Marcos Ana, Les prisons franquistes n'ont pas tué la poésie
Publié le 5 Février 2015
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Fernando Macarro Castillo, mieux connu sous le nom de Marcos Ana est un poète espagnol qui passa plus de vingt années de sa vie dans les geôles franquistes et déclina sa poésie dans la prison.
Âgé, ce jour où j’écris de 95 ans, cet homme exemplaire à la belle humanité intacte, au passé exceptionnel de par sa gravité et le sacrifice qu’il en fit d’une partie de sa vie, son dévouement pour les prisonniers, ses rencontres amicales me font écrire cette petite biographie inspirée de la lecture de son livre "Dites-moi à quoi ressemble un arbre."
Le site de Marcos Ana en castillan ICI .
image ci-dessous
Marcos et Ana sont les prénoms de ses parents qu’il choisit comme noms de plume.
Ana met au monde le petit Fernando le 20 janvier 1920 dans un petit village du nom de San Vicente à Salamanque (dans la province du même nom).
Il est le cadet d’une famille de 4 enfants : Margarita l’ainée qui est un peu le moteur de la famille et qui partira vivre la première à Alcala de Henares, Petra et Fabriciano.
C’est une famille très pauvre d’ouvriers agricoles travaillant sur une terre qui ne leur appartient pas.
Marcos, le père est analphabète. C’est un homme très bon de nature et toujours soucieux du bien-être de sa famille.
« Quand je le voyais arriver au loin, je courais à sa rencontre et sautais dans ses bras. Il sentait la terre, la sueur et la pauvreté. La pauvreté à une odeur noble et honnête qui lui est propre. »
Ana la mère sait tout juste lire et écrire mais elle est douée d’une intelligence naturelle et d’une grande tendresse.
Lorsque Marcos (je vais l’appeler ainsi à présent) à 6 ou 7 ans, sa famille décide de partir rejoindre la sœur aînée à Alcala de Henares pour bénéficier de conditions de vie meilleures. Ils habitent une maison modeste et simple faite de pierre et d’argile avec un petit jardinet.
Alcala de Henares de nos jours figure au patrimoine mondial de l'unesco depuis 1998, classée l"une des 9 villes uniques d'Espagne en raison de son enceinte et de son université.
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« Le cyprès fut le plus fort de tous
Aigu poignard inversé
Il planta son arôme dans mon sang »
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image Juan Andrade rédacteur en chef du journal Renovacion
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A l’âge de 12 ou 13 ans, il est placé comme vendeur dans un magasin appartenant à la famille Peñalva qui le traita comme un fils et y reste jusqu’à la guerre civile.
Elevé dans une famille croyante et pratiquante, la foi fait partie intégrante de son bagage éducatif et il se rendait souvent aux meetings politiques pour y distribuer de la propagande religieuse.
Un jour, il a l’occasion d’entendre le discours d’un dirigeant des jeunesses socialistes, Federico Melchor qu’il rencontrera par la suite et qui étais un être d’une grandeur humaine inoubliable.
Le discours l’interpelle fortement, comme un écho à la misère qu’il connait avec les siens et petit à petit il compare les idées portées à ceux portés par la religion.
A l’âge de 16 ans (1936) il entre donc aux jeunesses socialistes et vendra le journal Renovacion, l’organe des JS.
Pris entre le marteau et l’enclume de la foi, il interrogera à plusieurs reprises un dominicain de ses connaissances et les réponses obtenues ne seront pas conformes à ses attentes grandissantes.
- Dieu connaît-il le futur ? Son pouvoir lui permet-il de connaître le devenir des choses ?
- Le pouvoir de dieu, répondit le dominicain, n’a ni principe, ni fin ; il connaît le futur de chacun de nous et le destin de l’univers qu’il a créé.
Marcos irrité alors lui répondit :
- Mais alors dieu s’est amusé et s’est joué de nous, parce qu’en nous créant, il connaissait notre destin, un destin injuste et dramatique pour la plupart des êtres humains qu’il aurait dû éviter puisqu’il en avait le pouvoir. »
Il garda néanmoins un grand respect pour ceux qui professent les croyances avec sincérité et cohérence.
