Namibie : Les himbas

Publié le 10 Juillet 2014

Namibie : Les himbas

image Yves Picq

Autres noms : chimba, tjimba, cimba, ovahimba, luzimba, ovazimba……

Peuple bantou du nord de la Namibie.

Il s’agit d’un groupe apparenté aux héréros

Population :

-10.000 personnes vivent dans le kaokoland

-3000 vivent sur la rive angolaise du fleuve Kunene qui est la frontière avec l’Angola

Langue : du groupe linguistique bantou (les bantous représentent un ensemble d’ethnies couvrant la partie australe de l’Afrique).

Namibie : Les himbas

image Calips

Le kaokoland ou kaokoveld

C’est un bantoustan autonome situé au nord-ouest de la Namibie, regroupant les africains de l’ethnie himba.

Ce bantoustan fut créé à la suite du rapport de la commission Odendaal de 1964 mais il n’eut pas de gouvernement. C’est un territoire désertique à l’ouest et semi-désertique à l’est, très isolé, ce territoire n’a été colonisé que tardivement par les allemands. C’est un sanctuaire pour la flore et la faune.

Namibie : Les himbas

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Histoire

Les himbas comme les bantous sont avant tout à l’origine des agriculteurs sédentaires qui ont acquis la maîtrise du fer.

Ils seraient arrivés ainsi que les héréros au cours des XVe et XVIe siècles au Betschuanaland (L’actuel Botswana).

C’est en fuyant pour trouver un territoire, alors qu’ils sont chassés à plusieurs reprises que les himbas seront contraints d’adopter un mode de vie semi-nomade.

Les himbas ainsi que les héréros sont des peuples venant du Nil en Egypte. Ils seraient des cousins lointains des maasais.

Au cours du XIXe siècle, démunis de leurs troupeaux, ils doivent devenir des chasseurs/cueilleurs ce qui constitue une activité humiliante pour un peuple de pasteurs.

A partir de cette époque les colons les appellent himbas ce qui veut dire « les mendiants ».

Au cours du XIXe siècle toujours, les himbas sont pourchassés par l’armée coloniale allemande ainsi que les heréros. Certains d’entre eux réfugient en Angola.

Dans les années 20, sous la direction du chef de guerre Vita, les himbas retraversent le fleuve Cunene et regagnent leurs terres.

Après 1920, une réserve leur est attribuée par l’Afrique du sud mais ils ne peuvent pas y faire paître leurs troupeaux ni y faire du commerce. Ils y vivent en autarcie et dans une grande misère.

Dans les années 70, les himbas sont les pasteurs les plus riches d’Afrique. Mais la sécheresse qui perdure dans les années 80 puis le conflit armé opposant l’armée sud africaine aux indépendantistes de la SWAPO ont décimé leur cheptel.

En 1990, la Namibie obtient son indépendance mais un projet de barrage sur le fleuve Kunene menace d’inondation les terres des himbas. L’afflux des touristes devient vite un fléau, il se développe si rapidement que les himbas sont confrontés à des choix mettant en péril leur mode de vie traditionnel. Certains d’entre eux s’éloignent des pistes et de la vie nomade, ils vendent les parures de leurs ancêtres aux touristes, parfois même pour obtenir de l’alcool.

Un monde autochtone encore intact risque de chavirer irrémédiablement.

Namibie : Les himbas

image Yves Picq

A la suite de ce rush touristique une association , Kovahimba a été créée en 2006 pour accompagner les himbas ainsi que d’autres minorités ethniques héréros de Namibie pour les aider dans l’apprentissage du monde extérieur afin qu’ils puissent progressivement prendre en charge leur avenir.

Ils ont bien du mal à préserver leur mode de vie, perpétuer une morale rude et frugale fondée sur la présence éternelle des morts incarnés dans leurs troupeaux.

Mode de vie

Les missionnaires allemands n’ont pas eu d’impacts sur les mœurs et les coutumes des himbas comme c’est le cas chez les héréros. Les femmes continuent d’aller leur poitrine nue et ils continuent de croire en leur religion animiste.

Ils ont une passion pour la beauté corporelle et ont le corps aux reflets rouges qui les rendent uniques. C’est parce qu’ils se teignent la peau avec une pommade à base de graisse animale et de poudre d’hématite, otjize. Cet onguent est utilitaire avant tout car il les protège des rayons du soleil, de la sécheresse de l’air ainsi que des insectes.

Hommes et femmes sont vêtus d’un simple pagne en cuir. Ils portent des sandales fabriquées dans des pneus de voiture.

Les cheveux des femmes et des filles sont coiffés avec soin en confectionnant de grosses tresses qui selon leur position sur la tête donne des renseignements sur la situation de la femme (si elle est mariée ou en âge de l’être) elles enduisent également leurs cheveux avec l’onguent rouge.

