Fédération de Russie : Le peuple Tchouktche

Publié le 28 Octobre 2014

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Peuple paléo-sibérien qui vit dans la Tchoukotka dans l'extrême orient sibérien.

La plus grande partie se concentre dans le district autonome de Tchoukotka.

Les autres dans la république de Sakha-Iakoutie, oblast de Magadan et district autonome des Koriaks.

Puis une partie vit dans les grandes villes russes.

Population : 15.000 personnes

Langue : tchouktche du groupe samodi des langues paléoasiatiques

Les enfants suivent des cours en internat urbain où l'enseignement se fait en russe, il n'y a donc pas de cours de langue tchouktche y compris dans les villages. La transmission doit se faire à l'oral uniquement.

Auto-désignation : lygoravetlalt = le vrai peuple

Le nom tchouktche est donné par les russes pour les décrire, il signifie chauchu = abondant en renne

Ils font partie de l'association RAIPON qui regroupe les petits peuples du nord de la Russie.

 

Alexander Khimushin

 

image Marmelad

Il faut distinguer deux branches précises

- les anuqallyt (ankalyn) ou les gens de la mer, tchouktches maritimes qui vivent sur les côtes et sont sédentaires. Ils sont chasseurs de mammifères marins et pêcheurs. Leur nourriture est constituée à 50 % de cétacés (baleine grise, baleine boréale et cachalot). La commission baleinière internationale leur permet de pêcher 140 baleines grises par an. Les villages sont situés sur le littoral arctique entre le cap Erri et le cap de l'est, sur le littoral de la mer de Béring entre le cap de l'est et la baie d'Anadyr.

- Les tchouktches chavchu : nomades de la toundra qui élèvent les rennes et vivent dans des yaranga, des yourtes couvertes de peau. Les rennes leur fournissent la viande, le lait et les vêtements. Les camps des éleveurs de rennes sont répartis dans la région nord-est des bouches de la rivière Indiguirka au cap Anannon.

 

image ci-dessous RIANbot

Fédération de Russie : Le peuple Tchouktche

image Louis Choris

 

Le climat

Il joue un rôle important dans leur cosmovision et dans les contes. L'homme peut déclencher une tempête de neige en hurlant comme le loup, les êtres du monde supérieur ouvrent leurs coffres pour dispenser le beau temps ou pour laisser tomber sur terre la pluie ou bien la neige.

Nomadisme

Toute la famille nomadise sauf l'été. Les hommes alors partent seuls avec une yarangue plus légère.

Histoire

Leurs origines les ont fait rencontré la routes des inuits desquels ils sont proches et leur mode de vie, alors, est essentiellement celui de chasseurs maritimes . Par la suite, une partie d'entre eux part vivre de l'élevage de rennes ce qui divise le groupe en deux.

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- XVIIe siècle : premiers contacts avec les russes

- 1642 : un groupe de cosaques dirigé par Ivan Eratsvov arrive à l'ouest de Kolyma sur la rivière Alazeïva.

- Fin du XVIIIe siècle : échanges commerciaux réguliers entre l'état moscovite et les tchouktches.

- 1919 : création des premiers soviets qui ne s'installent pas avant 1923

- Années 1920 : la régime soviétique a du mal à s'imposer dans les régions extrêmes. La religion est interdite, le système de production économique passe à la collectivité. Tentatives de sédentarisation, interdiction de la langue. Protestation des tchouktches, mise en place de 28 sovkhozes en Tchoukotka : exploitation des troupeaux de rennes, chasse aux mammifères marins. Les enfants sont scolarisés et apprennent le russe.

image Pieter Kuiper

 

- 1930 : création de l'arrondissement (okrous) national des tchouktches. Une partie d'entre eux est groupée dans la RSSA de la Iakoutie, une autre dans l'arrondissement national de Korick.

- Années 1950 : les terres originaires sont utilisées pour l'exploitation minière, pétrolifère, gazière : menaces sur le mode de vie des autochtones.

- Années 1960 : déclin de la renniculture qui modifie la structure sociale et économique. Les tchouktches le vivent très mal (alcoolisme, suicides)

- Années 2000 : politique de soutien à l'élevage, en 2008 il y a 200.000 rennes (600.000 en 1960)

Cosmovision

Animisme et chamanisme. Chaque objet est doté d'une âme malveillante ou bienveillante.