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image « Ujcelogo » par Unión de Juventudes Comunistas de España — www.juventudes.org. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons -
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Quand la guerre démarre, Marcos est à Alcala de Henares laquelle est occupée mais libérée en 24 heures par le peuple et la milice.
Il s’engage dans le bataillon Liberté comme « mascotte » et part dans les montagnes pour arrêter les fascistes avançant vers Madrid.
Il prend la tête des jeunesses socialistes unifiées dans la région d’Alcala de Henares et sera connu comme un leader important dans la ville. A 16 ans, il est également membre du front populaire.
Ce même front populaire avait gagné les élections le 16 février 1936 et apporté un espoir de progrès politique et social à l’Espagne. Mais c’était sans compter sur les secteurs réactionnaires du capital, sans les propriétaires des terres et des banques qui eurent recours à la force militaire pour mettre à feu et à sang le processus pacifique et démocratique.
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image Rafael Alberti et Maria Teresa Leon
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Les responsabilités politiques
Marcos est affecté au sein des JS à la 44e brigade mixte dirigée par le commandant Bares dans le secteur du Prado.
Il devient instructeur politique de la jeunesse dans la 8e division de la JSU.
Il fait également connaissance de Rafael Alberti et Maria Teresa Leon.
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image le charbonnier Stanbrook à Oran
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La mort du père
Le 8 janvier 1937, pendant une phase de bombardements dans la ville, il retrouve le corps de son père victime de celui-ci. C’est un immense choc pour lui et il ne pourra jamais effacer de sa mémoire, l’image du visage ensanglanté de son père.
Sa mère se sentira coupable jusqu’à la fin de ses jours d’avoir tant insisté pour envoyer son mari acheter du charbon.
La fin de la guerre
En mars 1939 après la trahison de la junte de Casado, avant que les troupes franquistes n’entrent dans Madrid, les consignes avaient été données aux organisations et aux responsables politiques de se diriger vers les ports de Valence et d’Alcante pour pouvoir embarquer sur des bateaux français et anglais. Mais le port d’Alicante vers lequel se dirigent Marcos et son frère est très vite encerclé par les forces italiennes et ils se retrouvent dans un piège. Les bateaux qui peuvent embarquer des passagers mais qui en laisseront d’autres milliers à terre dont le dernier à quitter le port sera le Stanbrook, un vieux charbonnier anglais qui osa s’opposer au blocus franquiste et partira avec à son bord 2638 passagers.
Là, sont arrêtés Marcos et son frère ainsi que d’autres qui vont partir au camp des amandiers dont lui, arrivera à s’évader.
Dans ce camp situé dans un champ d’amandiers, ils pourront tromper la faim en mangeant tout ce qui constitue une amande. Marcos arrive à en sortir en se faisant passer pour un adolescent arrêté au milieu des militants pendant la rafle. Il sera ensuite caché à Madrid et bientôt vendu par un indicateur en lequel lui et sa famille avait confiance. Il est arrêté et conduit dans un commissariat de Madrid, rue Almagro dans lequel étaient torturés les militants dont certains connus tel Navarro Ballesteros, le directeur du journal communiste Mundo obrero.
Marcos sera sauvagement torturé y compris par un sadique qui venait se défouler de temps à autre sur les prisonniers politiques.
« La vengeance n’est pas un idéal politique ni une finrévolutionnaire.je désire le triomphe de la démocratie pour en finir avec la haine et le fratricide, pour que tous les espagnols puissent vivre en paix et partager ou non les mêmes idées sans avoir à s’égorger les uns les autres. On a déjà versé assez de sang en Espagne. La démocratie doit apporter la liberté et la sécurité à tous les espagnols. »
La prison
« Ferme les portes
Tire le verrou, geôlier
Attache bien cet homme,
Tu n’attacheras pas son âme ».
