L’aigle-indien
Publié le 7 Mars 2014
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L’aigle-indien me prends par la main
Il me dit : viens !
Viens avec moi parcourir la terre-orange
Sur ton dos, installe ton carquois
Mets-y toutes les plumes de mes compagnons
L’encre on la trouvera en route dans l’encrier de la vie
Installe ta muse sur ton épaule
Tu es prêtes, alors allons-y !
J’ai perché sur ma tête mon unique plume dressée
Celle qui comme la vigie voit tout et sait tout
J’ai affuté mon regard perçant
Jaune et vif aux reflets d’agate lunaire
J’ai affuté mes serres au tranchant nécessaire
Lissé mon plumage d’un beau camouflage.
Le monde est à nous, le monde fier et fou :
Sur sa surface de peau d’orange grumeleuse
Les fourmis s’y battent toujours plus nombreuses
Elles veulent toutes le pouvoir
Le pouvoir c’est l’avoir par la force
Les faibles, elles, emportent dans la tombe
Leurs maux leurs misères leurs espoirs :
Les maux jamais ne guériront
Si les fourmis continuent sans cesse d’alimenter la fourmilière.
Sur les eaux cobalt et vif-argent
Le remous sans cesse apporte les déchets :
Déchets des hommes sales et impurs,
Petites carcasses des oiseaux trop tôt péris dans les tempêtes,
Oiseaux et hommes fragiles
S’emportent comme fétus de paille.
Nous survolerons des guerres et des famines
Des prises de pouvoir par la force
De sombres nuées qui tracent leur vermine
Avec une énergie sinistre et décuplée.
Au-dessus des forêts tropicales
Nous enregistrerons les sons de la nature
Les paroles des oiseaux nos frères
Des singes hurleurs et des jaguars aux aguets
Paroles en cris dans la sombre canopée
Cris d’amour et cris d’appel
Brouhaha de jungle, exotisme naturel
La voix de la selva nous appelle :
Répondons à son écho !!
La lune-agate envoie son reflet à la terre-orange ;
Elle est pure, pâle dans la lueur solitaire
Elle est lac aux eaux translucides
Blancheur éclatante de la pierre de calcaire
Elle reflète la terre dans sa nature intacte
Bien avant que l’homme souille sa parure.
Sa peau se flétrit se déshydrate
Si vite qu’elle en perd sa vérité
Sa chair se rétracte sous la pression furieuse
Au forceps on tire ses pépins des alvéoles sacrées
La terre-orange perd peu à peu ses maigres vitamines
Les fourmis sur son dos l’alimentent qu’en sang
Le sang ne fertilise pas les planètes –agrumes
Il sature les membranes et quand elles déborderont
Il ne fera pas beau être dans la coupe pour recueillir sa lie.
Perchée sur mon aigle-indien
Ma muse prend note, elle en perd son latin
Si la plume de retour trempée dans le jus de notre orange
Sait écrire le sinistre destin
Qu’elle le fasse ou se taise à jamais
Les messagers jamais ne sont perçus comme tels
Les fourmis doivent devenir rebelles
Pour écrire le destin à l’envers
Freiner tant qu’il est temps
Que le temps s’inverse et que les tyrans périssent
Que le temps reprenne dans ses mains les clés
Et les mettent bien au chaud dans le cœur pur
D’un aigle-indien gardien de l’éternité.
Carole Radureau (07/03/2014)
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