La chasse au bison
Publié le 3 Janvier 2015
C’est le moment de la chasse.
Tout le monde y participe
A son rôle, son utilité
Son devoir.
La tactique est bien rôdée :
Car si l’on veut un résultat
Il faut y mettre les moyens.
Cette tactique ancestrale n’est pas toujours une réussite.
Parfois l’un d’entre nous
Y laisse sa vie.
C’est pour le bien de la communauté
Et son étoile filante dans le ciel
Le rappellera à nous lors des danses de la pluie.
Le piège est tout trouvé, il est au bon emplacement :
Les bêtes poussées par la tribu de guerriers
Aux cris, aux lances, à la fumée
Des sabots des chevaux endiablés, emportés
Se jettent comme un seul corps
Dans le ravin de la mort :
C’est un fracas, un chaos, un suicide collectif dirigé.
C’est un amas de chairs
Achevons leurs propos que nulle souffrance
Doit entacher.
La bête est morte.
Les bêtes sont mortes.
Elles paient de leur substance notre subsistance
Et pour les honorer nous offrirons
Deux danses aux esprits.
Les femmes, les enfants, les anciens s’activent :
La viande est débitée et sur les travois elle partira
En rang serré.
Un hiver moins rude s’annonce à nous :
Cuir pour nos habits nos toiles de wigwam,
Viande séchée pour le pemmican,
Cordons aux multiples usages,
Selles de nos chevaux, sel de notre vie.
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Et si un jour la troupe de guerriers
Bien rôdés, bien éduqués et entraînés
Poussait la bête du capital
Dans le ravin du sacrifice ?
A coups de lances complices
Et de massues-liberté
La bête périrait sous les coups conjugués.
Et si un jour la troupe d’hommes nouveaux
Savait parfaitement ériger le piège ?
La bête qu’elle soit bison, mammouth ou terreur
Sous la force de l’abondance et de la faim qui s’amène
Périrait.
Je vous l’assure.
Elle périrait à coups sûrs
Car de grâce nulle ne faut.
Qu’elle meurt sans nul autre propos.
Carole Radureau (02/01/2015)
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