Miguel Hernandez
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Malgré les tortures qui n’aboutissent pas à faire obtenir les noms désirés par les tortionnaires, ceux-ci finissent pas se lasser et Marcos est envoyé à la prison de Porlier en mai 1939, un ancien collège de piaristes aménagé en prison.
Il en sortira 23 ans plus tard.
Avec la défaite de la république, l’Espagne connaît une grande terreur... des milliers d’hommes et de femmes seront conduits comme des troupeaux en prison où on les torturera ou bien on les sacrifie dans des abattoirs improvisé. Ce fut un génocide froid et calculé.
Le poète Rafael Alberti de son exil regarde :
« Regarde-là la mort, la mort est dans sa maison. / L’horloge aveugle sonne les heures désertes, /les rues abondent où personne ne passe/ car personne ne sait ouvrir les portes./Ville, que pas une ombre ne s’éveille /dans cette triste maison de la mort. »
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A son arrivée en prison, Marcos est dans un tel état qu’il ne peut même pas se nourrir et ce sont ces camarades qui doivent l’aider. Il est vite infecté par une gigantesque irruption de furoncles et d’abcès et il doit être amené en urgence à l’infirmerie. Il va y rester deux mois, son corps entièrement recouvert de bandes.
Dans la prison, au total devaient se trouver au moins 5000 prisonniers. Pour les prisonniers la première urgence : survivre.
La faim était le pain quotidien.
Les prisonniers politiques s’étaient organisés clandestinement. Marcos en sortant de l’infirmerie rejoint l’organisation des communistes et dans la prison de Porlier il sera le responsable politique de la jeunesse jusqu’en 1944.
Mais en 1941, il passe en conseil de guerre, accusé d’adhésion à la rébellion et il est condamné à mort. Il a 21 ans.
Dans le groupe de 64 personnes dont des instituteurs, nombreux sont ceux qui furent également condamnés.
Le régime franquiste voulait détruire la culture considéré comme ennemie. La culture est une aube éternelle qui renait toujours invincible. Aussi, on brûle les tableaux, les sculptures, les livres, les films, on fusille les instituteurs, les artistes, les intellectuels dont Federico Garcia Lorca constitue le meilleur des symboles.
De retour en prison avec sa condamnation à mort, il passe dans la section des condamnés dont chaque nuit les franquistes viennent lever un groupe de condamnés, chaque jour sauf le dimanche. Après une nuit passée « en chapelle », les condamnés sont fusillés vers 5 ou 6 heures du matin au cimetière de l’est.
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C’est à cette époque que sont assassinées les 13 roses, des jeunes filles de la JSU, mineures auxquelles il est rendu hommage chaque année le 5 août comme pour les milliers de femmes victimes du génocide franquiste. Il ne reste qu’une seule survivante qui était la plus jeune d’entre elles et qui vit encore, Mari Carmen Cuesta.
Les prisonniers condamnés à mort n’étaient pas tous fusillés, certains étaient tués à l’aide d’un garrot, un sinistre fauteuil de bois et de fer. Lorsque les condamnés passaient leur dernière nuit dans la chapelle, comme c’étaient les autres prisonniers qui nettoyaient chaque jour les lieux, ils avaient aménagé de petites cachettes dans lesquelles les condamnés, malgré la fouille pouvaient parfois y laisser de petits mots griffonnés ou des écrits sur le mur. Les autres recueillaient le tout afin de le transmettre peut-être un jour aux familles des disparus.
Les condamnés se retrouvaient donc avec la « pepa » (peine de mort) comme ils l’avaient dénommée avec humour :
« La pepa est une belle fille
La coqueluche de Madrid
Elle a le béguin pour les rouges.
Quand elle vient nous visiter
A la prison de Porlier
Même les plus courageux
Ont la frousse »….
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Condamnation à mort
Deux ans après le procès de sa condamnation à mort, il est appelé pour « la livrée ». Mais c’est une fausse alerte qui lui fait malgré tout entrevoir tout le processus de l’attente de sa peine et on lui dit enfin qu’il va repasser en conseil de guerre. En 1943 il est donc à nouveau condamné à mort.