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images ci-dessous Yves Picq

Namibie : Les himbasNamibie : Les himbas
Namibie : Les himbas

image Lycaon

Leurs maisons sont coniques recouvertes de feuilles de palmier, de terre grasse et d’excréments de vaches.

Les troupeaux

Leur richesse vient de ses troupeaux dont ils tirent le lait, la viande et le cuir. Le cuir sert à la fabrication des ceintures, besaces, couvertures, parures, jupes des femmes.

Le nomadisme des himbas est un excellent système de rotation car ils ne laissent pas leurs animaux brouter plus de la moitié de la longueur des herbes appréciées dans les pâturages. Dès lors, ils changent d’endroit.

Namibie : Les himbas

image Katxijasotzaile

Agriculture succincte

Quelques espaces sont consacrés à la culture autour des villages. Ce sont les femmes qui y travaillent mais essentiellement le mil.

Le tourisme modifie les comportements et apporte des revenus appréciables.

Les chefs

Cette fonction de chef a été introduite par la colonisation, c’est l’une des rares choses qu’ils ont assimilé

.

Les chefs des tribus (headmen) représentent les lignées, ils sont les organisateurs des liens matrilinéaires. Ils sont désignés par l’ensemble du peuple himba ; leur fonction n’est pas héréditaire. Ils sont dépositaires de la tradition, garant des coutumes et des croyances. Ils ont également l’autorité nécessaire pour résoudre les conflits.

Les rituels sont centrées autour d’ un feu sacré qui est sous la responsabilité du chef de l’oruzo.

Filiation bilinéaire

C’est une filiation qui est assez rare chez les peuples, seuls quelques-uns dans le monde y compris les juifs et les touaregs ont cette double filiation.

La vie du clan s’organise autour du duo maternel/paternel : l’aenda de caractère maternel et l’oruzo de caractère paternel. Quand une femme se marie, elle adopte l’oruzo de son mari et part vivre dans le kraal* de celui-ci.

Les femmes transmettent les droits de propriété de d’héritage, ce sont elles qui détiennent les troupeaux. Elles jouent un rôle important dans la société. Chaque individu hérite du sang de sa mère tandis qu’il reçoit les caractéristiques spirituelles du père.

Cette société bilinéaire favorise donc la présence de 2 clans :

  • La mère : droits de propriété et d’héritage
  • Le père : pouvoirs spirituels et politiques
Les clans matrilinéaires

Il en existe 7 répartis sur une grande zone géographique et une origine mythique avec une génitrice commune dont on ne connait pas le nom. Ce sont les filles et les petites-filles de cette génitrice qui ont donné les noms aux clans. Les noms évoquent soit une action commise par la génitrice, soit un élément naturel ou bien un élément du cadre de vie devenant alors objet fondamental des rituels.

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image Foundert

Le Kunene

Dans cette région chaude et aride aux montagnes escarpées, le fleuve Kunene représente l’une des principales ressources en eau pour les himbas en dehors des rivières saisonnières, des sources et des mares qui ne sont formées que lors de la saison des pluies.

‘Tous les Himba sont nés ici, près de la rivière. Quand les

vaches s’abreuvent à son eau, elles engraissent beaucoup

plus que si elles boivent n’importe quelle autre eau. L’herbe

verte, les grands arbres et les végétaux que nous consom -

mons pousseront toujours, près de la rivière. C’est ainsi que

la rivière nous nourrit, c’est son travail.’

Le chef Hikuminue Kapika

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Malgré les réactions de protestation le projet de barrage a été voté en 1997, les travaux devant débuter en 2000. Mais la banque mondiale s’est désengagée, puis la guerre, entre temps a repris en Angola, il y avait d’autres priorités alors pour la Namibie. Depuis, les rebondissements vont bon train mais le projet n’est pas abandonné.

Pour les himbas la construction d’un tel barrage aurait de graves conséquences :

  • Inondation du territoire de plus de mille himbas vivant sur la rive, empêchant 5000 autres d’utiliser les pâturages
  • Détérioration de l’écosystème, des ressources végétales qui les nourrissent
  • Perte des tombes des ancêtres
  • Recrudescence de la malaria et de maladies infectieuses
  • Afflux de travailleurs, problèmes sur la santé et la stabilité sociale
  • Création d’une ville éphémère et de tout ce que cela comporte comme problèmes de crimes et de prostitution

Quelques mots

  • Kraal : enclos pour le bétail et par extension le centre du village.

Un beau documentaire de survival

Sources : wikipédia, matricien.org, association kovahimba, survival

Rédigé par caroleone

Publié dans #indigènes et indiens

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