Brésil : Le peuple Deni
Publié le 8 Avril 2014
image Egon Eck 1985 (image ISA)>
Peuple autochtone du Brésil qui vit dans l’état d’Amazonas entre les rivières Jurua et Purus.
Leur autodénomination : jamamadi
Pour les deni de la rivière Xeruã : jamamadi-deni
Pour les deni de la rivière Cunuia : madiha-deni
Population : 1610 personnes (2014)
Langue : arawá

Localisation et terre indigène deni
Ils vivent dans les municipalités de Itamarati, Labrea et Tapaua .
Les terres autochtones sont situées dans la région séparant le bassin de drainage des deux fleuves Jurua et Purus.
Il y a deux parties :
A l’ouest, 4 villages situés sur la rivière Xeruã : Rezemã, Morada nova, Boiador et Itauba.
A l’est, 4 villages situés au bord de la rivière Cunuia : Cidadezinha, Marrecão, Visagem et Samauma.
Terre indigène
- T.I Deni - 1.531.300 hectares, 1470 personnes, réserve homologuée dans l'état d'Amazonas. Villes : Itamarati, Lábrea, Pauini, Tapauá. 3 peuples y vivent : Deni (langue arawá), Kulina (langue arawá) et isolés du rio Cuniuá.
Histoire
- 1930 : voyage d’inspection de la rivière et ses affluents par un agent du service de protection des indiens. Dans son rapport il mentionne sa rencontre avec différents groupes ethniques qui habitent la région. C’est une tentative d’identification des zones habitées par les indiens sur la Jurua –Purus.
- Années 40 : d’autres expéditions de la SPI mais aucune proposition de régularisation de la situation foncière.
- 1985 : études d »identification et enquêtes d’occupation pour définir les frontières de la zone indigène deni. Aucun mémoire ni document officiel est produit. La zone indigène deni est définie avec une surface totale de 998.400 hectares et un périmètre de 750 km.
- 1992 : la funai en accord avec le conseil missionnaire indigéniste (CIMI) tente de faire approuver les frontières définies en 1985 que les indiens refusent.
- 1992 : premières épidémies suite aux contacts, la rougeole entre autre qui fait des ravages.
- 1995 : campagne de vaccination.
- 2001 : approbation des terres autochtones deni avec cette fois-ci une superficie de 1.530.000 hectares ! le ministère de la justice approuve la zone en tant que possession permanente des indiens.
- 2003 : délimitation des terres. Ce sont les indiens secondés par Greenpeace et une équipe pluridisciplinaire qui les a équipés en matériel adéquat (compas, GPS entre autre, qui ont délimité seuls leur territoire.
image copahu (copaïba)
Selon les recherches de Koop (1983), le mariage préférentiel est le mariage entre cousins croisés : le jeune fille épouse le fils de la sœur de son père ou le jeune homme épouse la fille du frère de sa mère.
Le mariage entre cousins parallèles est jugé comme incestueux car pour eux les frères du père sont considérés comme des pères (abi) et les sœurs de la mère comme mères (ami).
La règle de résidence après le mariage est souvent matrilocale, le mari part vivre dans la famille de son épouse exprimant ainsi une sorte de matrilocalité. Le mari subviendra aux besoins de sa belle famille sauf une petite partie qu’il consacre à sa mère. Malgré cette matrilocalité, la descendance est bien patrilinéaire, les enfants héritent du père. Un groupe familial composé de 3 frères ou plus et leurs familles peut partir créer une autre maison peu éloignée de celle qu’ils quittent.
Au début des contacts avec les blancs dans les années 40/50, les indiens échangeaient des peaux d’animaux (jaguar, sanglier, loutre, tapir, serpent) contre des fusils et des munitions.
Dans les années 50, certains sont engagées dans l’extraction du latex et depuis les années 80 dans l’extraction de l’huile de copahu* et le bois précieux.