Un créateur et des dieux qui sont les maîtres (l'univers, l'aube, la voie lactée, l'étoile polaire, le zénith) tous vivent comme des hommes, se marient et font des enfants, habitent les yarangues et travaillent.

Ils peuplent le monde d'En haut et dispensent la tempête, la pluie, le beau temps.

Le chamane plonge dans le sol et va chercher l'esprit de la mort des enfants chez l'esprit des ténèbres.

Le kely est un esprit malin à l'image de l'homme. Il parle mais sa voix est toujours rauque, son corps est couvert de poils, il a une longue langue dont il se sert pour happer les enfants. Son foie est véreux, quand il court on entend un bruit de sabots. Le kely nuit aux hommes en répandant la maladie, il peut chamaniser, jouir du pouvoir de divination.

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La maison

C'est la yarangue, une vaste tente en peau de renne ou en peau de morse. Chaque piquets et parties de cette maison porte un nom bien différent.

- Yarongue : un compartiment à l'intérieur de la yarangue, chauffé à l'huile de phoque et situé au fond de la yarangue face à l'entrée.

- Vaiettyt : les perches à l'entrée

- Utymril : la charpente

- Sottagyn : intérieur de la yarangue

- Renmyn : paroi de la yarangue

- Retem : le toit en peau de renne . Une fois que la peau est bien tannée par les intempéries , on la retire et on en fait des vêtements. Chez les tchouktche maritimes, le retem est fait en peau de morse.

- Revinenet : 2 ou 4 longues perches avec une traverse courbe pour soutenir les perches principales de l'édifice.

- Renottymyt : perches de la partie centrale de la yarangue des 2 côtés de la charpente

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Dans la maison on dort sur une peau de morse par terre, le repalgyn. Le sotsot est un oreiller ou un appui-tête qui se trouve à l'entrée de la yarangue. Il s'agit en fait d'un long sac de peau dans lequel on stocke des habits.

Il existe une tente légère d'été, de faible poids et facile à transporter, l'énétron.

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Coutumes

L'enfant reçoit à sa naissance un chant personnel qui va l'accompagner tout au long de sa vie.

Lorsque le bébé pleure il faut le consoler, le bercer sinon l'esprit malin (le kely) le ferait à la place de la mère et ravirait l'enfant.

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Quelques vêtements

Ils sont en peau de renne ou de phoque mais aussi en fourrure de glouton.

Les bottes

Il y a les syvaryt, les bottes légères pour l'été, les imusit, des bottes à hautes tiges en peau de phoque débarrassé de son poil. Plakyt représente plusieurs types de bottes en peau et fourrure. Les chaussettes de fourrure portées dans les bottes se nomment pamiot.

Les combinaisons

Ils fabriquent une combinaison en fine peau ou tissu qui s'enfile sur la combinaison de fourrure, kemlilun. Les femmes mettent un kerker, une combinaison en peau de renne.

Les chasseurs de mammifères marins portent des habits en peau de phoque. ils sont moins chauds que ceux en fourrure de renne mais plus imperméables et adaptés au mode de vie des habitants du littoral.

Les chiens de traîneau, afin qu'ils puissent affronter le tranchant des glaces à certaines périodes de l'année ont droit aussi à de petites bottes adaptées.

Les peaux sont teintes avec l'aulne, l'ocre et le graphite. La mousse des marais, très douce sert de couche pour les nouveau-nés, de mèche pour les lampes à huile.

Un fanon de baleine taillé peut faire un couteau, un patin de traîneau comme l'ivoire du morse.

L'éleveur de renne porte une "robe" de dessous avec le poil contre le corps et une "robe" de dessus avec le poil tourné vers l'extérieur. Il a deux paires de culottes, un bonnet, des moufles, des bottes intérieures souples sur lesquelles il enfile des plakyt.

Quelques plats

L'alimentation est presque essentiellement carnée.

Qopalgyn : boulettes de viande de morse conservées dans des fosses où elles surissent.

La viande provient selon les groupes de la chair de baleine, du lard, du phoque, du morse.

La viande de renne est séchée et fumée comme le poisson.

Les os pilés de rennes servent à faire une émulsion graisseuse, ypalgyna.

Le bouillon rilgyril se fait avec la masse verte prédigérée contenue dans l'estomac du renne qui vient d'être abattu.

