Chansons contre le racisme

Publié le 31 Décembre 2015

Cher Frère Blanc
Quand je suis né, j'étais noir,
Quand j'ai grandi, j'étais noir,
Quand je suis au soleil, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir.
Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.
Alors, de nous deux,
Qui est l'homme de couleur ?

Léopold Sédar Senghor

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S
Je te propose cette chanson interprétée par Marc Ogeret pour enrichir ta liste de chansons antiracistes : <br /> https://www.youtube.com/watch?v=DEDY0M9xrdY<br /> Bonne année de lutte à tous.<br /> Bises <br /> Serge
C
Merci Serge des bois, en effet, cette chanson a sa place avec la sélection, je l'ai ajoutée.<br /> Bonne année de luttes également, il ne faut pas baisser notre garde, je crois que nous ne sommes pas trop nombreux à vouloir que les choses changent.<br /> Bises<br /> caro
H
Avec ma gueule de métèque<br /> je marche le long des grands boulevards<br /> de l'Europe de l'Ouest sclérosée<br /> à la peau du ventre fripée<br /> Je suis juif de Lodz<br /> j'ai quitté<br /> il y a<br /> à peu près un siècle<br /> le Shettl natal<br /> pour devenir<br /> raccommodeur de vieux vêtements<br /> rue des Ecouffes<br /> fidèle client<br /> de la synagogue<br /> et du bistrot<br /> de Goldenberg<br /> <br /> Je m'appelle<br /> Moshé Isaac Lewinshon<br /> <br /> Je suis kabyle<br /> du Ravin de la femme sauvage<br /> je balaie les feuilles mortes d'octobre<br /> <br /> en récitant du Prévert<br /> L'été je vide les poubelles<br /> c'est beau<br /> Paris à cinq heures du matin<br /> dans l'Ile-Saint-Louis<br /> Là-bas m'attendent<br /> femmes et enfants<br /> je reviendrai un jour<br /> au douar<br /> riche et tuberculeux<br /> <br /> Je m'appelle Mohamed Larbi<br /> Fils de la Kahena<br /> Enfant du grand désordre<br /> <br /> Je suis nègre<br /> du pays des grands fétiches<br /> et des lacs profonds, brûlants<br /> aux poissons lourds<br /> chez Renault Billancourt<br /> je travaille à la chaîne<br /> À la pause de midi<br /> je tape sur les vieux bidons<br /> cabossés<br /> et ça fait rire les copains français<br /> qui entre eux à voix basse<br /> prétendent<br /> que j'ai bouffé mes grands-parents<br /> Je suis nègre<br /> syndiqué<br /> il y a des femmes blanches<br /> que je désire<br /> en silence<br /> Je m'appelle Abou Diouf<br /> et il paraît<br /> que j'ai vingt-trois ans<br /> je ne bois jamais<br /> car je suis bon musulman<br /> et les autres se mettent en colère<br /> parce que je refuse de me saoûler<br /> en leur compagnie<br /> quand tombe la nuit<br /> sur Pantin Saint-Ouen<br /> Bagneux Ivry<br /> rue Saint-Denis<br /> <br /> Avec ma gueule de métèque<br /> je marche le long des grands boulevards<br /> de la civilisation occidentale<br /> j'ai toujours peur<br /> des flics qui cognent<br /> tâtent sournoisement<br /> sous mon imperméable<br /> j'ai toujours peur<br /> des regards haineux<br /> des sourires des mères<br /> qui promènent<br /> leur progéniture<br /> j'ai toujours peur<br /> des néons<br /> de la foule<br /> des bagnoles qui me frôlent<br /> des feux rouges<br /> des fins de journées<br /> des patrons de cafés<br /> et de leurs chiens-loups<br /> J'ai toujours peur<br /> dans le métro<br /> au BHV<br /> dans la rue<br /> dans ma chambre<br /> propre et triste<br /> nue<br /> J'a toujours peur<br /> de mon visage<br /> dans le regard de l'autre<br /> J'ai toujours peur parce qu'obscurément je sais<br /> que je suis coupable<br /> coupable de tout<br /> <br /> Pensez :<br /> Je viens d'ailleurs<br /> Ma voix est rauque<br /> je suis différent<br /> Mon sang<br /> a coulé<br /> d'un feuillage inconnu<br /> ici<br /> J'ai toujours peur<br /> Et pourtant<br /> j'aimerais avec chacun<br /> parler<br /> de la pluie<br /> et du beau temps<br /> leur montrer à tous<br /> les vieilles photos jaunies<br /> de là-bas<br /> du pays<br /> Mais je ne peux pas<br /> faire le premier geste<br /> car j'ai toujours peur<br /> Mais je vous demande<br /> Pardon<br /> <br /> André Laude
C
Bonjour Serge-Hobo,<br /> <br /> En effet, il y a des raisons pour que les étrangers aient peur dans notre pays, partout d'ailleurs aussi.<br /> Il faut se mettre à leur place pour comprendre cela comme le fait André Laude dans ce texte très fort.<br /> Merci de me le confier.<br /> Bisoux<br /> caro