La musique cubaine, fruit du métissage - L'Afrique
Publié le 8 Décembre 2015
Havana - Cuba - 0616 » par © Jorge Royan / http://www.royan.com.ar. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.
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C'est un savant métissage entre musiques autochtones et musiques importées des autres continents qu'est née la musique cubaine. Unique.
Un de ses brassages musicaux et créatifs les plus surprenants au monde.
Avant d'aborder l'héritage musical des peuples qui composent le métissage cubain, parlons un peu de ce qu'il existait sur le territoire avant l'invasion colonialiste.
Peu de chose en fait malheureusement.
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Car les peuples cubains ont été les premiers à être décimés par la colonisation et il reste peu de leurs descendants directs. Je parle des Taïnos, des Ciboney.
Leur héritage musical ne semble pas s'être transmis, certainement n'en a-t-il pas eu le temps.
Selon les historiens, ils devaient se servir de maracas ou de hochets de bois remplis de petits cailloux à la façon dont les utilisent les peuples afro-caribéens.
Les tambours sont une composante de la vie de tous les jours dans les Antilles. Ils étaient construits dans des bûches creusées et jouées avec des maillets.
Une sorte de tambour indigène est la mayohuacán.
Des flûtes étaient utilisées toujours selon les historiens ainsi que des sifflets en bois, en os, et des conques utilisées comme cors (fotutos). Seule l'histoire en a gradé des traces.
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Bata drums » par Photo by Kenneth Ritchards. Bata drums carved in the U.S. by Harold Muñiz. — http://en.wikipedia.org/wiki/Image:Bata_drums.jpg. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons.
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L'Afrique apporte des tambours
Instruments venant du Nigeria et recréés par les Yorubas à Cuba
Le tambour batá
Nigeria
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C'est un tambour en sablier à tête double avec un cône plus grand que l'autre. Tambour sacré pour la religion yorubo au Nigeria et la Santeria à Cuba.
Fabriqués en bois, 3 tailles existent, ils se jouent ensemble :
le petit petit okónkolo, le moyen itótele, le petit iyá.
Les musiciens sont assis, le tambour posé sur les genoux ou parfois debout mais ils doivent tenir l'instrument grâce à une bandoulière.
Ils tapent le côté le plus grand (enú) de leur main droite et le côté le plus petit (chachá) de leur main gauche.
On en joue accompagné d'une clochette nommés "agogó" pour créer des compositions polyrythmiques pendant les cérémonies de Santeria.
On les utilise également dans la batanga, la timba, le jazz ou le hip-hop.
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Les tambours bembé
Du nom d'un rythme folklorique qui est représenté par une célébration populaire.
Trois tailles différentes : quinto, conga et tumba. Instruments utilisés également dans la Santeria par les Lucumis.
A l'origine creusés dans des troncs de palmiers avec une peau clouée sur le fût et chauffée au feu avant de jouer.
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Afroamerica : Bembé de guiro & palo monte
Afroamerica est un groupe de folklore afrocubain créé au début des années '90 et dirigé par le maître-tambour Justo Pelladito, qui fut le premier enseignant des tambours afrocubains dans une ...
Tambours Iyesá du Cabildo de San Juan Bautista de Matanzas. Photo : Kevin Delgado.
Les tambours iyesá
Ils sont joués par les descendants cubains du peuple Ijesa du Nigeria. Ils ont des langages rituels, des ensembles de percussion et des chants différents.
Seuls les cabildo de San Juan Bautista à Matanzas et cabildo de Santa Barbara à Sancti Spiritus sont en activité.
Ce sont des tambours sacrés nourris par des sacrifices avant d'être joués et salués par les tambourinaires.
Congo
Instruments venant du folklore religieux et séculaire de la culture congolaise (bantoue).
Les tambours makuta
La makuta était une musique utilisée au 19e siècle dans les cabildos de Cuba. Elle passe d'une musique cérémoniale à une musique rituelle et sacrée exécutée dans les cérémonies palo.
