Couleur bleue : Le pastel des teinturiers

image Sarah and Iain

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Nom latin : isatis tinctoria L.

Famille : brassicacées

Origines : Asie centrale, Asie du sud-ouest, Europe du sud-est

Autres noms : herbe de St Philippe, guède, varède, herbe de Lauragais

Pastel qui vient de pasta (latin) = pâte

Les feuilles broyées dans les moulins à pastel formaient une pâte qui était ensuite mise à fermenter et sécher. De cette pâte est venue la désignation de la plante pour sa particularité tinctoriale.

image Dim Grits

C'est une plante bisannuelle pérenne mais à la vie assez courte.

Elle a une racine pivotante, elle est tétraploïde.

Feuilles vert glauque, oblongues et lancéolées, 15 à 20 cm de long.

Petites fleurs jaunes groupées en panicules dressées.

Floraison avril à juin.

Plante mellifère qui attire les abeilles.

Fruits: siliques de petite taille 10 à 20 mm de long, brun noirâtre.

Espèce thermophile.

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image ci-dessous Matt Lavin

imageMatt Lavin

Partie récoltée pour la fabrication de teinture :

La teinture bleue (pastel ou indigo) est extraite des feuilles.

Technique d'extraction en Lauragais jusqu'au XVIIe siècle :

L'opération se déroule sur deux années

Première année

Culture, récolte et production de boulettes de pastel déshydratées, vendues à des collecteurs locaux qui sont des intermédiaires avec les marchands de Toulouse.

Procédé

Récolte des feuilles.

Lavage dans le ruisseau. Une fois sèches, elles sont portées au moulin pastellier pour y être broyées (contre une redevance). Elles sont écrasées pour exprimer une pulpe à l'aide d'une meule à axe horizontal qui tourne dans une auge de pierre. La traction est le plus souvent animale.

image Annielogue

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Après broyage, la pâte est mise à sécher en tas sous un hangar durant un temps variable.

Une fois séché et durci, le pastel est écrasé et mis en boule à la main. Ces boules grosses comme le poing sont nommées cocagnes ou coques dans le Lauragais . On dispose les cocagnes sur des claies pour qu'elles continuent de sécher pendant au moins un ou deux mois.

Quand elles sont dures et sèches, elles sont transportées et commercialisées pour faire la préparation de la matière tinctoriale.

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Deuxième année

Les collecteurs et les marchands de pastel produisent une poudre tinctoriale, l'agranat.

Procédé

L'agranat

Les marchands ont acheté les cocagnes sèches et vont procéder à l'agrenage (en occitan agranar-banhar-virar = moudre-mouiller-remuer)

Les cocagnes sont écrasées avec des maillets ou réduites en poudre dans un moulin.

La substance est aspergée d'eau de la rivière ou d'urine pour favoriser la fermentation.

La pâte est remuée à la pelle régulièrement, on contrôle sa température qui ne doit pas monter trop haut. La pâte émet des bulles et sent très mauvais.

Une fois sèche, la pâte de pastel donne la poudre tinctoriale de couleur noire, l'agranat.

L'agranat est mis en sac ou baril pour le transport et garde ses propriétés colorantes pendant environ dix ans s'il est stocké en lieu sec.

La culture du pastel en Europe décline au moment de l'arrivée de l'indigo des Indes au XVIIe siècle.

Elle disparaît à la fin du XIXe siècle suite au développement des teintures chimiques bleues.

Il n'existe pas beaucoup de teintures naturelles de couleur bleue. Le pastel fut la seule source de teinture bleue qui était disponible en Europe jusqu'au XVIe siècle avant le développement des routes commerciales vers l'Extrême Orient.

Avec le pastel on obtient un pigment naturel utilisé pour teindre d'un bleu grand teint. La teinture est résistante au soleil et au lavage. En peinture le pigment est utilisé dans les beaux arts et pour la peinture décorative, la protection des boiseries. Ses propriétés naturelles sont insecticides et fongicides et apportent protection aux boiseries.

image Llez

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Travail du teinturier

La teinture de cuve réalise une réduction puis une oxydation. L’indigotine est insoluble et la teinture des tissus demande de passer par une forme réduite, soluble pour pouvoir se fixer sur les fibres.

