In memoriam El Viejo

Publié le 18 Avril 2014

In memoriam El Viejo

Quand on a la chance et l'opportunité d'avoir des textes traduits, bénévolement et bien traduits, fidèlement je veux dire pour diffuser les luttes, c'est un cadeau sans nom que nous fait alors le traducteur.

Et il nous faut en avoir conscience quand on diffuse ces textes qui représentent des sommes de travail pour une cause noble portée à bout de bras.

Oui, les traducteurs sont des militants hors pairs et ils participent au tribut de nos luttes, ils en représentent même une partie noble.

Je n'ai jamais eu le courage d'apprendre l'espagnol et je le regrette chaque jour, j'aimerais apporter souvent ma part en traduisant de beaux textes qui passent sous mon nez mais je crois bien que je n'ai plus le potentiel d'apprentissage nécessaire pour le faire...c'est un dilemme que je rencontre chaque jour.

J'attendais d'aller sur place au Chiapas pour apprendre dans une école zapatiste cette langue qui me plait mais que je n'ai jamais approchée lors de mes études mais ce projet est inaccessible aussi.

Aussi, quand je vois disparaître un compañero que je ne connaissais que de nom mais qui m'était cher par son travail apporté sur un plateau et son petit nom tout tendre, El Viejo, je pleure comme si je perdais l'un de mes proches.

Bon voyage cher camarade, j'espère que tu rencontreras là- haut dans les nuages ceux qui humblement continuent la lutte en y croyant toujours.

Caroleone

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Quand une personne vit et meurt en se battant, est-ce qu’elle nous dit par
son absence : « souvenez-vous de moi », « honorez-moi » ou « dépréciez-moi
» ? Ou exige-t-elle de nous : « continuez », « ne vous rendez pas », « ne
flanchez pas », « ne vous vendez pas » ? Ce que je veux dire, c’est que je
sens bien (et en parlant avec d’autres compas, je sais que je ne suis pas
seul à avoir ce sentiment) que ce dont je dois rendre compte à nos morts,
c’est ce qui a été fait, ce qui manque et ce qui est fait aujourd’hui pour
compléter
ce qui a motivé cette lutte.
Sous Commandant Marcos, rembobiner2

El Viejo se fue !

C'est avec une grande tristesse que nous avons appris la disparition de
Patrick Choupaut dont les excellentes traductions des communiquées de
l'EZLN ou du CNI, sous le pseudonyme d'El Viejo, ont alimenté pendant près
de 20 ans la liste francophone du cspcl et son site.
De sa propre initiative, El Viejo a toujours pris sur son temps pour
traduire magnifiquement les communiqués émanant des zapatistes. Solidaire
des zapatistes depuis 94, il a toujours répondu présent à toutes les
initiatives proposées par les comités de solidarité. En 97, lui et son ami
Pascal ont participé à la tournée de Juan Chavez Alonso en le recevant lui
et deux d'entre nous qui l'accompagnions à Rouen : Don Juan, décédé il y a
plus de deux ans était venu en France mandaté par le Congrès national
Indigène pour y rencontrer les luttes pour défendre la terre, en bas, à
gauche.

Ci-dessous, un extrait du compte rendu qu'avait fait Patrick pour le CNI,
à l’occasion de la visite de Don Juan et dans lequel il cite ses paroles.

"Como lo han dicho los zapatistas — y es la misma palabra del CNI — « lo
que hemos aprendido e,s aprender », y eso es apenas el primer paso.
Entonces, eso que estamos construyendo, platicando, explicando, es parte
también importante que aprendemos, y nos vamos a informar y compartir allá
con compañer@s en México las experiencias de todas las luchas que hay acá,
de jóvenes, de mujeres, de organizaciones, y, bueno, en eso consiste la
posibilidad de unir, es una lucha grande, porque la lucha de los hermanos
zapatistas es importante, pero solos, quedarían aislados. "

Buen camino a ti, El Viejo, toi qui a si bien su informer, échangez,
soutenir durant toutes ces années parcourues côte à côte, dirait, avec
nous, Don Juan aujourd'hui !

Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte (CSPCL-Paris)

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L’ami et traducteur qui signait El Viejo nous a quittés en ce mois d’avril 2014. Le site « la voie du jaguar », qui doit tant à sa disponibilité, à son art de traduire et à sa ténacité, salue sa mémoire et se joint à l’hommage que lui rend le compañero SWM.

Honneur au défunt

On ne dira jamais assez l’importance de la traduction dans la tentative de réalisation de l’humanité.

Aujourd’hui encore, on connaît la pensée des Anciens uniquement grâce à des femmes et à des hommes qui ont voulu comprendre et communiquer d’autres pensées, d’autres rivages, d’autres désirs, d’autres volontés…

On a brûlé des livres, on a tué des pensées au nom de la vérité du pouvoir et de l’oppression.

Plus près de nous, des samizdats ont souvent dû être recopiés à la main pour pouvoir être transmis loin des sales pattes des obscurantistes de tous bords.

Pour faire savoir.

De nombreuses personnes, souvent s’improvisant traducteurs et traductrices, ont partout dans le monde œuvré pour contribuer à faire évoluer les mentalités, à faire changer les choses, par simple envie de partager le plaisir ou encore pour soutenir un esprit dans lequel on se reconnaît.

El Viejo était de ceux-là.

Après leur lente organisation dans le secret, la deuxième victoire des zapatistes a été de gagner la bataille de la communication de leur existence et de leur projet : romper el cerco.

Avec d’autres, pas si nombreuses, pas si nombreux, dans le monde, El Viejo a fait résonner la voix des sans-voix. Et il l’a fait avec goût, avec rigueur, avec esprit.

Le pont tendu résiste encore, vingt ans plus tard.

Pas si mal dans ce monde du brouillage permanent.

Je viens lui rendre ce simple hommage, moi qui, comme tant d’autres, ne l’ait connu qu’à travers ses traductions.

Good bye, Old Nick !

Sun with Moon
(anciennement El Caído

Rédigé par caroleone

Publié dans #Devoir de mémoire

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