Ville de Mexico: Voix depuis la prison
Publié le 3 Février 2015
Des nouvelles des prisonniers anarchistes
Notre compagnon Abraham Cortés Ávila a été arrêté le 2 octobre 2013 pendant la manifestation commémorant les quarante-cinq ans du massacre de Tlatelolco, et condamné à plus de 13 ans de prison ferme. Abraham est le seul à rester en prison après les arrestations du 2 octobre 2013, et c’est lui qui a la sentence la plus lourde, il n’a pas de famille dans la ville de Mexico. Abraham se trouve actuellement à la Prison Nord de la Ville de Mexico, il partage certains moments de sa journée avec le compagnon Fernando Barcenas, lui aussi condamné à 5 ans et 9 mois de prison ferme. Depuis leurs arrestations ils sont devenus copains de lutte à l’intérieur de la taule, ensemble ils ont décidé de se battre pour obtenir leur liberté.
Qui est Abraham Cortés Ávila ?
Abraham Cortés Ávila est un jeune artisan et jongleur âgé de 23 ans, il est originaire de la ville de Tlaxiaco, État d’Oaxaca. Le 2 octobre 2013, Il s’est rendu au centre de la ville de Mexico pour acheter le matériel nécessaire pour faire son artisanat. Après avoir vu le dispositif policer disproportionné de la manifestation commémorant chaque année le massacre d’étudiants de 1968, il a décidé de s’incorporer à la marche au niveau du Théâtre « Blanquita ». Là, il a trouvé une connaissance qu’il a accompagné pendant une partie du parcours.
Au bout de quelques mètres, ils se sont aperçu qu’ils étaient suivis par deux personnes habillées en civil avec une coupe militaire, tout en observant les agressions de la police anti – émeutes qui agressaient les manifestants de façon généralisée. C’est à ce moment-là qu’ils ont commencé à courir poursuivis par les deux personnes qui semblaient les suivre. Après être arrivés au panthéon de San Fernando aux environs du métro « Hidalgo », ils sont rattrapés et agressés par des inspecteurs.
Une fois qu’Abraham a été arrêté, il a été jeté de force dans une voiture de police, puis les policiers ont parcouru la zone en récoltant différents objets qu’ils trouvaient sur le chemin, entre autres des balles calibre 223, balles qui serviraient plus tard à monter de toute pièce des preuves pour l’accuser des actes délictueux. Abraham a subi pendant à peu près une heure des agressions et des traitements dégradants, puis il a été présenté aux bureaux du Procureur Général de la République (PGR), avant d’être transféré plus tard au commissariat d’Iztacalco. C’est à ce moment-là que deux personnes en uniforme sont arrivées en l’accusant de tentative d’homicide.
Le 4 octobre 2014 Abraham a été présenté au juge de la prison Nord de la ville de Mexico, Jorge Martínez Arreguín, qui lui a signifié sa détention pour les délits de tentative d’homicide, d’outrage à agent et attaques à la paix publique.
Le 2 juin dernier une sentence de 13 ans et 4 mois de prison ferme lui a été dictée, et ce malgré le fait que le commissariat n’a jamais confirmé le témoignage des policiers qui l’accusent, et malgré le manque de preuves suffisantes pour continuer son procès.
D’autres irrégularités graves ont été constatées dans son cas : les agressions qu’il a subies au moment de son arrestation, le retard pour le présenter devant une autorité compétente, des agressions physiques et psychologiques durant son transfert et la fausse accusation de port de balles [calibre 223].
À présent Abraham se trouve dans la prison Nord avec Fernando Bárcenas, tout les deux ont démarré un projet de diffusion anti – carcérale à l’intérieur de la prison, il s’agit d’un petit journal appelé « el Canero »[le prisonnier, celui qui est en taule]
Pour ce qui est du procès, après la sentence un appel a été présenté par sa défense, mais la sentence a été à nouveau confirmée, la seule solution juridique qui lui reste pour obtenir sa libération est le recours « d’Amparo directo » [Habeas Corpus*]. Sa demande de recours sera étudiée par le troisième tribunal collégial en matière pénale du premier degré, formé par les magistrats Humberto Venancio Pineda, Ricardo Ojeda Bohórquez et Humberto Manuel Román Franco.
Lettre d’Abraham Cortés Ávila
Janvier 2015
Le 2 octobre 1968 est un jour d’injustice, de disparition et de mort. Maintenant, ce n’est pas seulement un jour, c’est tous les jours, ce système qui gouverne pareil à tous les précédents, c’est toujours la même chose, le peuple connaît seulement la pauvreté, ici dans la prison nous sommes punis aussi, le bourgeois n’est rien sans le peuple. Des centaines, des milliers de prisonniers, et chaque fois il y a plus de prisons, l’injustice c’est pour le peuple… ça suffit !
Avant, je pensais que l’esclavage n’existait plus et je pensais que nous étions libres, mais non, la vérité c’est que nous n’avons jamais été libres, nous n’arrivons pas à l’indépendance totale, nous continuons d’être des esclaves, mais à présent nous ne sommes pas esclaves d’un seul patron, mais d’un président, de l’armée, de la police. Nous devons donner toujours notre adresse pour qu’ils aient le contrôle sur nous, sans parler de la carte d’identité, être plus surveillés ce n’est pas possible.
Mais quelle liberté avons-nous ? Si dans les rues nous sommes surveillés pareil qu’en prison, la prison est un instrument de destruction, elle ne te réhabilite pas, elle fait mal, elle détruit… et comme ils disent ici : elle fait de toi un enfoiré. Cela faits déjà 6 mois que je suis ici en taule et je suis en lutte, je ne vais jamais me mettre à genoux, mon poing reste levé et mon esprit fort.
