Le capitalisme paramilitaire, étape supérieure du néolibéralisme

Publié le 16 Septembre 2015

LE CAPITALISME PARAMILITAIRE, ÉTAPE SUPÉRIEURE DU NÉOLIBÉRALISME
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Resumen Latinoamericano / LaHaine / 13 septembre – En 2008, l'actrice Mia Farrow rencontra Erick Prince, directeur de Blackwater, le plus important fournisseur de mercenaires au monde pour engager cette entreprise afin de "résoudre" la guerre civile sanglante au Darfour (Soudan). Prince a affirmé que l'entreprise avait les capacités pour le faire mais que l'affaire ne lui convenait pas car elle pourrait affecter ses contacts avec son principal client: le gouvernement des États-Unis.

Le 19 août 2015, des paramilitaires qui protégeaient une opération de contrebande sur la frontière entre la Colombie et le Venezuela ont attaqué des militaires vénézuéliens qui surveillaient cette zone. L'Etat vénézuélien a répondu en fermant une section de la frontière commune. Du côté colombien de la frontière, les conséquences ont mis en évidence la pénétration de la contrebande et du para-militarisme dans le tissu économique de la région.

Le "capitalisme paramilitaire" comme l'a décrit le président Nicolas Maduro dans la dynamique qui fonctionne dans cette zone, est loin d'être un phénomène circonscrit à la frontière vénézuélienne et est une tendance globale claire du modèle néolibéral de développement essentiellement stimulée par les États-Unis.

Des états auto-proclamés comme Puntlandia et Somalilandia,dans la Corne de l'Afrique, dont la principale activité économique est la piraterie de bateaux de marchandises et toute autre activité criminelle que nous pouvons imaginer ont engagé des mercenaires du monde entier, attirés par les bénéfices en millions que ces activités promettent.

Au Liberia, le Département d’État des États-Unis a sélectionné l'entreprise DynCorp pour réorganiser l'armée de ce pays. Cette entreprise a même le pouvoir suffisant pour exiger du gouvernement l'approbation de lois conformes à ses plans et à ses objectifs, la coopération militaire qui auparavant se faisait pour le défense des intérêts communs est aujourd'hui un service prêté par des compagnies spécialisées.

Allison Stanger, aux Affaires Étrangères, explique que la foi des hommes politiques des États-Unis dans le libre commerce jointe à l'aversion de plus en plus grande des Nord-américains à participer volontairement à la guerre et la possibilité de se libérer des responsabilités quand les choses vont mal a poussé ce pays à s'appuyer de plus en plus sur des entrepreneurs privés pour leurs opérations militaires.

Le mercenaire et ex officier des forces armées des États-Unis, Sean McFate, qui a travaillé pour la DynCorp, affirme que dans les conditions actuelles "toute personne qui veut commencer une guerre peut le faire pour la raison qu'elle veut, ce peut être une personne très riche ou une corporation."

Après la défaite militaire, politique et morale qu'a représenté pour les États-Unis la guerre du Vietnam, l’État corporatif états-unien a augmenté l'utilisation de soldats sous contrat pour leurs opérations dans lesquelles leur participation ouverte n'était pas rentables du point de vue économique ou politique.

Ce fut ainsi que des compagnies militaires privées se chargèrent de l'entraînement de groupes comme Al-Qaeda pour combattre l'influence soviétique en Afghanistan ou des milices terroristes connues comme “Contras” au Nicaragua pour arrêter la Révolution Sandiniste. L'industrie culturelle se chargerait de créer une image positive du para-militarisme avec des personnages comme Rambo ou le jeu vidéo “Contra”. 30 ans plus tard, un Rambo septuagénaire est à présent au commandement d'une entreprise de mercenaires dans "The expendables", le message est clair: au XXI° siècle, tout est commerce.

Les techniques d'assassinat utilisées par les paramilitaires colombiens sont très semblables à celles utilisées par Isis. Comme le dit le dogme néolibéral, on privilégie l'utilisation de main d’œuvre bon marché pour satisfaire les intérêts des économies centrales: Defion Internacional et Triple Canopy sont des compagnies basées au Pérou qui offrent d'ex combattants de la lutte anti-guérilla au Pérou et au Salvador, pour seulement 1 000 $ par mois. Prêts à combattre dans des endroits comme l'Irak et l'Afghanistan selon ce qu'affirme le site CorpWatch. Selon une annonce de presse publiée en 2004 en Colombie, aux officiers de ce pays, on leur offrait plus d'argent et même des vacances en Europe.

Et c'est précisément en Colombie, un pays qui promeut le libéralisme et la privatisation comme modus vivendi, que se sont mélangés le fondamentalisme néolibéral et les ambitions des propriétaires terriens dans le développement de la longue guerre civile qui est alors devenue une caractéristique structurelle de ce pays.

En 1994 et comptant parmi ses principaux promoteurs celui qui était alors gouverneur du département d'Antioquia (Alvaro Uribe), sont fondées ce qu'on appelle les “Associations Communautaires de Surveillance Rurale” (Convivir). Ces organisations, déclarées légalement comme des entreprises de surveillance cherchent à légaliser l'action de groupes armés qui, depuis la fin des années 70, se consacrent à des taches de protection des propriétaires terriens et des trafiquants de drogues et même de compagnies transnationales comme Chiquita Brands.

L'utilisation d'armées privées pour défendre des intérêts particuliers et diminuer le pouvoir de l’État sur les affaires a eu sa plus forte expression avec le trafiquant de drogues Pablo Escobar Gaviria, héros de la récente vague de feuilletons colombiens et qui aujourd'hui a sa propre série sur Netflix.

Conscients de leur pouvoir sur la population et de leur influence sur le gouvernement, des membres de ces groupes se sont devenus des acteurs para-étatiques avec une forte autonomie: les Autodefensas Unidas de Colombia, qui ont développé une infrastructure économique propre et une organisation militaire qui comprend des centres de recrutement, une ligne internationale de fourniture d'armes et de munitions et des camps d'entraînement avec des cours de démembrement de paysans vivants.

Responsables d'avoir massacré des peuples entiers

Le para-militarisme colombien est une industrie prospère car non seulement il recouvre des “vacunas” en manière d'impôts pour leurs "services de sécurité" mais aussi il exporte des mercenaires dans des pays comme le Honduras, sans abandonner son premier commerce: protéger les activités criminelles.

Les techniques d'assassinat utilisées par les paramilitaires colombiens sont très semblables à celles utilisées actuellement par d'autres groupes terroristes soutenus par les États-Unis comme Isis, qui ont commencé comme "groupes rebelles" et qui aujourd'hui contrôlent d'importants gisements de pétrole sur la frontière entre la Syrie et l'Irak pour le compte des grandes transnationales, ce qui fait que pour la première fois dans l'histoire, une guerre au Moyen Orient génère une chute générale des prix du pétrole.

Traduction Françoise Lopez
14 septembre 2015

Source en espagnol:
http://www.resumenlatinoamericano.org/…/capitalismo-parami…/

URL de cet article:
http://cubasifranceprovence.over-blog.com/…/le-capitalisme-…

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA

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