Grand-pierre
Publié le 26 Juin 2015
Mi abuelo ton visage gris-pierre
Me regarde fixement.
Gravé, martelé, décalqué
Il se marie à jamais
A la roche qu’il rencontra.
Le mur construit de tes mains
Ne savait pas
Qu’il avait dessiné la figure
La figure d’aïeul que tu allais devenir
De ce pas non pressé
Des paysans
Bien en accord avec leur vie.
Grand-pierre,
Tu ne savais pas non plus
Que la pierre avait si bien photographié
Ton visage de troisième âge
Qu’elle en avait fait un fac similé.
Je te regarde dans ce miroir ineffaçable
Inaltérable
Ce cadeau de la terre-mère
Offert aux privilégiés de la terre
Cultivée
Avec amour,
Je te regarde mi abuelo,
Je vois les coins de ta bouche
Qui s’affaissent
Comme
Fanés par la vie qu’ils ont connue,
Bue,
Parlée,
Mijotée,
Embrassée.
Je vois ta barbe qui fleurit
Non pas de coquelicots, de bleuets, de luzerne
Non, elle fleurit de feuilles vertes
Tendres et volubiles
Minutieusement découpées
Dans la forêt ta compagne :
Fougères chatouillant
Ton menton conciliant
Tels des enfants taquins
Fougères se greffant
Dans tes joues préparées
Tel le terrain labouré
Prêt à faire sortir de ses tripes
La moisson des jours heureux.
Carole Radureau (26/06/2015)