L’encre a pleuré bleu*

Publié le 3 Octobre 2015

 

 

Nous marchons dans le désert

Ma rose des sables et moi

Le désert c’est de la pierre pilée

Par toute la sécheresse de l’éternité

Le sable du désert a transpiré son ocre

Taché de la silice des temps révolus

Il a laissé aller au gré du vent

Sa chevelure

Pour en faire glisser une à une les mèches

Dans l’entonnoir du temps qui passe.

 

Ma rose des sables

Avait décidé d’aller nue

Elle avait perdu sa tenue d’orange amère

Sa tenue d’épines de cactus hérissée

Sa tenue de rose aux aiguillons incompris

Pour aller

Nue

Sa peau de rose finement recouverte

D’un halo de soleil compréhensif.

 

Tout au long de la vie sa main

Dans la mienne

Elle écrivait avec peine

Le journal du jour qui fût

Avec ses mots ses vertus ses rimes

Et ses pensées profondes

Parfois l’encre était furibonde

Elle couchait sur le papier des pâtés

De mots empilés sur la colère passagère

Parfois l’encre était la sienne

Rose d’ivoire ou rose de sang

Rose de la pêche qui attend son trépas

Ou de la nacre qui savoure sa victoire.

 

La rose avait toujours dans son plumier

Des plumes tombées à ses pieds

De ses petits compagnons qui dans le ciel

Ecrivaient aussi le message des nuages

Et parfois perdaient leur plume messagère.

 

Tout au long de ma vie

Le sable avait enroué ma gorge

Piqué mes yeux

Irrigué les crevasses qui suivaient le canyon

De mes paupières

Pour enfin pouvoir écrire sur le codex

Un roman inachevé.

 

Cette fois

L’encre a pleuré bleu

Quand la rose et moi avons trébuché

Sur son encrier figé dans la pierre du pétrole

Trop subitement surgi.

 

Bleu comme le ciel qui revêt son apparence

Des beaux jours

Bleu comme la mer qui prend pour atour

Sa robe incrustée de cristal et d’étoiles

Bleu comme mille fleurs sur terre

Qui copient la mer ou bien le ciel

Bleu comme le tournant d’une vie

Qui décide de continuer son chemin

Dans la vallée des larmes écoulées

Dans le ravin des histoires accomplies

Seule avec seulement dans sa main

Sa rose des sables en petite tenue.

 

Carole Radureau (02/10/2015)

 

http://Ce texte est libre de droit et diffusé sous licence creative commons

 

L’encre a pleuré bleu*

Haüyne » par Didier Descouens — Travail personnel. Sous licence CC BY 3.0 via Wikimedia Commons.

L’encre a pleuré bleu*

Perle d'haüyne

Une espèce minérale du groupe des silicates, famille des felspathoïdes, qui fait partie du groupe de la sodalite. On peut la tailler en pierre fine.

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes, #La pierre

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A
Bien de la même trempe que ton poème "orange amère" et encore je n'ai pas lu tous ceux de la série "Plume". On comprend ces larmes bleues, ce bleu si doux des jours heureux qui sait aussi dire le désespoir. Tu as eu une idée géniale de coupler ce poème superbe aux autres, antérieurs, ils ne peuvent aller les uns sans les autres et pour moi, c'est une découverte émue et admirative.
C
Les autres plumes doivent être bien différentes à mon avis, c'est assez évolutif en fait. Je l'aime bien ce texte-ci, j'ai aimé l'écrire car j'y ai mis un peu de moi et de mes espoirs dans le bleu des larmes.