Communiqué de l'Ejido San Sebastián Bachajón : assassinat de Juan Carlos Gómez Silvano
Publié le 26 Mars 2014
L'EJIDO DE SAN SEBASTIAN BACHAJON ADHERENT A LA SIXIEME DECLARATION DE
LA SELVA LACANDONA, DENONCE L'ASSASSINAT DE JUAN CARLOS GÓMEZ SILVANO
Aux compañer@s adhérents à la sixième déclaration de la Selva Lacandona
Aux médias de communication de masse et alternatifs
Aux Conseils de Bon Gouvernement
A l’'Armée Zapatiste de Libération Nationale
Au Réseau contre la Répression et pour la Solidarité
Au Mouvement « Justice pour le quartier / El Barrio » de New York
Aux défenseurs des droits humains mexicains et internationaux
Au peuple du Mexique et du monde
Compañeros et compañeras de lutte, le vendredi 21 mars 2014, aux environs
de 9h du matin notre compañero Juan Carlos Gómez Silvano a été pris dans
une embuscade et cruellement assassiné de plus d'’une vingtaine de tirs
d’'arme de gros calibre, alors qu’'il conduisait son pick-up de transport,
au niveau du carrefour de San José Chapapuyil, en direction de la
communauté autonome « Virgen de Dolores », fondée par notre organisation
en 2010.
Au moment de son assassinat, Juan Carlos avait vingt-deux ans et avait la
charge de coordinateur régional de la Sixième Déclaration de la Selva
Landona de l’'ejido San Sebastián Bachajón, et il était père d’'un bébé de
six mois.
Des policiers de la municipalité de Chilón et de la police de l’'Etat
préventive de l’'Etat du Chiapas sont arrivés sur les lieux des faits, où
ils ont commencé à prendre photos et vidéo du corps de notre compañero,
sans respect pour le défunt et pour sa famille. Le ministère public de
Chilón fit alors savoir qu’'ils allaient emmener le corps pour pratiquer
une autopsie, mais nous ne l’'avons pas permis, parce que notre coutume
est ainsi, raison pour laquelle nous l’'avons emmené pour son repos dans la
communauté de Virgen de Dolores, pour lui faire ses oraisons funèbres.
Depuis que nous avons fondé les communautés de Nah Choj et de Virgen de
Dolores en 2010, notre organisation a été harcelée à divers moments par
l’'armée et par la police fédérale préventive. Ils menacent de nous
expulser sous la pression de ceux qui se disent être propriétaires, dont
parmi eux un ex-président de la municipalité de Chilón, en provoquant la
division et l'’achat avec leurs miettes des consciences de quelques
ex-compañeros comme Carmen Aguilar Gómez Primero et son fils Carmen
Aguilar Gómez Segundo qui, quand ils se sont vendus à Noé Castañon,
secrétaire du gouvernement du Chiapas de Juan Sabines Guerrero, se sont
organisés pour nous expulser de notre guichet d’'entrée [aux cascades
d’Agua Azul, ndt], et pour nous spolier de nos terres, avec la complicité de
l’'ex-commissaire ejidal de San Sebastián Bachajón Francisco Guzmán Jiménez
(alias el goyito).
Le mauvais gouvernement veut en finir définitivement avec nous en
assassinant nos compañeros, comme il l’'a fait le 24 avril 2013 contre Juan
Vázquez Guzmán, en utilisant ses tueurs à gages paramilitaires, qui en
toute impunité, de nuit comme de jour, sont capables d’'assassiner vilement
nos compañeros qui travaillent et luttent pour construire un monde où
puissent tenir plusieurs mondes, et qui résistent au jour le jour aux
attaques du système capitaliste qui veut nous faire disparaître pour
récupérer notre mère-terre, l’eau, les rivières, les cascades et tout ce
qui lui sert pour faire plus d’'argent, au prix de notre vie et de notre
souffrance.
Les véritables délinquants, assassins et corrompus sont les politiciens
des partis qui, assis sur leur siège de gouvernants, bien qu’'étant à leur
poste grâce à la fraude et à l’'achat de votes, considèrent qu’'ils sont
les propriétaires et seigneurs de ce qui existe sur nos terres. Chaque
jour ils veulent devenir un peu plus riches et ils s'’en foutent du nombre
d'’indigènes qu'’il faut tuer pour y arriver. C'’est le cas entre autres du
président municipal de Chilón Leonardo Guirao Aguilar, du parti vert
écologiste, un des responsables de la spoliation de nos terres, qui a
financé l'’achat des armes du groupe armé dirigé par Carmen Aguilar Gómez
Primero, Juan Alvaro Gómez et Manuel Jiménez, qui ont expulsé nos
compañeros du guichet d’'entrée en février 2011.
Notre organisation a eu la dignité de continuer à se maintenir debout pour
lutter et défendre son village, bien que nous ayons eu beaucoup de
compañeros incarcérés et assassinés, nous n'’avons pas peur parce que nous
sommes sur le chemin suivi par nos grands-pères et nos grands-mères, nos
ancêtres nous ont donné la sagesse pour lire les signaux de la vie et ceux
des temps, les mauvais gouvernements vont et viennent, mais nous les
villages qui avons résisté, nous sommes debout pour lutter, et nous
continuerons quoi qu’'il en coûte.
C’est ce qu’'un jour a dit notre compañero Juan Vázquez Guzmán : notre lutte
est pour la vie de notre village, parce que nous voulons continuer à être
ce que nous sommes. A presque un an de l’'assassinat de Juan Vázquez
Guzmán, le mauvais gouvernement envoie ses assassins blesser notre
communauté Virgen de Dolores, qui est née de beaucoup d'’efforts et de
sacrifices, mais où aujourd’'hui les milpas et les fruits de la bonne
mère-terre croissent et donnent de quoi manger à nos enfants. Le compañero
Juan Carlos Gómez Silvano a été partie prenante dans la fondation et la
construction de l’'autonomie de la communauté Virgen de Dolores, sa
participation et son travail pour l’'organisation et la communauté ne vont
jamais s'’oublier, parce que nous l’'emmenons avec nous dans nos cœœurs.
Manuel Velasco Coello et Enrique Peña Nieto se trompent s’'ils pensent en
finir avec nous avec la violence et la répression, notre organisation est
prête pour résister et continuer à construire l'’autonomie qui a été niée
par la loi et par les faits aux communautés indigènes.
Nous saluons toutes les démonstrations de solidarité et de soutien à notre
lutte de la part d'’organisations mexicaines et internationales. Nous les
hommes et les femmes de San Sebastián Bachajón nous voulons vous dire que
nous sommes attentifs aussi à votre parole et à votre lutte : depuis notre
géographie nous maintenons notre poing levé en solidarité avec vous.
Depuis la zone nord du Chiapas, recevez une embrassade combative.
Jamais plus un Mexique sans nous.
Bien à vous
Terre et liberté !
Zapata Vive !
¡Hasta la victoria siempre!
Presos políticos ¡Libertad!
¡Juan Vázquez Guzmán Vive, la Lucha de Bachajón sigue!
¡Juan Carlos Gómez Silvano Vive, la Lucha de Bachajón sigue!
¡Non à la spoliation des territoires indigènes!
(trad. siete nubS)