Chant d’argile

Publié le 15 Janvier 2016

Je vais vous conter mon chant
Je vais vous chanter mon conte
Celui qui est chevelure mouillée
Et chair pleine rouge et collante
Celui qui est cigale
Et puis aussi poète aux heures où se couche
La pierre du monde dans des bras de rosée.

Je chanterai pour vous la cruche
Qui est née de ma veine un soir où je ne l’attendais pas
Elle a sonné
Pris trois tasses de ma sève
Sur le tour elle a voulu se faire rouler.

Je chanterai pour vous l’anneau de la chaîne
Qui s’est pris à mes pieds
Un jour où j’étais innocente et confiante
Un jour où je pouvais me laisser berner.
L’anneau a fait des petits
Qui se sont noués
Les uns dans les autres la chaîne
Etait fière de sa grande famille
Elle a voulu tester sa force autour de chevilles autour de cous
Autour de vies
Et moi,
Matière première,
Je pleurais des larmes si rouges qu’on aurait dit du sang
Le sang honteux de la fabrication.

Je chanterai pour vous
Le petit oiseau minuscule et doux comme une lune
Avec un petit sifflet dans son corps de solitude
Il appelle à l’amour
Il appelle à l’entraide
Il pépie petitou rempli de valeurs jolies
Pour unir sa vie à d’autres oiseaux d’argile
De ceux qui savent parfois former la chorale
De la terre.

Je chanterai pour moi, moi seule
La tendresse de mes bras qui brassent brassent de l’air
Chaque jour quand le soleil tombe profond dans la mare de ma vertu
Je cherche et encore cherche
Qui border de ce flux que l’on m’a confié
Et qui tremble d’attente qui tremble de solitude
Je chanterai pour moi
Argile amoureuse d’un qui n’a pas dit son nom
D’un qui ne sait pas que se lover en moi
C’est une douche de jouvence couleur d’étincelle
C’est un bain de boues jaspées dans le miroir de l’aurore
C’est un ruisseau qui éponge son trop plein sur le rocher aux saponaires
C’est une terre-mère qui a laissé tomber sa cape d’hortensias égayés
C’est un utérus qui fleure bon le genêt
Quand sur son cœur pressé se dresse
Volubile,
La tresse argilée de ma passion inassouvie.

Chant d’argile

Carole Radureau (14/01/2016)

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes, #La pierre

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A
Très beau. Tu aurais presque pu en faire deux en fait. Le premier (à mes yeux) jusqu'à "je chanterai pour moi..." Ce n'est évidemment pas une critique, hein, mais je le vois comme ça. Ceci dit les deux parties sont extrêmement belles et j'aime beaucoup le tout.
C
Oui, c'est possible mais le texte est sorti ainsi en suivant ma pensée comme d'habitude. Quand j'écris c'est un flux, je le laisse juste s'écouler de moi comme un fleuve qui veut s'exprimer. Ensuite c'est vrai que l'on peut en le relisant voir ça et ça. C'est rigolo quand même ce procédé d'écriture, cela doit être courant mais quand même je pense que c'est une chance. Je suis en train de lire la vie de Jean Ferrat (un énième livre) et j'ai lu qu'il accouchait dans la douleur de ses textes. Comme quoi les auteurs ne sont pas tous logés à la même enseigne , ensuite, quid de savoir ce qui restera dans les esprits et portera ses fruits.