnes

Langue : bijago, langue atlantique.

Guinée Bissau : Les Bijagos (peuple)

Par DidiPabel de de.wikipedia.org, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3295822

L’archipel

L’archipel des Bijagos (Bissagos) est composé de 88 îles et îlots dans l’océan Atlantique en face de la capitale Bissau. Une dizaine d’îles seulement est habitée en permanence.

L’archipel est reconnu comme réserve de biosphère par l’Unesco depuis 1996. La faune et la flore marine sont de grande importance. On y trouve des tortues marines menacées, des hippopotames marins, des crocodiles et des lamantins ainsi que des réserves ornithologiques de grande importance pour la nidification.

Les îles sont soit couvertes de forêts, soit de savane de type soudanaise, les mangroves couvrent une partie des espaces restés libres entre l’océan et la terre ferme.

Guinée Bissau : Les Bijagos (peuple)

Habitat traditionnel sur Caravela

Par (WT-en) Pis bus sur Wikivoyage anglais — Travail personnel, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23506598

Guinée Bissau : Les Bijagos (peuple)

Par Achille Sirouy (1834-1904) — New York Public Library [1] The earth and its inhabitants, Africa, Elisée Reclus (1830-1905), Facing page 188, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6286095

******

Histoire

Les îles étaient une route importante pour le commerce sir la côte ouest de l’Afrique. Les habitants construisirent une grande flotte ce qui leur a permis en 1535, de mettre en déroute les portugais colonisateurs.

Chaque île était autonome politiquement. Elles avaient établi une par une des relations amicales ou non avec les forces européennes en présence : anglais à Bolama, français et portugais qui seront les colonisateurs de la partie faisant face à l’archipel et qui deviendra la Guinée –Bissau.

De nos jours, les îles sont confrontées à une autre forme d’intrusion constituée par les pêcheurs professionnels émigrés guinéens, gambiens et sierra-léonais. Les Bijagos gèrent au mieux les ressources de leur environnement ce qui n’est pas du tout le cas des pêcheurs saisonniers qui calent des filets dans les bolons et coupent les palétuviers qui retiennent les plages au risque de voir les îles s’éroder rapidement.

Guinée Bissau : Les Bijagos (peuple)

image

Société matrilinéaire

La société Bijago est matrilinéaire et matrilocale. La maison est la propriété de la femme et l’homme après son mariage va vivre dans la famille de sa femme. Les femmes jouent un rôle important dans le domaine religieux et elles ont le pouvoir de contrôler la vie sociale. Elles sont en quelque sorte le « chef de famille », pouvant choisir leur époux ou de divorcer. Le mari n’a pas de droits sur les enfants qui portent le nom de leur mère. Les hommes travaillent dans la brousse et sur la mer, ils chassent et pêchent. L’éducation des enfants ; les questions spirituelles sont du domaine des femmes. Les villages sont gérés par un conseil de femmes élu pour un mandat à vie. Les réunions sont interdites aux hommes.

Guinée Bissau : Les Bijagos (peuple)

Par Didier Descouens — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=40650685

******

La vie sociale, économique et culturelle est encadrée par les Homi grande (homme grand ou femme grande). Chacun des Bijagos descend des 4 clans matrilinéaires d’origine qui ont chacun des pouvoirs et des droits propres. Ce système détermine la division territoriale des îles. La vie s’articule autour des villages (tabancas) qui sont des unités politiques et économiques de base avec une autonomie décisionnelle et une autosuffisance sociale, religieuse te économique.

Guinée Bissau : Les Bijagos (peuple)

image

Les clans sont organisés par classe d’âge avec chacun son rôle précis.

Les jeunes doivent s’isoler dans les îles éloignées de leur village pour s’initier à leur statut de futur adulte pendant 3 à 6 mois. Ceci constitue un rituel d’initiation pour passer du statut d’adolescent à celui d’adulte. Tous les 8 ans, ils changent de statut et doivent passer un nouveau rituel pour accéder à la fin à l’univers des ancêtres et revivre dans l’au-delà. Les initiations ne sont plus vraiment acceptées et de ce fait les classes d’âge tendent à disparaître.

