Je ne suis pas né esclave.

Publié le 6 Janvier 2015

 

Je ne suis pas né esclave.

Je suis né homme libre

Dans un pays de soleil et de paix

Avec seule contrainte me méfier des carnivores.

La liberté alors je ne savais pas qu’elle portait un nom.

Sous l’arbre aux palabres

Les anciens jamais ne racontaient des histoires

Où l’homme noir

Traqué dans la forêt

Etait attaché comme antilope ou buffle

Et porté dans des bateaux de marchandise humaine.

 

Je ne suis pas né esclave.

Je m’enfuirais quoi qu’il arrive.

Je ne suis pas né pour les coups de bâton

Les chaînes et les privations

Pour que l’on viole mon épouse

Et fasse de mes enfants des prisonniers.

 

Ils ont voulu me punir

La première fois où je me suis enfui

Ils m’ont coupé une main

La seconde fois, les chiens m’ont pris un pied

Mais, boiteux

Je courais tant et tant

Dans la forêt des tourments, libre.

Libre.

Je voulais être libre.

Ils m’ont coupé la langue

Mais cela ne suffisait pas à me couper les ailes.

 

Certains essayèrent de blanchir leur peau

Au fil des générations

Cela voulait dire alliance avec les blancs

Tant que faire ce peut

Je ne m’y serais pas résolu.

Blanchir sa peau

Certes,

Mais cela ne voulait pas dire

Abolir ses traits perle d’Afrique.

Africain tu es né

Africain tu mourras

Que tu sois d’ici ou bien de là.

Sur cette terre

Tes racines sont profondément africaines

Avec une tête de zèbre tatouée

Dans ton cœur au sang vif.

 

Je ne suis pas né esclave.

Mes chaînes sont lourdes.

Tes chaînes ne sont plus aux chevilles

Elles ne coupent plus ton sang rebelle

Non,

Elles sont invisibles.

Elles te coupent la glotte

Quand tu es privé de nourriture

Elles te coupent la circulation

Quand dans la rue tu dors sur le banc de l’infortune

Elles te coupent la respiration

Quand dans la prison tu marches en long

En attendant la justice de l’homme blanc

Elles te cisaillent l’âme égarée

Quand tu prends l’insulte en pleine face

Elles te lient le cœur

Avec le barbelé de l’intolérance

Et le racisme qui te pend aux branches du saule

Du sacrifice

Scies ton cou aux veines si gonflées

Qu’elles s’étaient pourtant promis un jour de crier

Haut et fort :

Je ne suis pas né esclave !

 

Carole Radureau (05/01/2015)

 

Ce texte est libre de droit et diffusé sous licence creative commons

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Je ne suis pas né esclave.

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes

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