Mexique : Ils nous ont tant pris qu'ils nous ont même enlevé la peur

Publié le 23 Décembre 2014

Mexique : Ils nous ont tant pris qu'ils nous ont même enlevé la peur

Ayotzinapa est l’emblème de tous les lieux où se lèvent des voix contre la dévastation organisée.

Pas seulement au Mexique, car le capitalisme du 21ème siècle agit de la même manière sur toute la surface du globe.

Ce nouveau capitalisme présente deux faces.

D’un côté, il y a la société officielle.

De l’autre, il y a celle – illégale – régie par d’autres règles.

Ça donne des jeunes – et pas seulement des jeunes – qui ne savent pas où aller parce qu’il n’y a nulle part où aller.

De nouveaux parias.

L’expression ‘ordre social’ n’a plus de sens. Sauf quand il s’agit de – soi-disant - le faire respecter à coups d’interventions armées.

Le marché capitaliste est désormais un marché armé.

Et ce marché armé protège la face illégale – commerce d’armes, drogues, humains, etc. -, parce que celle-ci tend à devenir plus puissante.

D’où l’impunité quant aux extorsions, chantages, enlèvements…

Les jeunes lorgnent du côté où apparaît la réussite, mais la réalité est qu’ils sont promis à l’esclavage.

Dans les mines africaines comme dans celles du Mexique : travail forcé d’enfants ou d’adolescents, y compris celui de groupes de personnes séquestrées à cet effet, gardés par des forces armées. Le produit ne coûte presque rien puisque les travailleurs ne sont pas payés, qu’il n’y a pas d’impôts. Ça s’exporte avec la complicité des consortiums miniers, de leurs Etats d’origine et des autorités locales qui perçoivent une partie des gains.

Le Mexique s’est converti en un cimetière de pauvres et de migrants que l’on extorque, qu’on séquestre pour l’esclavage, que l’on tue avec une sauvagerie inouïe pour effrayer et discipliner les autres.

Une violence impitoyable accompagne ainsi nécessairement le capitalisme du début du 21ème siècle.

Et comme les institutions des États ne sont pas aptes à la guerre préventive contre un ‘ennemi’ intérieur diffus, des forces irrégulières s’emparent durablement des territoires.

La société mexicaine a dû s’habituer aux décapitations, mutilations, corps calcinés, disparitions répétées, fosses communes ainsi qu’à la complicité manifeste des instances de sécurité et de justice de l’État.
Il y a toujours plus de déplacés et de dépossédés qui n’essayent même pas de revendiquer, de peur des représailles. Et en plus il n’existe pas d’instances de justice pour les protéger.
En l’espace de moins de dix ans, la société mexicaine a été transformée. Rongée, avec des signes visibles de balkanisation, avec l’accroissement de pouvoirs locaux qui établissent leurs propres normes et négocient avec les pouvoirs fédéraux.

La peur s’est installée.

Toutes les limites ont été franchies à Ayotzinapa. On a chassé ce qu’il y a de plus sincère dans la société : des jeunes pauvres des zones rurales dévastées, qui étudient pour devenir enseignants avec l’envie de changer le monde, celui que plus personne ne peut accepter.

Mais à Ayotzinapa, ça a fini par générer son contraire !
C’est la situation-limite qui a fait revenir l’énergie, la vitalité, le courage et la dignité du peuple mexicain dans les rues.

« Ils nous ont tant enlevé qu’il nous ont même enlevé la peur ».

Résumé de HG de cet article

http://www.le-serpent-a-plumes.antifa-net.fr/il-nous-ont-tant-pris-quil-nous-ont-meme-enleve-la-peur/

http://alainet.org/active/79387

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #Répression, #Ayotzinapa

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