Les bâtons de Bachajon*

Publié le 23 Janvier 2015

Les bâtons de Bachajon*

On entend au loin

Bruire le clapotis régulier de l'eau.

Les eaux turquoise d'Agua Azul

Se baignent dans leurs cuvettes de calcaire

Perturbées seulement

Par les cris des aras occupés.

Dans son écrin de verdure

Cocon qui protège le trésor

La perle maya Palenque

Le roi Pakal dort à jamais

Sur le bas relief du temple des inscriptions.

Paradis pour les touristes.

Passage obligé de toutes les agences de voyage au monde

Palenque Agua Azul

Chaque touriste les connait ces deux noms exotiques

Mais quid des hommes qui vivent sur ses terres ?

Les bâtons de Bachajon*

Mayas précolombiens vs mayas contemporains.

Pourtant,

Les mayas sont toujours là.

La route qui mène aux sites convoités

S’arrête à la caisse de péage.

Des hommes

Armés de bâtons

Le visage caché par des passe-montagnes

Font le gué

Veillent au grain

Surveillent le train-train.

Tzeltales ils sont.

Descendants des mayas

Zapatistes de la sexta

L’ejido leur appartient.

Ils l’ont en usufruit et l’usufruit c’est un gagne-pain.

Car c'est de cela dont il s'agit.

La révolution mexicaine

Donna aux paysans des terres communales, les ejidos

Dont San Sebastian Bachajon

Qui jouxte les sites touristiques.

Les ejidatorios alors se battent

Car la terre est à eux et on leur a volé.

Le combat inégal à souhait :

Une poignée de comp@s armés de bâtons

Contre un millier de policiers armés lourdement.

Les bâtons de Bachajon*

La terre à ceux qui la travaillent vs la terre à ceux qui la visitent.

Les bâtons de Bachajon*

Juan Vasquez Guzman

Martyr tzeltale de Bachajon

A jamais dans les esprits

Hante la route menant au centre"écolo-touristique"

Son passe-montagne symbole de liberté

A jamais ponctuera le combat.

Au loin,

J’entends distinctement

Le murmure de l'eau qui chuchote les messages universels

Et le quetzal habille la jungle épaisse de ses couleurs lumineuses.

A jamais dorment les ruines mayas

Sources de convoitise, sources d'histoire.

Mais quand l'histoire bégaie

La réalité elle, s'arme de courage et de bâtons

Pour faire entendre sa raison

Et à Bachajon tonne la chanson de la colère

Pour que mûrissent enfin les raisins de la connaissance

Et coule dans les gobelets le vin rouge de la justice.

Carole Radureau (21/01/2015)

Ce texte est libre de droit et diffusé sous licence creative commons

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*Bachajon : se dit bararonne.

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