La cuve à l’urine fermentée est propice à la teinture de la laine. Pour utiliser un milieu alcalin (PH10) ont peut se servir de l’ammoniaque en laissant l’urine fermenter pendant deux à trois semaines dans un récipient placé au soleil. Ensuite on y place l’agranat plié à l’intérieur d’un sachet en mousseline et on couvre d’urine fermentée.

Le colorant, l’indigotine

Sa formule brute

C16H10N2O20

(C, carbone, H hydrogène, N , azote et O, oxygène)

L’indigo ou indigotine est une matière colorante bleue violacée qui est extraite de différentes plantes tinctoriales dont le pastel des teinturiers en Europe et l’indigo en Asie.

L’indigotine se présente sous la forme d’une poudre cristalline bleu foncé qui se sublime entre 390°C et 392°C. Elle est insoluble dans l’eau, l’étanol ou l’éther mais soluble dans le chloroforme , le nitrobenzène ou l’acide sulfurique.

hôtel d'Assézat à Toulouse Pom²

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Le Lauragais

Dans un triangle compris entre Toulouse, Albi et Carcassonne, la culture du pastel a coonu une prospérité avec son apogée située au XVIe siècle. La culture offre un siècle d’or au Lauragais (1462 à 1562). Celui-ci alors se couvre de châteaux, d’églises et de pigeonniers.

Au XVIe siècle, Toulouse est la « plaque tournante » de ce commerce avec des princes du pastel aux noms célèbres pour les toulousains : d'Assézat, Bernuy .

image église de Baziège Havang(nl)

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Cette richesse laisse des traces dans l’architecture civile et religieuse du Lauragais et de Toulouse.

Comme une dîme était perçue sur le pastel, des églises du pastel fleurirent : Montgiscard, Nailloux, Baziège.

image pigeonnier de Cintegabelle Roger YCART - 2009

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Les grands propriétaires construisirent de beaux pigeonniers, Cintegabelle, Monestrol.

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Au temps du pastel, Revel fut célèbre pour ses teintureries donnant « la fleurée »et les retombées économiques importantes et l’exportation vers les pays du nord créèrent la légende du pays de cocagne.

Il reste un moulin intact au musée du pastel de Magnin près de Lavaur (Tarn).

Il existe de nos jours des tentatives de remettre la plante à l'honneur pour ses vertus médicinales entre autre.

Un architecte décorateur à Lectoure dans le Gers produit des teintures et des pigments de pastel avec des techniques nouvelles.

image Fry1989

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Quelques bribes du pastel dans l’histoire

….traces remontant au néolithique…Les sépultures du Hallstatt de Hochdorf contiennent des tissus teints au pastel…...les latins et les hellènes ne portaient pas de bleu car c’était la couleur réservée aux esclaves et aux pauvres….les gaulois et les celtes utilisaient cette plante pour bleuir leurs tissus, se parer le visage et le corps ce qui surprit César dès leur rencontre…..Pline parle d’une « chose particulière aux Gaules »……Pompéi fut un centre important de production d’indigo de pastel…..les pictes, une tribu d’Ecosse allaient au combat, nus couverts de peintures de guerre dont le bleu… En France, le développement du culte marial assure la promotion de la couleur jusque dans l’héraldique et les rois capétiens adoptent alors un écu d’azur semé de fleurs de lys d’or en hommage à la vierge….en France, la Picardie (Amiénois et Santerre) est un centre important de la production de guède……en Allemagne, 5 villes du pastel de Thuringe (Erfurt, Gotha, Tennsted, Arnstadt, Bad Langensalza) dont les habitants avaient leurs propres chartes……à Erfurt les négociants en pastel ont financé l’université…….

Il existe un museum du pastel à Toulouse.

Dans le calendrier républicain, le 26e jour du mois de pluviôse était nommé jour de guède.

Sources : wikipédia, un article intéressant sur le sujet Lauragais patrimoine pastel