Un dépeuplement suit le contact du boom du caoutchouc dans les années 40 en raison de la demande qui a surgi pendant la seconde guerre mondiale et qui provoque un afflux de milliers de brésiliens dans la région de la Jurua-Purus en défaveur des indiens. Sur les terres autochtones deni, en raison de l’absence totale d’assistance de la part de la funai, il y a des abus concernant leur environnement notamment de la part des pêcheurs qui menacent en particulier les espèces en voie de disparition : lamantins, pirarucu (l’un des plus gros poissons d’eau douce au monde, tortues.
L’extraction illégale de bois se fait à l’insu des indiens sur leurs terres. Les espèces recherchées sont le cèdre, le copahu, le laurier, le saboiero (sapindus saponaria au bois dur utilisé dans les constructions), le jacareuba calophylle du Brésil, bois utilisé dans la réalisation de meubles, tonneaux de vin, construction navale).
La compagnie pétrolière d’Etat Petrobras a commencé l’exploration pétrolière et gazière dans l’une des régions les plus isolées d’Amazonie, mettant en danger plusieurs tribus indiennes isolées.
Des sources locales rapportent que Petrobras a installé 15 barges avec des générateurs de grande capacité, des pipelines et des engins miniers sur la rivière Tapauá dans l’Etat d’Amazonas. L’exploration s’effectue à proximité de sept territoires indigènes, dont ceux des Suruwaha, des Banawa, des Deni et des Paumari.
Bien que la Constitution brésilienne stipule que les peuples indigènes doivent être consultés sur tout projet qui affectera leurs terres, Petrobras a négligé de consulter les Indiens concernés de la région. La FUNAI, le département des affaires indigènes du gouvernement, n’a pas non plus été informée du projet d’exploration, alors que les tribus de la région n’ont été contactées que récemment et qu’elles restent encore relativement isolées.
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La face cachée du Brésil : le géant pétrolier Petrobras atteint le cœur de l'Amazonie
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image paxiuba Ruestz
L’organisation politique du village est gérée par des chefs (patarahu) et des chamans (zupinehé). Autrefois ils étaient polygames. Les hommes les plus âgés du village, les imabuté sont des conteurs .pour être chef il convient d’être d’âge mûr, d’avoir de préférence un père qui était chef et un esprit de leadership. Toutefois le chef ne prend pas seul toutes les situations. Il en discute avec tous les hommes adultes du village.
Voir des images des villages et des maisons ICI </em>
Les villages sont occupés environ pendant 5 ans, pour des raisons encore floues elles sont abandonnées mais certainement que c’est pour éviter l’épuisement des ressources naturelles.
Les maisons n’ont pas de murs, elles mesurent entre 1.50 et 3 mètres pour empêcher l’accès des animaux
Les planchers sont en bois et le toit en chaume tissé. La cuisine est rattachée à la construction principale.
Suite aux premiers contacts après 1940, les deni ont subi un sérieux déclin : tuberculose, pneumonie, rougeole ont été identifiées au cours de l’histoire des contacts.
Leur survie a été menacée et en 1992 une épidémie de rougeole a entraîné la mort de 67 indiens dans la période d’un an. Des mesures d’urgence ont alors été mises en place devant ce constat et des campagnes de vaccination entreprises en 1995.
Il y a de nombreux cimetières sur le territoire indigène deni en raison du taux de mortalité important de ce groupe. L’inhumation est assez commune aux peuples d’Amazonie , le défunt est enveloppé dans un hamac et placé dans une tombe d’environ deux mètres de profondeur. Le hamac est lié à l’intérieur de la tombe qui n’est pas recouverte de terre. Au sommet ils mettent des bandes d’écorce d’un tronc d’arbre nommé paxiuba* et ensuite la terre puis une petite maison du style deni.
Il se fait de plus en plus rare chez les deni.
