Les disparus d’Ayotzinapa, Une vie derrière chaque nom

Publié le 3 Avril 2015

Les disparus d’Ayotzinapa, Une vie derrière chaque nomLes disparus d’Ayotzinapa, Une vie derrière chaque nomLes disparus d’Ayotzinapa, Une vie derrière chaque nom
Les disparus d’Ayotzinapa, Une vie derrière chaque nomLes disparus d’Ayotzinapa, Une vie derrière chaque nomLes disparus d’Ayotzinapa, Une vie derrière chaque nom
Les disparus d’Ayotzinapa, Une vie derrière chaque nomLes disparus d’Ayotzinapa, Une vie derrière chaque nomLes disparus d’Ayotzinapa, Une vie derrière chaque nom

Tous les textes de chaque disparu ont été écrits lors du même poème. Ils forment donc un tout que voici :

 

Le nombre tue la pensée

Le chiffre endort la peine

Et l’individu dans la nuée

Où est-il ? Où sont ceux qui l’aiment ?

 

Je suis ma vie

A cheval sur une étoile

Qui file à travers un ciel de bronze.

 

Les nuages ne sont pas si creux

Dans leur cœur on y trouve

Un certain moelleux

Une fibre qui réconforte

Quand la peine nous exhorte.

 

 Filez le rouet des années perdues

Avec un coton d’abondance

Un jour le temps rattrapera

La peine.

 

Je suis le cours d’un torrent

Aux ondes d’argent

Les poissons m’éclaboussent

Et moi je rigole et je tousse.

 

Ne cherchez pas mon nom

Il est en vos cœurs

Ne perdez pas mon visage

Il restera jeune à jamais

Regardez-le, ne l’oubliez pas.

 

 Je suis une étincelle

Provoquée par le choc d’un silex

Contre une pyrite de vie trop brève.

 

Ma vie je l’ai offerte tel un cadeau

Que l’on offre à un passant inconnu

Il en a fait ce qu’il voulait

Moi, je vous regarde pleurer

Je ne comprends pas car je suis là

Près de vous.

 

 Je suis l’écume qui court sur le dos du cheval

Se détache

Et tombe aux pieds de la montagne

De l’avenir.

 

 Un épi de maïs un jour me dit

Complice :

Tisse pour moi la fibre de l’espérance

Sur le codex du pays libéré

Il y aura écrit ton nom.

 

 Je suis le vent

Qui file au-dessus de vos têtes

Tel un oiseau léger

Au cœur d’un flux passager.

 

Dans vos cœurs il existe une porte

Qui est celle du bonheur.

Ouvrez-là pour moi.

 

Je suis le colibri de l’espérance

Qui tire du cœur des fleurs

Un nectar d’abondance

Pour soulager les chagrins.

 

 Les pleurs fertilisent les fleurs

De l’amour

Et la pensée de sa macule

Incline sa tête sur le souvenir.

 

 Je suis le soleil dans sa tenue d’été

Il dessine un sourire satisfait

Quand il regarde ceux

Qu’un jour j’aimais.

 

 Le nombre tue le nombre

La masse oublie la masse

Et moi qui suis-je

Au milieu de ses inconnus ?

 

Je suis la pierre du soleil

Qui brille intensément

Plus forte que les autres

Elle crie à la lune mon sacrifice.

 

Une étoile filante un jour m’a dit :

Ne t’arrête pas de filer la route du temps

Un jour il te rattrapera.

 

Je suis un camaïeu de vert et de bleu

Qui, sur les murs de la ville

Etend son horizon

Tranquille.

 

 Un passager sur le train de nuages

Un jour pensait avoir fait naufrage

A destination tu es arrivé

Lui dis-je, j’étais le premier.

 

Je suis la souris qui se faufile partout

Dans les cœurs elle y fait des trous

Que l’araignée ma sœur

Recoud avec bonheur.

 

 Sur le radeau de l’aventure

Je chavirais un jour

C’était dans le futur.

Aujourd’hui je suis là

Et les eaux semblent calmes.

 

 Je suis un diamant qui brille au firmament

D’une vie qui se cherche.

 

Si l’histoire du pays oublie que j’existais

Ce ne sera pas faute d’avoir crier mon nom

Ecris mon nom sur les murs de la justice.

 

Je suis une fleur sans épine

Trop tôt fauchée par la faux du destin.

 

 Mon pays n’en pouvait plus d’être irrigué de sang.

J’y mis ma parole en gage

Et il voulut prendre jusqu’à ma vie.

L’histoire n’oubliera pas mon nom.

 

 Je suis un aigle qui a perdu son nid.

Son adresse est inconnue

Mais dans le ciel les étoiles

Tracent une carte.

Peut-être la connaissent-elles ?

 

 Il était une fois des garçons

Qui n’avaient pas froid aux yeux.

