Quarante pour cent

Publié le 29 Novembre 2014

Quarante pour cent

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Mon rêve
C’est que sur cette terre
Aucun enfant
Ne meure
De maladie qui se soigne
Chez les peuples dits « civilisés ».
Mon rêve
C’est qu’aucun enfant
Ne vienne grossir de sa petite vie
Le quota abusif
Le pourcentage excessif
D’un monde qui marche sur la tête.
Comment ?
Un pays aux portes du géant yankee
Se paie le luxe
De laisser mourir les enfants indigènes
Qui dans leur pauvreté
Souffrent de maux de ventre
Pour alimenter les quarante pour cent
De la honte.
Comment ?
Dans ce pays aux richesses innombrables
Et incalculables
Sauf pour les nantis du capital
Dans ce pays qui possède toutes les beautés
On laisse trépasser de petites vies
Qui s’éteignent sans un mot
Dans les bras désespérés des mamans incomprises ?
J’aimerais que les enfants
Grandissent avec toute la beauté
De leurs savoirs transmis
Leur milpa qui les enrichit
Et leurs héritages mayas, ce peuple
Qui laissa de lui des traces énigmatiques,
Les preuves d’une civilisation avancée.
J’aimerais que les enfants
Grandissent
Deviennent de beaux adultes
Qui alimentent les luttes.
Mais de ça, les autres en haut à droite
Ils n’en veulent surtout pas
Car ça les arrange
Vous pensez-bien
Ces quarante pour cent de mortalité infantile.

Carole Radureau (28/11/2014)

(….) un million d’indigènes habitent ces terres et partagent avec les métis et les ladinos un cauchemar inéquitable : le choix qu’il leur reste ici, cinq cents ans après la « rencontre des deux mondes » c’est mourir de la misère ou de la répression. Le programme d’optimisation de la pauvreté, cette petite goutte de social-démocratie qu’asperge aujourd’hui l’état mexicain et qui sous Salinas de Gortari, porte le nom de Pronasol* est une ironie caricaturale qui coûte des larmes de sang à ceux qui, sous ces pluies et ces soleils essaient de vivre.(…)

(..) ce monde indigène est peuplé de 300.000 tzotzils, 300.000 tzeltals, 120.000 chols, 90.000 zoques et 70.000 tojolabals. Le gouvernement suprême reconnaît que la moitié « seulement » de ces indigènes est analphabète.

Poursuivez par la route vers la pleine montagne, et vous arrivez à la région qu’on appelle Los altos de Chiapas. Ici, voilà cinq cents ans ; l’indigène était majoritaire, maître et seigneur des terres et des eaux. A présent, il n’est majoritaire qu’en nombre et en pauvreté. Continuez, avancez jusqu’à San Cristobal de las Casas, qui cent ans plus tôt était le capitale de l’état mais que les querelles entre bourgeois ont privé de cet honneur douteux, lorsqu’il s’agit de l’état le plus pauvre du Mexique.non, ne vous arrêtez pas, si Tuxtla Gutierrez est un grand entrepôt, San Cristobal de las Casas est un grand marché : par des milliers de chemins arrive le tribut indigène au capitalisme : tzotzils, tzeltals, chols, tojolabals et zoques, tous apportent quelque chose : du bois, du café, du bétail, des tissus, des produits artisanaux, des fruits, des légumes, du maïs. Tous emportent quelque chose : maladie, ignorance, moquerie et mort. De l’état le plus pauvre du Mexique, c’est la plus pauvre région. Bienvenue au grand marché rénové par pronasol. Ici tout s’achète et se vend, sauf la dignité indigène. Ici tous est cher, sauf la mort.(…)

Extrait de Premier vent, celui d’en haut du SCI Marcos dans Ya basta 1.

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes, #indigènes et indiens, #Mexique

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