Maman travaille
Publié le 16 Novembre 2014
Souvenirs d'enfance......
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Un jour,
maman décida d'aller travailler.
La vie était rude,
un salaire ne suffisait plus,
salaire d'ouvrier hautement mérité mais pas à la hauteur :
un père métallurgiste
forgé aux 3/8 jusqu'en fin de carrière.
Le père ne s'y était pas opposé.
Il lui avait dit d'essayer.
Après tout, un peu de beurre dans les épinards,
ce n'est pas négligeable,
ça laisse passer les amertumes
et le goût des choses qui ne sont pas pour nous,
on y pense tout à coup.
Maman est partie travailler.
Oh! pas longtemps !!
Elle était exploitée :
8 heures par jour dans le sous-sol
d'un tailleur pour hommes renommé :
les petites mains cousaient cousaient cousaient
pour un salaire de misère,
juste éclairées par des vasistas.
Au-dessus d'elles passaient les belles gambettes
des femmes de Rouen , les friquées,
clientes du patron aux mains proprettes,
jamais usées.
Le soir quand nous sortions de l'école,
ma sœurette et moi
devant l'arrêt de bus,
on attendait,
patiemment,
vêtues de nos ponchos multicolores,
main dans la main,
car, ça,
sœurette n'avait pas intérêt de la lâcher
cette main à laquelle on avait des pouvoirs donnés.
On attendait la maman .
Impatiemment......
Afin de rentrer à la maison
et la voir fatiguée de sa journée,
plus aussi disponible que par le passé.
Les sous remis, étalés sur la table
les parents font les comptes.
Ce n'est pas la panacée.
Du beurre et encore pas de quoi faire des miracles.
Rien qui ne vaille que des fillettes
attendent seules au retour de l'école
leur mère si précieuse dont elles ont bien du mal
à se passer.
Le patron ne fera pas fortune
sur le dos d'une ouvrière très qualifiée.
Les vêtements pour nous qu'elle confectionne
ont le goût du patrimoine et de l'amour maternel.
Ils ne rapportent rien,
seulement la confiance, la chaleur du foyer
et ça,
rien ne peut les remplacer.
Maman un jour a travaillé.
Oh! pas longtemps !
Juste le temps de comparer.
Comparer est nécessaire
pour que la vie continue,
avec un regard neuf sur le monde,
sur l'exploitation et sur les priorités.
Carole Radureau (15/11/2014)