Urgence.
Publié le 20 Septembre 2015
A la liberté je dis :
nous sommes derrière la clôture du temps
derrière les barbelés de ces barbares
A toi comme à moi-même
pour la guerre-devinette
je vais déchiffrer les années mortes
et dédoubler le parcours pour ne pas m'évader
Aux compagnons de l'exil devenus aveugles :
pourquoi hurler dans la gorge des tombes des victimes ?
Je ne tatouerai plus le deuil sur la poitrine de l'histoire
Seulement pour leur éloge
et pour ceux qui vont mourir là-bas
je vais tailler mes mots
A toi comme à moi-même
pour des opprimés devenus fossoyeurs d'innocents
avec des étoiles orphelines
j'ai déjà décimé des membres d'enfants
sur le chemin qui dévore les vivants
Amis d'épaves
que veut dire une assiette vide ?
Et sur une table sans tendresse :
un matin qui ne vient pas
un nuage sur le toit
et un soleil sans hommes ?
Amis, virils peut-être mais loin de ceux qui vont mourir
et dont mon regard suit la trace grave et solitaire
votre mirage festif est assassin
car personne n'existera dans le cri de la guerre
tandis que vous vous mirerez dans nos sanglots
et piétinerez notre coeur jusqu'à l'aube
Amis lâches
après les cendres
je ne rêverai plus de la rivière gelée au pied de la colline
je ne prierai plus sur la blessure de mon père
ni sur la rive des ruisseaux d'autrefois
je ne boirai plus de cette pluie
qui noie le sourire de l'Euphrate.