Le chaman ou zupinahé est préparé à sa fonction dès l’âge de 3 ans. Il se différencie des autres hommes par la présence d’une substance (katuke) dans son corps et la capacité à communiquer avec les esprits (tukurima). Katuhe est une cire jaune et épaisse extraite des nids d’abeilles sauvages dans les arbres de la forêt, que mâche le chaman pour avoir des visions et entrer en contact avec les esprits. Ce produit lui donne des nausées, des vomissements, des endormissements au cours desquels son esprit voyage et entre en contact avec tukurima. Il sert donc d’intermédiaire avec les esprits ce qui lui permet d’identifier les causes des maladies et des décès et alors guider la population dans la prévention de ces malheurs. Dans les fêtes le chaman est également chanteur.
image tomate cubiu ou cocona (Dtarazona)
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Ils trouvent ce dont ils ont besoin dans la forêt mais pour survivre il convient d’être mobile pour éviter l’épuisement des ressources.
Elle tient une place très importante dans le système productif deni, c’est une activité très appréciée et exclusivement masculine. Ils chassent les cochons sauvages, les tapirs et les cerfs qui sont pistés durant une journée entière avec l’aide des chiens.
Image ISA
Elle est également très importante et source de protéines surtout au moment de l’été amazonien qui apporte une profusion de poissons. Différentes techniques sont utilisées dont l’arc et les flèches, la pêche à la nivrée avec un poison qui est appelé vekama, la pêche à la ligne avec des crochets qui est une technique apprise des blancs qui leur fournit une grande partie des protéines grâce à différents appâts (vers poissons fruits).
La pêche au poison vekama est utilisée pour pêcher des poissons nommés piau. Pour se faire ils mélangent du poisson avec les larves d’une espèce de guêpe et un peu de farine de manioc,et ils font avec une petite boule en appât. Les poissons mangent cet appât et apparaissent asphyxiés à la surface de l’eau et peuvent être ensuite facilement transpercés.
Les œufs de tortue sont également ramassés le long de la rivière Cunuia pendant l’été amazonien lors de voyages qui durent 8 jours et plus.
Les jardins produisent la principale source d’alimentation végétale. Ils sont divisés en parcelles familiales jusqu’à 15 hectares chacune et tous les ans de nouveaux jardins sont plantés. Les zones comprenant les vieux jardins sont exploités pendant 15 ans pour la cueillette des fruits et la chasse car les animaux s’y rassemblent bien souvent.
L’abattage des parcelles de fait en collectivité en avril et elles sont brûlées en août puis plantées deux semaines plus tard.
Les deni cultivent : plusieurs types d’ignames, du manioc doux, des poivrons, des bananes (plusieurs variétés), des ananas, de la canne à sucre, du coton, du tabac, du tingui (poison de pêche vekama), des patates douces, des noix de cajou des papayes, des corossols, du maïs, des avocats, du taïoba (taro), du cupuaçu (arbre proche du cacaoyer), des cubiu (tomates cubiu= sessiliflorum solanum).
Le tabac est cultivé en grande quantité car il est très apprécié aussi bien des hommes que des femmes. Il est inhalé avec un inhalateur le piri, fabriquée avec un os de cubitus d’un singe.
Les deni récoltent de nombreux compléments alimentaires dans la forêt : des fruits, açaï, bacaba*, buriti (palmier), du miel de plusieurs espèces d’abeilles, des racines, des plantes médicinales, du poison végétal pour la chasse etc…..
L’artisanat
Il est à usage domestique : hamacs en coton, paniers, colliers, bracelets, bagues, sculptures en bois, jouets, arcs, flèches, sarbacanes…..
- Le copahu ou copaïba (copaifera officinalis) est une oléorésine qui exsude du tronc de l’arbre après incision et avec lequel on peut faire une huile qui est cicatrisante et anti inflammatoire.
- Bacaba ( oenocarpus bacaba) : une espèce de palmier de la forêt amazonienne qui produit de nombreux fruits comestibles
- Buriti ( mauricia flexuosa ou palmier-bâche), un palmier qui produit des fruits comestibles mais surtout des fibres pour fabriquer les toitures et des ustensiles.
- Paxiuba (socratea exorrhiza) palmier-marcheur ou palmier-échasses un arbre d’Amérique du sud dont le tronc sert à la construction des maisons.
Source : socioambiantal