Bolivie : Le peuple Yuki
Publié le 27 Janvier 2016
Photo par Pablo Cingolani: Fillette du peuple indigène Yuqui, de l'Amazonie bolivienne. Peuple qui vivait isolé avant d'être approché par les missionnaires entre 1967 et 1991. Aujourd'hui, le groupe vit dans une pauvreté extrême, conséquence de ces contacts forcés site
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Ethnie de l'Amazonie bolivienne établie dans la communauté Bía Recuaté, province de Carrasco, Cochabamba, municipalité : Villarroel
Langue : de la famille linguistique tupi-guarani, groupe II. 140 locuteurs sur 208 personnes (Crevels, 2010)
Langue sérieusement en danger selon l’Unesco.
Les noms alternatifs sont : yuqui, bía, biá, yë, mbia
Autodénomination du peuple : biá, le peuple.
Autodénomination de la langue : biá yë : la langue des gens.
Le nom yuki est accepté par la communauté
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Histoire
Leur histoire remonte à l’antiquité ce qui en fait l’une des plus anciennes communautés de la région .
Il est probable qu’ils sont les descendants directs des peuples indigènes habitant l’Amazonie bolivienne il y a des milliers d’années. Ils ont migré au cours de leur histoire d’un habitat situé plus au sud et sont allés vers le nord vers le « tropique de Cochabamba » où ils s’allièrent avec les Sirionó et s’en séparèrent ensuite dans les années 1930.
Au cours du XXe siècle, les cocaleros, les forestiers, les compagnies de prospections de pétrole entrent sur leur territoire, donnant lieu à des affrontements et à l’arrivée de maladies dont la tuberculose qui décime une grande partie de la population.
85% de la population sont touchés par des problèmes respiratoires.
Dans les années 1960, a lieu l’avancés de front de colonisation agricole du Chaparé qui déclenche des conflits entre Yuki e colons, accélérant le processus de « pacification » et de sédentarisation du peuple nomade par l’évangélisation nord-américaine.
Le premier contact avec le peuple Yuki a lieu en 1967 après 15 tentatives infructueuses de la Mission New Tribes et certaines autorités de la réforme agraire, à une époque où ils étaient connus sous le nom de Choris.
Dans les années 1980, le processus de colonisation est freiné par la création de parcs nationaux indigènes et l’interdiction de la culture de la coca.
En 1986, d’autres contacts sont établis sur le rio Vibora dans la zone SO de la colonie actuelle.
En 1989, le dernier groupe est contacté et en réaction à la peur de l’invasion de leur territoire et pour se défendre, ils mènent des attaques avec des flèches et blesent un missionnaire qui dirigeait une mission dans la région de Très Cruces, province d’Ichilo de Santa Cruz. Ils sont ensuite transférés par la mission New Tribes au camp communautaire Mbía Recuaté où ils vivent aujourd’hui.
Peut-être existe-t-il d’autres groupes encore non contactés.
En 1992, ils ont constitué le Conseil Yuki reconnu comme organisation représentative. Ce conseil, avec le Conseil Yuracaré forme la Centrale des Peuples Indigènes de Cochabamba reconnue par le gouvernement et affiliée à la CIDOB.
Le peuple Yuki a été constamment discriminé et même surnommé « les nomades de l’asphalte ». Ils ne cherchent pas à se fondre dans la société dite civilisée et préfère rester dans sa communauté.
Organisation de la société
Jusqu’au début du siècle dernier, le système de stratification sociale du peuple Yuki était celui des maîtres et des esclaves. La famille nucléaire a été formée après l’évangélisation. Ce système de stratification sociale se transmettait par héritage ou par orphelinat.
Ils étaient autrefois organisés en petits groupes de familles de sang élargies.
Mode subsistance
Ancien peuple nomade chasseur/cueilleur formé actuellement aux pratiques de l’agriculture et de la pêche. Ils sont encore peu habitués à ces nouvelles activités économiques ni à travailler sous la direction des autres.
La chasse était autrefois leur axe de production et cela reste ainsi de nos jours même s’ils ont dû s’habituer à d’autres formes de ressources pour survivre dont le poisson, les produits agricoles et la nourriture apportée par la mission.
Croyances
Ils ont des croyances dans les esprits de la selva incarnés dans les animaux et la croyance que les personnes ont 2 esprits. Lorsque la personne meurt, elle peut provoquer une maladie ou la mort . dans le passé, un esclave étai tué pour que son esprit accompagne le défunt dans l’autre monde, l’emmenant là où il ne pourrait pas faire de mal aux vivants.
Aujourd’hui, après l’évangélisation qui a duré 30 ans, ils se considèrent comme chrétiens évangéliques mais conservent leur monde intérieur attaché à leurs origines, ce malgré tout le paternalisme exercé par les missionnaires.
Activités artisanales
L’activité artisanale a gagné en importance parmi les groupes de femmes qui tissent des sacs de différentes tailles à base de fibres végétales avec un design attrayant qui leur permet d’avoir avec ces produits, une ressource économique.
Problèmes actuels
La région où ils vivent aujourd’hui est une zone de colonisation très dynamique depuis les années 60. Le flux de colons a augmenté dans les années 80 et la construction de la route Chimoré-Yapacari a favorisé l’expansion d’établissements humains et d’activités agriciles.
En 1992, les Yuki ont reçu 115.000 hectares du DS.2311, un territoire titré en 2001 avec 127.204 hectares comme Terre Communautaire d’Origine (TCO) par l’INRA.
Les Yukis sédentarisés sont devenus complètement dépendants des évangélisateurs. Ils ne produisent pas leurs propres aliments en suffisance et ne peuvent plus récolter les ressources de la selva comme autrefois. Les conséquences de cette inadaptation au mode de vie sédentaire imposé par les missionnaires et la société moderne sont terribles pour la population Yaki.
85% de la population souffre de supposée tuberculose qui est, selon les tests de laboratoire menés aux EU due à un champignon aspergillus dans leurs poumons.
Cette situation mal interprétée par les médecins nationaux fait que les Yuki continuent de mourir à cause de ce champignon car le traitement donné par les médecins chargés de surveiller leur santé, au lieu d’éliminer aspergillus, le renforce dans le corps des Yukis.
Voir dans l’article ci-après le problème actuellement vécu par le peuple Yuki sur son territoire, à savoir l’empiètement d’autres peuples indigènes et l’abandon de l’état dans ses obligations de défendre ce peuple, dans ce qui s’apparenterait à un ethnocide.
https://cocomagnanville.over-blog.com/2025/04/bolivie-le-peuple-yuki-en-danger-de-disparition.html
Sources : sorosoro.org, ibolivia.org, ecored.cu
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Le peuple Yuki en danger de disparition