Dans un plat commune en bois peu profond (qemegue) on dispose la viande et pendant que la maîtresse de maison découpe cette viande, chacun se sert avec les doigts.

Prerem est un plat de viande pilée avec de la graisse de renne.

Le fromage

Il est fabriqué avec du lait de renne et le lait est recueilli dans des sacoches en estomac de renne.

L'été la cueillette fournit des plantes et des racines (oseille sauvage, orpin rose)

Sur le littoral, les algues sont récoltées ainsi que les œufs de canard trouvés par les enfants.

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La chasse

L'éplyqytet est un engin de jet constitué d'un manche court et de courroies à l'extrémité desquelles sont fixées des dents de morse. L'engin projeté dans le ciel doit retomber sur un volatile pour le capturer et l'empêcher de voler.

Le phoque se chasse au filet : le chasseur fait un trou dans la glace avec un pic et pose le filet dans l'eau pour capturer le phoque.

Dans la toundra, les hommes chassent le renne sauvage, l'élan, les volatiles, le lièvre pour la viance. Le renard et le glouton pour la fourrure et parfois l'ours et le loup.

Les armes sont fabriquées par les hommes : harpon, croc à phoques, fronde, bola, lance, couteaux, arc, flèches, casques, cotte de plaques en ivoire.

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Mode de déplacement

Habitants du littoral

Ils utilisent pour se déplacer sur l'eau une barques de chasse collective pour la chasse au morse l'été.

Le kayak est individuel et sert surtout pour la chasse au phoque.

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Sur terre ils utilisent un traîneau à chiens.

A l'intérieur des terres

Ils utilisent le traîneau de rennes dont certains sont couverts pour transporter les femmes, les enfants et les vieillards à l'abri.

Il y a un traîneau pour porter les charges lourdes comme la yarangue et les ustensiles courants.

L'été le traîneau est utilisé sur l'herbe pour le transport du bois.

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Elevage du renne

Il faut surveiller sans cesse le troupeau et être très mobile. La transhumance dure toute l'année, en été on parcoure de grandes distances pour chercher de nouveaux pâturages. Les faons naissent au printemps et les mâles sont alors séparés des femelles au lasso. Une fois par an, le troupeau est conduit vers la mer pour que les bêtes s'abreuvent d'eau salée.

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Le rôle de la femme

La femme est toujours à l'ouvrage et son travail est incessant et lourd. C'est elle qui débite les animaux (phoque et renne), elle travaille les peaux pour fabriquer pour les maisons et les vêtements, elle coud les vêtements de toute la famille, entretient le feu, fait sécher la viande, fondre la graisse, prépare les repas. Elle va chercher le bois, cueille les herbes l'été. Les herbes servent a calfeutrer la yarangue et sert également à confectionner des semelles intérieures pour les bottes. Les herbes sont aussi source de vitamines dans l'alimentation. La femme élève seule les enfants et déshabille son mari lorsqu'il rentre de chasse ou de pêche transi de froid.

Les fêtes

La fête de la naissance des faons (kilveï)

Il existe un jeu de ballon avec des balles bourrées de crin de renne sur un terrain qui n'a pas de limites et la partie n'est pas limitée dans le temps. Les hommes bien souvent affrontent les femmes.

Il y a aussi des courses d'attelage de rennes ou de chiens qui sont appréciés particulièrement par les jeunes gens.

Le tambour

Le tambour (jarar) a une peau fabriquée dans l'estomac de renne ou de phoque.

La baguette du tambour est en bois ou en fanon.

La mort

Selon les régions, le corps du défunt est emporté et déposé dans la toundra et recouvert de pierres, hors de portée des bêtes sauvages ou bien, entouré de pierres . Parfois il est recouvert de viande de renne pour que les bêtes sauvages au contraire le dévorent afin qu'il rejoigne plus vite l'autre monde. Dans d'autres lieux, les morts sont incinérés.

La mort d'un peuple

Film tourné pendant 10 ans par Frédéric Tonolli est diffusé sur Thalassa (France3), La mort d'un peuple qui montre la vie des tchouktche et les dégâts occasionnés par l'alcool, l'importance des suicides, l'espérance de vie des hommes qui est de 45 ans.

Parler tchouktche

sources : wikipédia Charles Weinstein

Rédigé par caroleone

Publié dans #Sibérie, #Fédération de Russie, #Peuples originaires, #Tchouktches

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