Dans la prison, avec ses camarades, il décide créer un journal clandestin qui sera malheureusement découvert et lors des interrogatoires, les jeunes parleront et de fil en aiguille cela remontera jusqu’à lui. Pour « rompre » la chaîne » il décide de s’accuser seul. Mais évidemment on ne le croit pas puisque chaque écriture du journal démontrait des interventions multiples et on va le torturer pendant 20 jours aux cachots de la Puerta del Sol.
Le portrait de Lénine
Un portrait de Lénine atterrit un jour dans sa cellule, glissé par un de ses voisins. Ce portrait lui donnera la force de ne pas sombrer lors des séances de tortures grâce à l’idéal révolutionnaire. Le portrait de Lénine passait ainsi de cellule en cellule pour redonner force et courage aux suppliciés et cela fonctionnait vraiment bien.
Marcos qui n’a pas parlé retourne en prison avec une condamnation de 30 ans de réclusion ferme pour « délit contre la sécurité de l’état ». Suite à un projet d’évasion qui sera dénoncé au directeur de la prison, il est transféré à la prison d’Ocaña connue pour sa violence et son étroite surveillance.
Les condamnés à mort étaient menés au cimetière de Yepes pour y être fusillés, un lieu connu comme « la fosse aux poules ».
Les prisonniers de cette prison comme ceux de Porlier avaient pour points communs la dignité et le courage ainsi qu’une grande conscience morale.
A noël 1943, Ana la maman, est décédée alors que Marcos était à la prison de Porlier, condamné à mort.
« Ma mère était « Ana sainte »
Un bout de chair anéantie,
Repliée et seule dans le silence,
Morte à genoux –m’a-t-on dit-
Crucifiée sur un bûcher de larmes,
Mon nom de fils entre ses lèvres
Priant dieu pour la fin de mes chaînes. »
Le 5 avril 1944, il est gracié mais au lieu de lui signifier avant le départ de la levée, ils lui laissent penser qu’il fait partie des condamnés de la levée et il va passer la dernière nuit du condamné avec tout ce que cela comporte comme interrogations et retour sur soit. C’était par pure vengeance qu’on lui fait subir cela pour tout ce qu’il représentait et les bâtons qu’il leur mettait dans les roues.
« Deux fois la mort est venue
Deux fois elle s’en est allée
On dit qu’elle est partie fâchée
Car je n’ai pas courbé le front.
La vie, donc, elle m’a laissée ! «
Placé dans la 4e brigade et libéré enfin de la peine de mort il est néanmoins condamné à 60 ans de prison le 6 avril 1944.
Quelques mois plus tard il est considéré comme dangereux et transféré à la prison d’Alcala de Henares avec d’autres camarades du parti.
Quelques semaines encore plus tard, une centaine de communistes sont transférés dans d’autres prisons. Marcos, lui, est transféré à présent à la prison de Burgos et sa célèbre cour des quatre acacias où furent fusillés des centaines de républicains.
Il luttera ensuite avec ses compagnons pour améliorer les conditions d’incarcération, contre les châtiments, les mauvais traitements, pour une meilleure alimentation, pour un rapport plus humain avec les familles, la reconnaissance d’un statut de prisonnier politique et pour la liberté de conscience. Lutte menée pendant de nombreuses années et continuée ensuite dans la prison de Burgos.
Le fait que les prisonniers considérés comme dangereux de par leurs activités en prison, les condamnés à de longues peines dont faisaient partie les communistes soient concentrés dans des secteurs de la prison de Burgos créa une impulsion importante dans l’organisation du parti et de la JSU en faisant un centre de revendications (l’université de Burgos comme on l’appela par la suite), un état dans l’état.
Politique de réconciliation nationale
En 1956 se met en place la politique de réconciliation nationale que décident de soutenir les prisonniers politiques et pour laquelle ils souscrivent de nombreux appels.
