Indonésie : Le peuple Mentawai

Peuple indigène qui vit dans une des îles de l’archipel des Mentawai dans la province de Sumatra occidental.

Leur nom est celui de l'archipel qu’ils habitent.

Population : 30.000 personnes

Langue : mentawai du groupe sumaritien (langue austronésienne)

Leur île de résidence est l’île de Siberut qui mesure 100 km de long et 40 km de large.

Dans cet archipel aux îles nombreuses, seules quatre sont habitées dont Siberut qui est la plus grandes et les autres plus pettes Sipora, Pagai nord et Pagai sud.

Le climat est équatorial, chaud et humide.

L’île de Siberut est classée réserve de biosphère par le patrimoine mondial de l’unesco en 1981.

Dans les années 50, le gouvernement oblige les peuples indigènes à se sédentariser pour soi-disant les moderniser. Cette politique bouleverse les mentawai tout comme les autres peuples, cela les oblige à quitter leur forêt, leurs grandes maisons traditionnelles et communautaires les uma et à s’installer dans des petites maisons individuelles.

Les uma (maisons communautaires)

Elles avaient un rôle social et religieux pour la communauté car s’y déroulaient les cérémonies d’initiation et les riteuls magiques. Le toit était couvert de feuilles de palmier posées sur une armature en bambou et montée sur pilotis.

A chaque niveau correspondait un étage du monde :

• Entre les pilotis : le monde des esprits malfaisants
• Sur le plancher :le monde des hommes
• Sur le toit : le monde des esprits bienfaisants

Sur le toit était accroche un oiseau magique, messager des hommes et des esprits.

Autour de l’uma se trouvaient des petites maisons de 5 à 10 familles constituant un clan ainsi que des jardins.

Mode de vie

La pêche

Les femmes pêchent des crevettes et des petits poissons avec des épuisettes mais les rivières ne sont pas riches en nourriture.

Elevage

Ils élèvent des porcs et des poulets qu’ils nourrissent avec le sagou. Les mentawai ne mangent pas beaucoup de viande mais cet élevage leur sert de monnaie d’échange par exemple lors des demandes en mariage ou pour se faire tatouer.

• Les fruits, le partage de la nourriture

Ils sont de grands consommateurs de fruits. La nourriture est toujours partagées en commun et de façon équitable à savoir qu’un nouveau-né reçoit la même ration qu’un adulte car il n’y a pas de personnes plus importante que l’autre même selon les fonctions ; les âges etc..

Sur une planche de bois sont déposés les petits morceaux de nourriture à partager.

Le sagou

C’est l’aliment d’importance de la communauté car il permet d’éviter les famines.

Il est mangé enroulé dans une feuille fermée par une ficelle. Le sagou est fait avec la pulpe du sagoutier . Une fois l’arbre abattu, ils prélèvent la pulpe puis la lavent. Le liquide blanc recueilli est mis à sécher pour donner une farine comme une fécule très nourrissante recomposée dans de l’eau.

L'écho des palmiers : Le sagoutier - coco Magnanville

image r Wie146 Metroxylon sagu De la famille des arécacées Origines : Asie, Indonésie, Malaisie, Papouasie-Nouvelle Guinée. L'une des premières plantes utilisées par l'homme dans le sud-est ...

http://cocomagnanville.over-blog.com/2014/09/l-echo-des-palmiers-le-sagoutier.html

image entelle à queue de cochon Hectonichus

Dans la nature de Siberut, il y quatre espèces d'animaux endémiques : le macaque de Subérut(bokkoi en mentawai), l'entelle à queue de cochon (simakobu), l'entelle des Mentawai (joja) et le gibbon de Kloss (bilohu).

Il y a aussi des pangolins, des varans, des pythons, des cerfs, des calaos, le petit-duc de Mentawai qui est un peu plus rare.

La chasse

Elle se pratique souvent lors de chasses collectives avec des flèches empoisonnées. Les cibles préférées : les singes, les varans, les pangolins , les serpents, les cerfs surtout pour les cérémonies.

durians Wie146

L’agriculture

Dans la tradition, les champs de taro appartiennent aux femmes qui les transmettent à leur fille. Le garçon hérite des cocoteraies et des bananeraies. De nos jours, tous les champs et les rizières sont partagés entre les enfants.

Les parcelles sont défrichées en forêt pour la plantation d'arbres fruitiers, du taro, de la canne à sucre, des cacaoyers, des piments, des sagoutiers. Les parcelles cachent un nombreux gibier utile pour la chasse.