Ils se tiennent par la main

Bien au-dessus des lois terrestres

Leurs noms scindés sont des caresses.

 

Je suis un ouragan qui souffla brièvement

Sur le cours d’une existence accrue

Dans le lit d’un fleuve aux ondes perdues.

 

 Le roman du pays n’a pas de mot FIN.

Chaque vie fauchée signe une page

D’un manuscrit qui ne sait plus ce qu’il

Ecrit.

 

 Je suis le quetzal des jours heureux

Qui chante la chanson de l’amour

Dans la selva,

Habillé de ses beaux atours.

 

 Regardez-moi

Souvenez-vous du nom qui fut le mien

Il fut choisit par mes parents

Il est digne et simple

Comme le pain chaud qui sort du four.

 

 Je suis un galet qui roule sur la plage abandonnée

Son roulis récite la poésie

De ceux qui se battent pour la justice

Et pour la paix.

 

 Sur le papier d’amate, écris mon nom

Il doit rester graver dans le manuscrit de l’histoire

Comme une perle qui manque au miroir

De la vérité.

 

Je suis la brume qui doucement s’installe

Pour coiffer les montagnes du temps.

 

 Si l’encrier de la mémoire s’épuise

Rechargez- le d’encres du futur

Elles se trouvent partout

Où se distille l’amour.

 

Je suis le toucan qui surveille la forêt

Du haut de la canopée

Je vois tout vos faits

Et je souris de mon bec imposant

Quand je vois vos bonheurs

Et je pleure

Quand je bois vos peines.

 

Il était une fois trois petites brumes

Qui se tenaient la main au-dessus des nuées

Au milieu d’elles je souris tendrement.

 

Je suis le pinson qui chante l’amour

Qui chante la pluie et le soleil revenu

Qui sur vos têtes distille un morceau

De ciel toujours bleu.

 

Si la mémoire ne s’efface pas du temps

Rappelez-vous quel garçon j’étais

Ce que j’aimais

Et quel éclat avait mon rire.

 

 Je suis la prunelle d’yeux qui doivent rire

Sourire à la vie

Et dresser l’étendard de la lutte

Pour la vérité.

 

 Sur le dessin de la Grande Ourse

Je joue à la marelle

Puis je me balance doucement

Sur la queue d’une étoile filante

Au son de la musique de mon pays

Le Mexique.

 

Ils voulaient nous enterrer

Nous faire disparaître sous terre
Que notre existence ne soit plus que poussière.


Ils ne savaient pas que nous étions des graines.

 

 

Carole Radureau (19/02/2015)

 

 

 

Jhosivani Guerrero de la Cruz

Luis Angel Abarca Carillo

Marco Antonio Gomez Molina

Saul Bruno Garcia

Abel Garcia Hernandez

Jorge Antonio Tizapa Legideño

Carlos Lorenzo Hernandez Muñoz

Emiliano Alen Gaspar de la Cruz

Felipe Arnolfo Rosa

Adan Abrajan de la Cruz

César Manuel Gonzalez Hernandez

Benjamin Ascencio Bautista

Miguel Angel Hernandez Martinez

Mauricio Ortega Valerio

Miguel Angel Mendoza Zacarias

José Angel Campos Cantor

Cutberto Ortiz Ramos

Bernardo Flores Alcaraz

Christian Tomas Colon Garnica

Israel Caballero Sanchez

Jorge Luis Gonzalez Parral

Israel Jacinto Lugardo

Marcial Pablo Baranda

Abelardo Vasquez Peniten

Christian Alfonso Rodriguez Telumbre

Carlos Ivan Ramirez Villarreal

José Angel Navarrette Gonzalez

Martin Getsemany Sanchez Garcia

Dorian Gonzalez Parral

José Luis Luna Torres

José Eduardo Bartolo Hatempa

Antonio Santana Maestro

Jorge Alvarez Nava

Magdaleno Ruben Lauro Villegas

Luis Angel Francisco Arzola

Julio César Lopez Patolzin

Jonas Trujillo Gonzalez

Leonel Castro Abarca

Giovanni Galindes Guerrero

Jorge Anibal Cruz Mendoza

Everardo Rodriguez Bello

Jésus Jovany Rodriguez Tlatempa

Alexander Mora Venancio

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes, #Ayotzinapa

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Commenter cet article
D
j'aime beaucoup le dernier quatrain
D
Ainsi ces petits poèmes épars constituaient une oeuvre, mais si le collier est magnifique, chaque perle est poétiquement belle
C
Oui, j'avais décidé d'écrire un poème fragmenté pour que chaque garçon ait sa part et soit présenté en particulier. Tu vois, ça fait 43 jours que ça dure. Et là voici le poème entier, c'est la première fois que j'écris un poème aussi long.