En 1959, les luttes aboutissent par une journée nationale pour la réconciliation et la liberté qui revêt une certaine importance mais ne règle en rien le sort des condamnés.
Mère Espagne
« Il est triste de lutter dans la même
Maison
Casser la table où l’on mange le pain
Vivre obsédés entre quatre murs
Obstinément sur un même territoire. »
"Que le prisonnier sorte, qu'il boive
la lumière et l'air de sa plaie durcie,
que ses pieds touchent les champs
là où les sapins respirent,
qu'il aille sur les sentiers
-les fleuves et les collines-
que ses mains puissent sentir
des épaules épanouies
et ses lèvres, l"herbe fraîche
des chevelures fleuries "
A la fin des années 50, en plus du programme de réconciliation politique se met en place la promotion de la lutte pour l’amnistie générale de tous les prisonniers politiques, des actions internationales ciblant en particulier les prisonniers espagnols et d’Amérique latine.
Les communistes de la prison de Burgos consacrèrent leur vie à l’éducation et à l’affirmation des valeurs révolutionnaires. Les cadres politiques étaient nombreux et l’organisation presque parfaite. Il y avait également un cours destiné à ceux qui devaient être libérés pour les préparer à leur incorporation dans la lutte clandestine.
Un jour, Marcos appris d’un camarade que Fidel Castro avait proposé au gouvernement espagnol de faire un échange de prisonniers en vue de sa libération. C’était sur la demande du grand poète cubain Nicolas Guillen que Fidel avait suivi. Marcos, honoré de cette attention particulière était gêné malgré tout que cela le concerne, lui, alors que tous les autres prisonniers étaient aussi méritants que lui.
La liberté
Marcos sort de prison le 17 novembre 1961 suite à une décision de franco qui par un décret ordonne la libération des prisonniers politiques incarcérés depuis plus de 20 ans sans interruption.
Parmi les 165 prisonniers de la prison de Burgos, Marcos est le seul à remplir ses conditions pour la libération.
Ce qui fut le plus difficile fut d’appréhender la liberté. Il rencontrera de grandes difficultés d’adaptation dans sur cette planète étrangère : il vomissait les aliments, il avait des nausées en voiture, ses yeux étaient rougis par la lumière dont il n’avait plus l’habitude, les espaces ouverts l’étourdissaient….il devait tout simplement redécouvrir la vie.
« Dites-moi à quoi ressemble un arbre.
Dites-moi le chant de la rivière
Quand elle se couvre d’oiseaux.
Parlez-moi de la mer, parlez-moi
De l’odeur ample des champs,
Des étoiles, de l’air. »
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De même, emprisonné très jeune, sa jeunesse toute consacrée au militantisme avec la jeunesse socialiste, il méconnaissait complètement les choses de l’amour. Quand il sort de prison à l’âge de 43 ans, il est comme un jeune homme à qui tout reste à découvrir et c’est avec une jeune prostituée, qui , à l’occasion, dès qu’elle connut la problématique qu’il devra d’entrer dans ce nouveau monde de l’amour et des sensations.
Il prend alors conscience en découvrant cela, de tout ce qui lui a été volé en ces 23 années de jeunesse.
Son drame personnel et le drame collectif de l’Espagne étaient la conséquence de la guerre civile qu’ils n’avaient pas voulue, dont ils n’avaient surtout pas besoin.
La deuxième partie sur la vie de Marcos Ana sera consacrée plus particulièrement à cette poésie qui se développa dans ses atroces conditions et que jamais n’étouffa la dictature bien au contraire.
Ils voulaient tuer la culture et les valeurs, ils ne firent que les renforcer.
Caroleone
Ma vie
Je peux vous la raconter en deux mots :
Une cour.
Et un petit bout de ciel
Que traversent quelques fois
Un nuage perdu
Et quelque oiseau fuyant ses ailes. »
Film réalisé à partir de photos prises clandestinement dans les prisons espagnoles et notamment celle de Carabanchel (Madrid), accompagné de poèmes et d'écrits de prisonniers politiques. " Le...