Leaders indigènes : Don Juan Chávez Alonso

Avec son éternel chapeau et son manteau, sa silhouette manque au panorama des luttes dans Notre Amérique.

Cet homme simple et bon, militant infatigable qui savait se trouver au plus près des peuples et des luttes pour leur liberté nous a quitté le 2 juin 2012.

Exceptionnellement, j’ouvre cette rubrique en sa mémoire car fort heureusement son travail et son esprit lumineux continuent de fédérer des luttes et des projets au Mexique.

Ethnie : P’urépecha (Mexique) Communauté de Nurio au Michoacan.

Juan était un activiste communautaire, zapatiste depuis les débuts du mouvement en 1994, militant de l’autre campagne. Il était un paysan, un homme de la terre, il a travaillé comme migrant aux EU, il était également musicien, compositeur et poète

Il est toujours resté fidèle à ses convictions malgré les pressions qui ne manquèrent pas de se faire afin de le détourner de son chemin.

Respecté aussi bien des milieux indigènes, qu’intellectuels, ce sage était un grand homme dont la médiatisation hélas n’a pas permis la connaissance en dehors des soutiens zapatistes et c’est bien dommage. Avec cet hommage, j’espère combler ce manque.

« Nous sommes les Indiens que nous sommes, nous sommes des peuples, nous sommes des Indiens. Nous voulons continuer à être les Indiens que nous sommes ; nous voulons continuer à être les peuples que nous sommes ; nous voulons continuer à parler la langue que nous nous parlons ; nous voulons continuer à penser la parole que nous pensons ; nous voulons continuer à rêver les rêves que nous rêvons ; nous voulons continuer à aimer les amours que nous nous donnons ; nous voulons maintenant être ce que nous sommes ; nous voulons maintenant notre place ; nous voulons maintenant notre histoire, nous voulons maintenant la vérité. »

Juan Chávez Alonso Paroles au Congrès de l’Union, mars 2001, Mexico.

Ses actions

Bien avant le début du soulèvement zapatiste, il était déjà leader de son peuple organisant la défense des terres, leur gestion, se battant pour ne pas laisser son peuple être dépossédé.

-En 1980, il est arrêté pour sa lutte pour la défense de la terre, accusé d’armer sa communauté.

-1987/1988 : il fait partie du front démocratique national et lance le mouvement indigène de la nation p’urépecha qui s’écartera plus tard du chemin de l’autonomie. Juan le quittera pour poursuivre sa tâche avec le CNI.

-1995/1996 : il participe à la première table ronde du dialogue de San Andrès Sacamch’en de Los pobres (Ezln et gouvernement fédéral)

-Il participe à la mise en place de l’autonomie quand le gouvernement fédéral n’entérine pas les accords de San Andrès et que les zapatistes se lancent dans la création de 5 caracoles.

-1996 : il joue un rôle clé dans la création du CNI (congrès national indigène) avec la commandante Ramona

-1998 : participe à la marche des 1111 zapatistes à Mexico

-2001 : marche de la couleur de la terre dont il est le principal orateur avec le SC Marcos

-Janvier 2006 : dans le cadre de l’autre campagne, il parcoure le pays avec Marcos à la rencontre des peuples autochtones du Sonora en particulier

Cucapas et kiliwas, 9000 ans après de Nicolas Défossé - coco Magnanville

Si les mots ont encore un sens, il s'agit bien ici d'ethnocide. Cucapas et Kiliwas sont deux petits peuples qui doivent affronter l'interdiction d'exercer leur moyen d'existence et de survie (en ...

http://cocomagnanville.over-blog.com/2013/10/cucapas-et-kiliwas-9000-ans-apr%C3%A8s-de-nicolas-d%C3%A9foss%C3%A9.html

La rencontre de la sexta, de Juan et Marcos avec les cucapas et les kiliwas

Ses apports à sa communauté

-Une école secondaire technique 69 : première école construite dans un village p’urépecha après la lutte de plus de 100 communautés du plateau.

-Il est à l’origine de la création d’une auberge, d’un auditorium et d’un grand domaine entouré de pins pour y assurer la tradition et l’histoire de son peuple, y organiser des rencontres de médecine traditionnelle et d’agriculture biologique.

Son rêve :

La création d’une université indigène différente de celles construites dans le Michoacan et les reste du Mexique

Mexique : Les purépechas ou tarasques

LES PUREPECHAS Carlos Mota Peuple amérindien habitant le Michoacan et les états limitrophes du sud ouest du Mexique. Anciennement appelés Tarasques, il y aurait selon ...

http://cocomagnanville.over-blog.com/article-mexique-les-purepechas-ou-tarasques-117358732.html

les p'urépecha sur cocomagnanville

La chaire itinérante Tata Juan Chávez Alonso

Un an après la mort de Juan, des organisations indigènes du Mexique et l’Ezln créent la chaire Tata Juan Chávez Alonso :

(..)Au bout d’un an de son absence, avec son souvenir pour compagnie, nous faisons un pas de plus dans la longue lutte pour notre place dans le monde.

Juan Chávez Alonso est son nom.

De son pas nous avons été et nous sommes chemin.

Avec lui, le Purhépecha s’est fait l’itinérant des peuples qui ont donné leur origine à ces terres et les maintiennent.

Tata a été, et il est, parmi les ponts que nous avons bâtis avec d’autres pour nous voir et nous reconnaître en ce que nous sommes et là où nous sommes.

Son cœur a été, et il est, le haut siège d’où nous, peuples originaires du Mexique, nous regardons bien que nous ne soyons pas regardés, d’où nous parlons bien que nous ne soyons pas écoutés, et d’où nous résistons, ce qui est notre façon de cheminer la vie.

Son pas et sa parole ont toujours cherché à se faire l’écho et la haute voix des douleurs et des offenses du Mexique de la cave(..)

Son objectif

Bâtir une tribune d’où les peuples autochtones du continent seront écoutés par qui à l’oreille attentive et respectueuse de leur parole, de leur histoire et de leur lutte de résistance.

sources : salut à don Juan Chávez voix rebelle du peuple p'urépecha, création de la chaire itinérante Tata Juan Chávez Alonso