J’irai jusqu’au bout de la nuit
Publié le 31 Décembre 2015
J’irai m’asseoir sous l’olivier
Là-bas avec son air penché
Il y a la pierre de la sagesse
Qui cligne de son grain de mica
Il y a la pierre sous l’olivier
Qui me fait signe
Allez, j’y vais.
Je lirai trois livres de poésie
Trois de mes poètes préférés
Assise, bien assise
Sous l’olivier au feuillage d’argent
Sous l’arbre au tronc noué
Comme pris à la gorge de ses tourments.
Je puiserai dans les vers
Une fibre, une écume, un limon,
Une avalanche de pierres puis
Un zeste de désert habillé de son petit nom.
J’irai jusqu’au bout de la nuit
Chercher la lumière qui nous manque
Le rouge qui a pâlit sous les coups démoniaques
Le noir qui tremble de la colère du juste.
J’irai parler avec le palmier irakien
Qui a vu le froid sabrer son horizon
La haine s’abattre comme une nuée
Les ruines habiller l’espoir d’une nation,
J’irai parler avec le baobab qui périt sans que personne ne bouge
Avec le peuple du désert que l’on assoiffe
Que l’on essouffle,
J’irai écouter le son des kalachnikovs
Qui libèrent Cizre, qui hissent un drapeau
Tout emprunt de liberté contre la honte d’un génocide,
J’irai caresser la rose de Palestine
Irriguer de mes mots les orangers déshydratés
Porter la parole digne
Des soutiens, des espoirs pour la voir libérée.
J’irai chahuter l’écume de l’île noire
Taper sur le tambour des guerriers mapuches
Demander au fitzroya de veiller sur le copihué
Que son sang ne coule plus irriguant les veines de la honte.
M’asseoir sous le ceiba, le fromager de la dignité
Y voir mille pensées qui s’envolent
Vers le ciel de la témérité,
Crier avec l’aigle harpie,
Chahuter le toucan vénérable
Leur dire que leur soutien pour la vie
Des peuples est plus que souhaitable.
Les politiques honte bue s’occupent à tracasser
Opprimer fliquer abattre
Tuer et puis encore tuer
Dans l’œuf les velléités
Parfois non encore exprimées.
Pour mon pays je cueillerai des roses ardentes
Des fleurs au piquant téméraire et révolutionnaire,
Pour mon pays je hisserai
De gigantesques barrières :
La haine a fait son lit sur la démission des gouvernants
La haine a ouverte grande la boîte de Pandore
Les miasmes s’en sont échappés
Pourquoi y étaient-ils enfermés ?
Combien de roses pour écrire le chant de la révolte ?
Combien de pavés à desseller ?
Combien d’armées populaires et sans bottes
Pour redresser ce qui semble s’écrouler ?
Combien de bonnes pensées contre les idées brunes
Combien d’énergies pour combattre le démon ?
Combien de minorités pour hisser la rose digne
En faire un chapeau, en faire un portulan ?
Je tisserai le poncho de l’humanité
Avec des fibres éprouvées
Toutes métissées,
Un olivier a glissé son cil dans mon livre
C’est mon marque-page préféré,
Un ceiba me dresse la ligne d’horizon,
Un palmier rigole de toutes ses feuilles
Comme pour tromper le monde, en faire une blague,
Un araucaria a fait des réserves de boules
Piquantes à souhait elles attendent le moment,
Un albizia s’est constitué une armée
D’oiseaux aux plumes déterminées.
J’irai m’asseoir sur le sable du désert
Au pied de la dune orange
Qui pour un temps s’est immobilisée.
Je lirai mes frères j’en prendrai de la graine,
Je tournerai chaque mot,
Je serai le tour qui brise les lignes de mort,
Je serai poisson pêché à la ligne
Celui que l’on relâche car son temps n’est pas venu,
Je vous écrirai, vous me lirez peut-être,
Je combattrai la peste avec mes armes avec mes rimes,
J’en ferai un concert,
Un ouragan de colère,
Un océan d’espoir,
Une forêt remplie de cris voluptueux,
Un désert qui roule ses cailloux dans la poussière de l’énergie,
Une plage qui sait se border des fougères de vie
Qui s’inclinent telles des mésanges amoureuses
Pour laisser glisser sur leur peau de verdure
La rosée des espérances contenues.
J’irai m’asseoir au lieu de vous dicter mes vœux
Mes vœux sont ceux écrits dans ce texte,
Ils sont des yeux, ils sont des mains, ils sont des volontés
Ils ont pris à l’homme ce qu’il a de bon en lui
Ils veulent en faire un collier :
Qu’il est long le chemin à parcourir pour forger, pour construire
Pour endiguer, pour irriguer et pour embellir.
Qu’il est court et soudain le chemin qui mène à la haine
Qui brise d’un coup de hache le réceptacle de son humeur
Laisse échapper son flot, son sang qui attend de couler
Laisse échapper ce qui rend mauvais, ce qui rend fou
Ce qui irrigue de la plus belle des façons
Le capitalisme maître de ce monde.
Mon espoir est vert comme une orange,
Ma liberté est du sable blond qui se veut orange,
Mon amour est rond et verte est sa parure de cœur,
Mon combat est multicolore,
Il a un sang unique, des mains qui se nouent,
Des alternatives et des pêches sucrées à puiser au cœur
De l’homme, vous savez le bon.
Que cette année 2016 soit celle de la révolte des humanistes.
Carole Radureau (28/12/2015)