Colombie / Brésil : Les ethnies du rio Vaupès II

Publié le 14 Février 2014

image indien tukano
Histoire et mode de vie

image révolte Cabanagem

Histoire
  • XVIIe siècle : premiers contacts à l’embouchure du rio Negro (1639), saignée démographique des populations de la région (esclavage et épidémies en cause)
  • 1740 : grande épidémie de variole, commerce des esclaves
  • 1749 : grande épidémie de rougeole
  • 1757 : une révolte indigène importante est menée par les chefs de la ville de Lanalonga contre les missionnaires sur le moyen rio Negro
  • 1763 : épidémies de variole et de rougeole
  • Moitié du XVIIIe siècle : le gouvernement portugais retire le « pouvoir temporel » aux missionnaires
  • Début XIXe siècle : évangélisation de la région du rio Negro par les carmes, les capucins et les franciscains avec l’aide de l’armée
  • Au cours du XIX e siècle : le gouvernement de la province de l’Amazonas tente de convaincre les indiens d’abandonner leurs habitations dans les zones difficiles d’accès. De nombreux indiens sont impliqués dans les activités d’extraction de la salsepareille et du caoutchouc : rébellions des indiens, répressions violentes.
  • 1835 à 1840 : révolte populaire au Brésil, Cabanagem qui atteint le rio Negro : répression des rebelles, reconstruction des forts détruits par les indiens
  • 1840 à 1842 : retour de l’armée, revers des relations entre indiens et non indiens
  • 1883 : retour des activités des missionnaires franciscains sur la rivière Uaupès. Les indiens doivent se tenir à disposition des missionnaires qui tentent d’éradiquer les chamans locaux.
  • Octobre 1883 : révolte des indiens contre les missionnaires et leurs exactions, expulsion des missionnaires franciscains
  • 1914 : de nouveau des activités missionnaires et l’arrivée des salésiens. Ils profitent de l’état de soumission et de peur dans lesquelles ils trouvent les indiens, cherchant à détruire toute forme de manifestations culturelles des peuples.
  • Début 1970 : dictature militaire, « modernisation » de l’Amazonie, grands projets dont la transamazonienne
  • 1971 : les dirigeants autochtones de la rivière Tiquié supérieure et Uaupès, encouragés par les missionnaires catholiques exigent la démarcation de leurs territoires. La funai ne se presse pas de répondre à leur demande.
  • 1972 /1975 : installation des postes de la funai, arrivée de personnel militaire de l’ingénierie et de la construction ainsi que les travailleurs des entreprises pour la construction de la BR307.
  • 1979 : trois zones sont démarquées : Pari-Cachoiera, Iauareté et Icana-Airai
Années 1980 : l’arnaque du PCN (projet Calha norte) :

Dans le cadre de la programmation économique et militaire qui doit affecter la frontière nord amazonienne et avec l’appui de la funai, les terres des indiens tukano orientaux, yanomamis, arawak et maku sont morcelées en 19 et 14 petites aires indigènhes discontinues et le reste du territoire traditionnel (71.5% et 61%) est transformé en « expropriation écologique » en la constitution de 11 forêts nationales pour le cas du haut rio Negro. Plusieurs leaders indigènes mettent à profit l’article 129 de la constitution de 1988 et dénoncent au ministère public cette spoliation territoriale dont ils sont victimes et demandent d’urgence la démarcation de leurs terres sous forme d’une aire indigènes continue de 8.150.000 hectares. Le ministère public intenta une action judiciaire en leur faveur. (source)

1987 : création de la FOIRN ( fédération des organisations autochtones du rio Negro) http://www.foirn.org.br/

seringuero image

  • 1990/1992 : le ministère public reconnait l’occupation traditionnelle des indiens du haut rio Negro à une zone continue et abroge les décrets qui ont été créé les 14 zones autochtones et les 11 forêts.
  • 1996/1998 : la funai renonce à la tâche administrative de la démarcation des territoires et la FOIRN qui a été créée par les indiens demande à l’ISA d’assurer cette tâche. Projet pour consolider la démarcation, plan pour la protection et la fiscalisation de la région.
  • Avril 97 et avril 98 : démarcation et ratification des 5 terres délimitées par le ministère de la justice.
  • 1983 : découverte de l’or dans les montagnes Traira par les indiens tukano, fièvre de l’or, arrivée des orpailleurs etc…..les compagnies minières envahissent les monts Traira et la région de l’Icana supérieure.
  • Fin du XXe siècle : boom du caoutchouc qui accentue la pression sur la main d’œuvre amérindienne qui est emmenée de force par les seringueiros dans les régions dotées en hévéas. Le mode de vie traditionnel est déstructuré, les familles retirées des malocas et mises à l’écart dans des sitios.