Ensuite elle est devenue musique religieuse publique.
La makuta est à l'origine une cérémonie du couronnement des rois congos en Afrique et se joue avec 3 tambours portant le même nom.
On les trouve aussi sous le nom assez commun de ngoma.
Deux seulement sont toujours utilisés. Une seule extrémité est recouverte d'une peau de boeuf ou de chèvre.
Le plus large est en forme de tonneau, la peau est attachée avec un système de cordes.
Il a pour nom : caja, nsumbi, ngoma. On dit qu'il est l'ancêtre des tumbadoras ou congas.
Le plus petit est cylindrique et la peau est clouée. Il faut le placer près d'une source de chaleur pour l'accorder.
Il a pour noms : segundo, salidor, kundiabata, kimbandu, kimbanso, llamador abridor, bombo.
Les deux se jouent le plus souvent à mains nues.
Les tambours yuka
La musique yuka est considérée comme une des racines de la rumba ou du guaguanco.
Cette musique a pratiquement disparu des fêtes congos.
Elle se joue avec 3 tambours qui portent le même nom de yuka.
Le mot yuka signifie frapper en langue bantoue.
Les tampbours sont longilignes et cylindriques faits dans des troncs d'avocatier, d'amandier ou parfois de manioc évidés par le feu. Une seule extrémité est recouverte d'une peau en cuir de bœuf. On frappe à main nue, le tronc maintenu entre les jambes du musicien.
Le plus grand (le leader) se place au centre : la caja
Le moyen fournit l'assise rythmique : llamador ou dos golpes.
Le plus petit : cachimbo, tumbador, tumba, tercero, repicador, golpe.
Les tambours de Dahomey
Les tambours ararás
Les esclaves africains venaient également de l’actuel Bénin et les esclaves issus des ethnies Fon, Ewé, Adjá, Popo, Mahi et Minas qui ont été capturés sur l’ancien territoire de Dahomey ont été dénommés ararás à Cuba.Le groupe est hétérogène et minoritaire par rapport aux Lucumis et aux Bantous, ils se répandent dans les actuelles villes de Matanzas, Jovellanos, Perico, Agramonte ou Cardenas puis ensuite à La Havane et Cienfuegos.
Au 19e siècle, il y avait 7 cabildos ararás à La Havane, 4 à Matanzas et 3 à Santiago de Cuba.
Ils ne marquent pas vraiment la musique populaire cubaine bien qu’ils aient un répertoire musical riche et complxe.
Les tambours de Dahomey sont faciles à identifier grâce à leur forme de coupe.
Ils sont uni-membraphone, la peau est tendue avec une corde de chanvre en zig-zag et des chevilles clouées sur le corps du fût. Ils sont décorés d’un liseré en zig-zag peint, parfois accompagné de visages humains ou d’animaux sculptés.
3 à 5 tambours se jouant selon les cérémonies, soit à main nue, soit sur le fût avec une baguette et joué de l’autre main sur la peau. Les tambours peuvent être consacrés et alors il faut se laver les mains avant d’en jouer et se servir d’une baguette spéciale. Les noms donnés sont souvent les mêmes que ceux des tambours yuka.
Du plus large au plus petit : caja, mula, cachimbo.
Le plus large le ñonofó se place au centre et joue le rôle d’improvisateur.
L’apleti se joue de la main gauche.
L’achébolisá et le güegüe se jouent avec 2 baguettes fines et flexibles.
L’ensemble est complété par une cloche sans battant, une ogán, une cloche et par des hochets métalliques cherès ou asogue.
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Arara - Dahomeyano (Galibata feat. Nancy Garcia Vinent)
Les tambours arará de "Gali" (Milian Galis) & son goupe Galibata accompagnent la chanteuse de Santiago Nancy Garcia Vinent (qui a aussi enregistré sous le nom de Maria Vinent) dans une suite de ...
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Les tambours tumba francesa
Ils portent le nom de la danse tumba francesa qui est inscrite au patrimoine mondial culturel et immatériel.