Bientôt j’aurais la réponse du troisième tribunal collégial en matière pénale du premier degré à propos de mon dernier recours, j’espère seulement qu’ils feront leur boulot, car nous savons tous qu’ils sont en train de piétiner mes droits, c’est abusé, c’est le même système qui m’a mis ici en prison, qui m’a séquestré avec une sentence très lourde de 13 ans et 4 mois. Eux et nous savons qu’ils n’ont pas les éléments pour me maintenir ici en prison, il s’agit d’une stratégie pour faire peur au peuple, mais ces histoires nous n’y croyons plus, il ne s’agit pas de la liberté d’une seule personne mais de celle de tous, parce que ici en prison il y en a beaucoup d’autres qui veulent leur liberté.
Liberté à tous et à toutes les prisonniers/ères
À bas les institutions !
Abraham Cortès
*Acte célèbre passé en loi anglaise, qui accorde à tout accusé le droit à un jugement.
Fernando Bárcenas Castillo est un jeune musicien et étudiant du Collège de Sciences Humaines, siège Vallejo – ville de Mexico. Il a 20 ans et a été arrêté le 13 décembre 2013, dans le cadre des protestations contre l’augmentation du prix des billets du métro. Il a été accusé d’avoir mis le feu à un l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola, depuis lors il se trouve dans la prison Nord à Mexico. Pendant son arrestation, il a un temps disparu et n’a pas eu le droit à un coup de téléphone, il a aussi subi des agressions physiques et verbales et il n’a disposé d’aucune défense juridique durant la première partie de son procès pénal. En décembre 2014 il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison pour les délits d’attaques à la paix publique et association délictueuse, il a fait appel et il est dans l’attente de la décision. A l’intérieur de la prison, Fernando a élaboré plusieurs projets de diffusion et d’information tels des fanzines et le journal anti-carcéral “El Canero”. Lettre du compagnon anarchiste Fernando Bárcenas à un an de sa détention.
Traduit par les trois passants
Correction Myriam et Amparo
Source Comite de Solidaridad con Mario Gonzalez et Proyecto Ambulante
***
Arrestations à Mexico dans le cadre des manifestations pour Ayotzinapa
Depuis le commencement des manifestations pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa, Guerrero, la police a été présente. Si elle n’était pas nombreuse dans les cortèges tout au début, elle a frappé fort depuis le 5 novembre 2014. Luis Fernando Sotelo, compagnon adhérent à la Sixième déclaration de la Forêt Lacandone a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations pour Ayotzinapa, il attend toujours son procès . Le 15 novembre, de façon complètement arbitraire deux étudiants et militants, Jacqueline Santana et Bryan Reyes, ont été arrêtés pour le délit de vol à un agent fédéral, délit fabriqué de toute pièce. L’arrestation de Bryan n’est pas due au hasard car il fut également arrêté arbitrairement le 1er décembre 2012 pendant la manifestation contre l’investiture présidentielle de Peña Nieto. Mais l’arbitraire ne s’arrête pas là : ce 22 novembre une sentence à de la prison ferme leur a été dictée.
Message de l’intérieur du Centre de Réinsertion Sociale Féminin Santa Martha Acatitla :
Jaqueline Selene Santana López.
Aujourd’hui est un jour important pour le pays car il y a deux ans que l’assassin, macho et bourgeois Enrique Peña Nieto a pris possession de la chaise présidentielle, mais pas seulement, c’est aussi parce que ce sont deux années d’augmentation de la répression et de la pression de la contestation sociale, deux années durant lesquelles, contre la volonté du peuple, les réformes structurelles renforçant l’aliénation et l’esclavagisme de celui-ci, ont avancé.
Pemex, Atenco, Ayotzinapa, la réforme du travail, la réforme du système pénitentiaire, la réforme éducative… et toutes les autres actions qui portent atteinte aux acquis de notre peuple mexicain. L’appel qui suit est un appel à lutter, à affronter la répression et à lutter avec l’arme décisive qu’est l’organisation sociale.
Notre grève de la faim se poursuit jusqu’au 2 décembre pour protester contre le mauvais gouvernement, l’imposition de Peña Nieto et la domination de qui voudra ou a le pouvoir de nous opprimer.
C’est notre façon de nous manifester et de partager avec vous ceux du dehors, c’est notre appel à la grève nationale, rejoignons les contestations et ne laissons pas que ce gouvernement ou n’importe quel autre fasse taire nos voix ni ne nous intimident dans nos actions. Nous ne voulons plus de ce système qui affame, de ce système de domination et de patriarcat, plus de ce feu néolibéral dans lequel ce sont les bourgeois qui gagnent qui en profitent et qui le savent très bien.
Brandissons ensemble notre rage pour crier pour notre liberté et rompre les chaînes du joug du capitalisme.
Ni un pas en arrière, unis dans la lutte nous vaincrons !
Etreintes et saluts combatifs, espoir et force, continuent de couler dans mes veines pour m’arracher aux griffes de cet Etat
Merci de votre aide pour Bryan, pour moi et pour tous ceux qui luttent.
Dehors Peña Nieto et mort au mauvais gouvernement !
Jaqueline Selene Santana López.
1er décembre 2014
Traduit par Amparo
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Ville de Mexico: Voix depuis la prison
Des nouvelles des prisonniers anarchistes Notre compagnon Abraham Cortés Ávila a été arrêté le 2 octobre 2013 pendant la manifestation commémorant les quarante-cinq ans du massacre de Tlatel...
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