2 classes d’âge

  • 12 à 17 ans : les canhocám : apprentissage des travaux agricoles et des règles sociales.
  • 18 à 27 ans : les cabaros : période de loisirs, conquêtes amoureuses

Les rites d'initiation s'appellent le fanado.

Les femmes portent lors des cérémonies des jupes en raphia (saya).

Guinée Bissau : Les Bijagos (peuple)

Par Max mangeon — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=46399828

*******

Liberté sexuelle

Les Bijagos sont le seul peuple de Guinée Bissau à ne pas pratiquer la circoncision des garçons et l’excision des filles.

« Quand une femme veut un homme elle ramasse les coquillages sur la plage, prépare un bon plat et le pose devant la case de l’homme qu’elle convoite. S’il mange le plat ; cela veut dire qu’il accepte de l’épouser. »

Les hommes n’ont pas le droit de formuler les demandes en mariage. Ce sont les femmes qui choisissent. Avant de choisir la femme peut avoir autant d’amants qu’elle le souhaite. Il n’y a pas de tabou autour du sexe. La femme qui n’est pas heureuse en ménage peut choisir de se séparer de son époux. Comme les mariages sont traditionnels et non officiels, c’est bien plus simple.

Les Bijagos sont polygames, les hommes ne sont pas forcément lésés par le système matrilinéaire. Ils peuvent être choisis par une autre femme que leur épouse. Il n’y a pas d’interdit. Parfois cela crée des tensions entre coépouses.

Guinée Bissau : Les Bijagos (peuple)

Par Origamiemensch recadré par Ji-Elle — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19769935

******

Economie

Les activités agricoles comportent l’exploitation des palmiers à huile (huile et vin).

La pêche est une activité complémentaire et de subsistance.

Le ramassage des coquillages, activité féminine est la principale source de protéines animales.

Art

Ils fabriquent des masques zoomorphes souvent de bovidés comme Gnopar, un masque de bovidé femelle mais aussi des requins, des poisson-scie qui sont utilisés lors des cérémonies.

Des statues cultuelles en bois représentant un buste humain, l’Iran représentant un symbole de pouvoir.

Les cérémonies religieuses occupent au moins trois mois de l’année

Guinée Bissau : Les Bijagos (peuple)

image

Orango grande

C’est la plus grande des îles qui héberge également la réserve de biosphère. Elle est dirigée par les femmes.

Le village a un chef mais ce sont les prêtresses, descendantes de la reine Pampa Kanyimpa qui détiennent le pouvoir suprême. Toutes les décisions passent par elles et sont irrévocables sous peine d’être exclu de l’île.

Toute la communauté repose sur un schéma matriarcal : les femmes choisissent leurs amants et plus tard leurs époux, elles possèdent les sols, les rizières, décident de la construction des maisons.

La reine Pampa Kanyimpa est élevée au statut de divinité.

Deux femmes d’âge mûr surveillent l’entrée du temple qui lui est dédié.

Le dieu Nindo a ordonné que les décisions soient prises par les femmes car »les hommes ne sont pas à même de faire des choix judicieux pour l’avenir de la communauté ».

Eticoga, l’un des villages de l’île abrite la sépulture de la reine Pampa Kanyimpa. Elle avait su conclure un accord de paix juste pour son peuple avec les portugais. Elle a régné jusqu’à sa mort en 1923 et elle est toujours vénérée.

Canhabaque

C’est une île rebelle, celle qui est la moins peuplée de l’archipel et qui a longtemps résisté aux colons portugais et a su préserver ses coutumes matrilinéaires. Canhabaque ne s’est jamais soumise. Malgré tout en 1936 après la dernière guerre elle accepte la présence portugaise tout ne se considérant pas comme colonisée.

sources : wikipédia, mouvement matricien

Ci-dessous de magnifiques photos :

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article