Les fruits tiennent une place importante dans l'alimentation : bananes, ramboutans, kepundung, mangues, mangoustans, durians.

Les cérémonies

Les danses sont rythmées par des chants et des instruments de musique, le tambour et le tukudat, un xylophone qui sert aussi dans d'autres occasions à transmettre les messages codés de village en village.

Les hommes se parent de fleurs d'hibiscus et de fleurs et dansent afin d'éloigner les mauvais esprits. Lorsqu'ils ornent leur corps de fleurs, c'est pour que celui-ci plaise à leur âme. Chaque être vivant à une âme et doit être respecté. L'homme n'est qu'un élément parmi tous ceux qui composent la nature.

Les tatouages

Ils se recouvrent le corps de tatouages des pieds à la tête en procédant petit à petit. Les dessins représentent des courbes et des lignes et de la même façon aussi bien pour les hommes que pour les femmes en dehors des bras et des cuisses des femmes qui ne sont pas marqués. Ils utilisent un pinceau, le patit sur lequel est fixée une pointe de laiton. L’encre est fait avec du noir de fumée récupéré sous les marmites et du jus de canne à sucre. Les motifs sont prédessinés sans encre avant d’être ensuite tatouée avec la patit trempé dans l’encre et sur lequel on tape avec une baguette pour piquer la peau. Les significations des tatouages sont liées aux croyances : tout objet est animé et possède une âme capable de sortir de son enveloppe matérielle. Pour empêcher l’âme de sortir du corps et alors être malade ou mourir, ils se décorent la peau. Le tatouage représente également une marque d’identité qui relie la personne à sa famille, à son clan avec des symboles précis. Enfin, il remplace les vêtements et protège comme eux les humains.

Le pagne

Le pagne traditionnel est fabriqué avec des écorces d'arbres découpées en lamelles et trempées dans l'eau et martelées sans les déchirer pour qu'elles restent souples. Ensuite, elles sont mises à sécher au soleil.

Le chaman ou sikerei a les connaissances des plantes qui guérissent. Il empoisonne les pointes des flèches à l'aide d'un poison fabriqué avec des feuilles, des racines, des écorces et du piment. Ce mélange est fabriqué à l'abri des enfants car il pourrait leur donner les idées de le faire et de s'empoisonner. Ce poison tue un sanglier en moins de 5 minutes.

Le chaman est aussi l'intermédiaire entre les hommes et les esprits.

Les mentawai ont fort heureusement été épargnés par le terrible tsunami de 2004, certainement la barrière que constitue la mangrove les a-t-elle protégés ? Ou peut-être leurs esprits come eux, doivent le penser.

Les tremblements de terre consécutifs au tsunami par contre les ont traumatisés. Teteu est l'un des esprits les plus importants, c'est celui du tremblement de terre.

C'est une société sans chef avec pour unique guide le chaman. En effet, chacun sait ce qu'il doit faire et les réunions, le soir venu avec la cigarette dans la bouche servent à s'entretenir les uns les autres des conduites à tenir dans la communauté. Chacun participe et est entendu.

De nos jours après les problèmes rencontrés lors des tentatives d'assimilation, ils sont confrontés à d'autres soucis de notre temps. Les intrusions des compagnies forestières et le tourisme "vert" ou écotourisme qui est un tourisme-voyeur.

Il est lié surtout aux pratiques du néo-chamanisme qui attire les voyageurs en quête d'exotisme et de sensations fortes. L'authenticité des mentawai, leur mode de vie encore préservé, le tatouage "à la dure" sont aussi des raisons qui font déplacer les curieux.

Cela ne sert en rien le devenir d'un peuple bien au contraire et même si l'on se doit de vivre avec son temps, je pense que ce n'est pas le but que d'encourager les gens à aller voir sur place.

Je pense pour ma part, qu'on leur rend bien plus service sur notre territoire et avec nos moyens modernes pour diffuser leurs traditions en demandent le respect pour eux et en diffusant tout ce qui a trait à leurs luttes de reconnaissance.

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Trois vidéos sur le site de l'IRD (Un avenir incertain, Une leçon d'écologie et Une société chamanique ) :

Sources : wikipédia, bali autrement, survival

Images : toutes les images en noir et blanc viennent du tropenmuseum et sont libres de droit (wikimedia, sur la page du peuple Mentawai)