L’homme qui entendait le murmure de la forêt
Publié le 13 Janvier 2015
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Né dans les bois
Il était racine
Humus
Et troncs verts ou gris
Jeunes ou décomposés.
La voix de la forêt
Elle était dans ses sens
Et nul sens sur les sentiers
Ne lui était inconnu.
Il savait écouter le bruit des feuillages
Qui lui indiquaient
Une présence
D’où le vent venait
Et dans quelle direction circulait la sève.
Il savait lire le temps qu’il fait
Prédire l’hiver froid et rigoureux
L’été sec et chaud
Sa boussole était cachée dans le tronc
Des arbres ses amis
Collant son oreille
A leur surface boisée et impatiente
Il entendait le murmure du chemin à suivre
Chaque buisson avait sa géographie
Chaque brindille cassée avait son importance
Les cachettes naturelles étaient ses demeures
Il avait de multiples résidences secondaires :
Nids de fougères aux ondoyantes promesses
Hutte de branches tressées à l’indienne
Petite maison des bois du trappeur
Dans laquelle il coulait des jours heureux
Seulement accompagné par les paroles sylvestres.
Il était professeur en dialecte de torrent
Chaque onde parlait sa langue pure
Et quand le cours dérivait sur le propos rocheux
C’était une chorale
Qui coulait dans son oreille attentive.
Il était autosuffisant
La forêt était un diamant
Sa parole un cristal de Bohême aux notes boisées
Et chaque petite vie
Une partition digne des plus grands symphonistes.
Carole Radureau (06/01/2015)
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