Où est passé mon bois d’antan ?
Publié le 11 Mars 2014
Je me suis assise dans la forêt
Et j’ai écouté le chant des oiseaux
Leur son enchante encore mes oreilles
Mais pour combien de temps ?
Un quartier de lune de guingois
Me regarde interrogatif
On dirait qu’elle a terni son opale
Comme si les larmes coulées
Ses sillons avaient délavés.
Un vieux chêne fier et haut
Écarte ses branches faitières comme des doigts
Il semble vouloir décrocher sans y arriver
Les étoiles rieuses et baladeuses
Et pourquoi pas faire rougir la lune trop pâlichonne dans son opaline ?
Le bois des terriers, ce n’est pas la canopée
Ses fourrés sont tailladés
Dans sa fibre on a découpé des trouées
Des chemins piétonniers le traversent à tout va
Un vrai tohu-bohu de branchages jonche son espace de cafouillis.
Le bois des terriers ce n’est pas un taillis touffu
On y a perdu toute intimité
Dans son boulevard forestier chacun s’y croise comme à confesse
C’est un vrai boulevard des Champs-Élysées.
Même le chant des oiseaux est confus
On dirait qu’ils ont peur de perturber
Les bruits de la ville qui à la sortie nous tombent dessus.
Pourtant c’est un petit, tout petit
Hâvre de paix
Le seul endroit où l’on semble entendre le silence
Le seul endroit où les poumons
N’en peuvent plus d’emmagasiner un air presque pur.
J’aimerais retrouver mon bois d’antan
Ses petits chemins croisés de buissons
Ses taillis de ronciers hauts et accrocheurs
De petites plantes qui pouvaient presque passer pour une flore endémique
L’orée du bois dans laquelle je savais où pousse la pimprenelle
Une clairière d’herbe verte pour s’y assoir bien loin du monde
Et quelques envies d’aventure en pensant :
Et si on se perdait ?
Carole Radureau (10/03/2014)
http://Ce texte est libre de droit et diffusé sous licence creative commons