Les 3 tambours tambú ou bulá
Tambour 1er : mamier ou 1er bulá ou redublé est le tambour principal au son aigu. Il est joué par le momamier.
Le second – blulá ou secondier ou maruga est le plus petit joué par le bulayé.
La tambora ou requinte sert pour les rythmes mazón et tahona.
Les tambours ressemblent à des congas modernes avec un diamètre plus large. Ils sont joués à la main.
Ils sont accompagnés d’un catá, un idiophone en bois .
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Au rythme des peuples : La tumba francesa - coco Magnanville
Danse, chant et jeu de tambour Pays : Cuba Origine : l'arrivée à Cuba des propriétaires fonciers français qui fuyaient la révolution haïtienne de 1791 avec leurs esclaves. C'est le lien le pl...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2013/11/au-rythme-des-peuples-la-tumba-francesa.html
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Chekere-senegal-w » par Original téléversé par Néoromantik sur Wikipedia français — Transféré de fr.wikipedia à Commons par Bloody-libu utilisant CommonsHelper.. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.
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L'Afrique apporte des percussions
Le chekeré
Idiophone utilisé dans la musique Mandingue d'Afrique de l'ouest, à Cuba et au Brésil.
Il est fabriqué dans une calebasse séchée et travaillée sur laquelle on pose une maille comportant des graines de dattes ou des perles.
On le secoue, on le frappe sur la main, on l'utilise en rotation ou lancé et récupéré en rythme.
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Guiro Bemoeial » par Original uploader was Bemoeial at nl.wikipedia — This version from fr.wikipedia; description page is/was here, upload log was:2004-11-26 18:50 Luna04 185×613×8 (39181 bytes) Guiro - origine wiki nl: {{GFDL}} http://nl.wikipedia.org/wiki/Gebruiker:Bemoeial. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.
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Le güiro
Idiophone fréquent à Cuba et Porto Rico.
Il s'agit d'un racloir fabriqué dans une calebasse , percé de trou dans lesquels on passe le pouce et le majeur pour le tenir.
Instrument de la musique afro-caribéenne, il est peut-être originaire de la culture bantoue du Congo mais il en existait dans la musique amérindienne des peuples des Caraïbes (avant qu'ils ne disparaissent), en Equateur chez les Quechuas et les métis.
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Cómo se toca el güiro cubano (beginners)
Aquí enseño cómo se toca el güiro en ritmos de música afro-cubana, en cuatro pasos sencillos. Si nunca has tocado el güiro, este video te puede servir: es para principiantes. Tema de fondo: P...
Agogo-4tons2 » par Alno — Photo personnelle / Personnal photo. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.
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L'agogô ou gongué
Idiophone constitué d'une ou plusieurs cloches en bois ou en métal reliées entre elles et frappés avec une baguette.
Un instrument qui sert à marquer le tempo.
Partout cet instrument a été amené par les esclaves africains.
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Kalimba (thumb piano) (photozou 29416325) by Ludwig D. Omen » par photozou: Ludwig D. Omen — photozou: カリンバ. Sous licence CC BY 2.1 jp via Wikimedia Commons.
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Un autre instrument dont on ne fait que supposer l'origine africaine
La marimbula
Ou basse kalimba.
Instrument ressemblant à une sanza africaine dont elle sans doute descendante.
L'usage est répandu dans la région des Caraïbes et en Amérique, utilisée dans le mento jamaïcain où elle joue le rôle d'un lamellophone basse.
Sur une caisse de bois (parfois une boîte à cigares ou un cageot) pour faire une caisse de résonnance sont fixées des lames de métal (à l'origine bois flexible ou bambou, vieilles lames de rasoir, ressorts..) avec l'extrémité relevée. Le musicien fait vibrer les lames avec les doigts. Le son produit est amplifié par la caisse de bois qui sert de résonateur. La marimbula est associée au son cubain, au changüi, un genre musical qui est l'ancêtre du son.
sources : wikipédia