Le riz sauvage doit le rester

Publié le 13 Août 2015

Le riz sauvage doit le rester

Zizania palustris macro » par Jastrow — Travail personnel. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons.

Connu sous le nom de zizanie des marais, le riz sauvage est une plante annuelle aquatique que l’on trouve au nord et à l’ouest des Grands lacs aux Etats-Unis principalement dans les états du Minnesota, du Manitoba et de l’Ontario. Le centre de la biodiversité du riz sauvage est le Minnesota.

Nom latin : zizania palustris

Famille : poacées

Le riz sauvage doit le rester

P259 - N° 562. — Riz sauvage dans l’Amérique du Nord. - Liv4-Ch08 » par Élisée Reclus — Extrait de "L’Homme et la Terre", 1905. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons.

Le riz sauvage doit le rester

Wild rice harvesting 19th century » par S. Eastman — The American Aboriginal Portfolio, by Mrs. Mary H. Eastman. Illustrated by S. Eastman. Philadelphia: Lippincott, Grambo & Co. 1853.. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons.

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Manoomin

C’est le nom donné au riz sauvage par les indiens.

Ce nom veut dire bon grain, ou bonne baie.

C’est une plante proche du riz commun au niveau botanique mais d’un genre distinct.

Les peuples autochtones d’Amérique connaissent cette plantes depuis très longtemps, elle fait partie de leur alimentation et ils en connaissent les vertus . Il s’agit des peuples Anishinaabe, entre autre les Ojibwé et les Algonquins ainsi que les Cheyennes et les Dakota. Certains peuples dépendaient directement de la production annuelle des rizières et lors des brusques varaiations de température affectant les récoltes, des famines pouvaient s’installer.

Pour récolter les grains, les indiens se servent de leur barque, une personne est occupée à manœuvrer le bateau avec une perche et l’autre, à l’aide de deux battes frappe les panicules recourbées au-dessus du bateau pour en faire tomber les grains.

Cette méthode naturelle est fort utile car les grains qui tombent dans l’eau servent à ressemer naturellement le riz.

Les grains sont de couleur brune, plus longs que les grains issus des lacs. Le riz sauvage pousse dans des eaux peu profondes et peu s’implanter dans des zones marécageuses.

Traditionnellement les indiens le faisaient bouillir avec des haricots, du maïs, de la courge. Le plat était parfois accompagné d’un morceau de viande, de sirop d’érable ou de graisse.

Une plante sacrée

Cette plante est sacrée et on la retrouve dans les légendes à propos de sa création mais aussi de celle des peuples qui s’en nourrissent.

Alune d’automne (la lune du riz sauvage) les Ojibwé établissaient leurs camps près du lac et le temps de la récolte passaient quelques semaines à remplir leurs canots et leurs soirée à sécher les grains près du feu. Les esprits étaient invoqués pour obtenir une bonne récolte et remercier à l’aide d’offrandes de petites récipients de riz sauvage placés à des endroits précis où étaient sensés se trouver les esprits.

Cette plante est également appréciée des oiseaux tels le canard barboteur, l’oie ou la bernache canadienne.

Le riz sauvage doit le rester

Zizania aquatica 01 » par Michael Wolf — Travail personnel. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.

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Propriétés

Le fait que le riz sauvage ait des grains d’une couleur sombre serait un indice qu’il contient des phytonutriments.

Il est plus riche que le riz en protéines, celles-ci sont riches en lysine (2 fois plus que le riz). Il contient plus de fibres également.

Par exemple pour 125 ml de riz sauvage cuit : 88 calories, 3.5 g de protéines, 1805 g de glucides, 0.3g de lipides, 1.6 g de fibres.

Le riz sauvage semble diminuer en quantité depuis la moitié du siècle dernier. Dans le Wisconsin et le Minnesota, les Ojibwé ont remarqué que les plants étaient plus petits qu’il y a 30 ou 40 ans. Cela pourrait provenir certainement des variations de niveau d’eau provoqués par la construction des routes, des digues et l’augmentation de la pollution ainsi que la circulation de bateaux à moteur.

Les lobbies s’en emparent

En 1999, des chercheurs de l’université du Minnesota ont travaillé avec les firmes Pioneer high breed et Monsanto sur le génome du riz sauvage disant vouloir l’améliorer pour qu’il soit plus facilement cultivable.

Vouloir faire du riz sauvage une plante cultivée profiterait évidemment aux non-indiens et cela serait vécu par les indiens comme une dépossession culturelle et spirituelle.

Le pollen du riz modifié risque de contaminer la variété naturelle à laquelle les indiens sont attachés et d’éliminer la plante qui est déjà fragilisée suite à la pollution des eaux.

Les indiens s’organisent

Les indiens Ojibwé ont créé un organisme au sein de leur réserve, la White Earth land recovery project afin de faire adopter une loi interdisant l’introduction future de variétés génétiquement modifiées de zizanie au Minnesota. Ils travaillent à la préservation des peuplements naturels pour rétablir sur leur réserve les conditions entourant la récolte du grain et la diffusion de leurs connaissances à un large public. L’organisme a reçu pour son travail le prix Slow food en 2003.

Kawigiosa Manomin est une coopérative détenue par la nation Ojibwé de Wabigoon lake (nord-ouest de l’Ontario). Le riz est acheté directement aux exploitants locaux Ojibway , il est torréfié en utilisant un torréfacteur au feu de bois qui fait ressortir son goût naturel de noisette.

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Commenter cet article
A
Tu pense bien que s'il y a un profit à en tirer monsanto va s'en mêler. J'en ai marre de toutes ces manipulations autour du profit, le monde n'est plus que cela, on est écoeuré en se levant le matin.
C
C'est écœurant ça va de soit, on ne voit que ça de toute façon, les belles choses les belles initiatives sont toujours occultées au cas où on aurait envie de penser positif. Mais, je n'ai pas trouvé plus de données récentes à ce sujet. Ce qui est rassurant c'est que les premières nations arrivent à gérer leurs plants sur leurs réserves avec des compagnies gérées par eux-mêmes. Ce pourquoi il vaut mieux encourager les gens qui veulent se procurer ce riz qui est devenu à la mode directement chez les indiens.