La FOIRN et les associations affiliées se concentrent sur des travaux basés sur l’ethno développement à long terme de la région : fiscalisation des entreprises, protection du territoire, expression culturelle des ethnies, durabilité des communautés autochtones (gestion, agroforesterie, pisciculture, commercialisation des œuvres d’art, écoles autochtones, formation d’agents de santé….)

Agriculture
Le manioc

Après avoir abattu la parcelle choisie à la machette ou à la cognée, le bois est laissé à sécher quelques semaines puis il est brûlé ce qui fertilise le sol.

C’est la femme qui plante les boutures de manioc, nettoie la parcelle, récolte plus tard.

Les racines sont transportées dans une hotte, elles sont lavées, épluchées, râpées sur une planche avec des pointes en pierres. La pâte obtenue est rincée dans un tamis en vannerie. La fécule ou amidon est pressée pour en extraire l’acide prussique qui est toxique. La femme confectionne une galette qu’elle met à cuire sur une grande plaque chauffante. Avec le manioc les indiens fabriquent de la farine, de la chicha (boisson faite avec la farine et de l’eau), du manikwara (boisson sucrée faite avec l’eau de rinçage du manioc et qui est comme une friandise), le mingao (une bouille chaude et épaisse).

Sur les parcelles sont cultivés aussi le maïs, les bananes plantain, les ignames, les patates douces, les ananas, la canne à sucre.

La chasse

Les animaux chassés par les hommes sont dépecés par la femme. La viande est bouillie avec du piment ou bien boucanée. Les espèces chassées sont les singes laineux, les oiseaux, les pécaris, qui sont chassés soit à la sarbacane soit au fusil.

Règles de vie

Les groupes sont patrilinéaires (filiation par le père) et exogames. Les enfants appartiennent au père et parlent sa langue mais ils devront se marier avec des groupes parlant d’autres langues.

Dans la maloca vit un groupe d’hommes étroitement liés, les enfants du même père ou de plusieurs frères avec leurs femmes et leurs enfants. La femme qui se marie quitte la maloca et part vivre avec son mari. Ce sont les aînés qui bien souvent sont les chefs des malocas.

La parenté est celle d’un système dravidien entre cousins croisés.

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La maloca, lieu de vie

Dans la maloca vit un groupe d’hommes étroitement liés, les enfants du même père ou de plusieurs frères avec leurs femmes et leurs enfants. La femme qui se marie quitte la maloca et part vivre avec son mari. Ce sont les aînés qui bien souvent sont les chefs des malocas. La maison longue est divisée en plusieurs compartiments latéraux occupés par une famille nucléaire. Le chef du groupe vit dans le compartiment le plus proche de la paroi arrière de la maison, ses jeunes frères mariés dans les compartiments contigus de l’arrière et l’avant de la maison, les hommes célibataires accorchent leurs hamacs à la poutre centrale de la maloca.

C’est un habitat communautaire traditionnel chez les peuples de l’Amazonie. Les missionnaires, longtemps ont essayé de les détruire et certains villages ont été abandonnés.

image ISA (+ d'autres images d'artisanat)

Réseau d’échange, commerce et spécialités

Dans le réseau d’échange commercial quelques peuples sont renommés pour leurs réalisations :

  • Les tukano pour les bancs et les tabourets en bois
  • Les desana pour les paniers
  • Les kubeo pour les masques funéraires
  • Les tuyuka et les bara pour les canoës

L’artisanat sert aussi de moyen d’échange pour l’achat de produits industrialisés.

La naissance et la mort

Les femmes ne donnent pas naissance aux enfants dans la maloca mais dans un roça situé dans les terres, derrière la maison. Le nouveau-né est baigné dans la rivière puis il entre dans la maloca par la porte des femmes. Pendant une semaine il reste confiné avec sa mère et son père puis on le baigne à nouveau et on lui donne un nom.

Les groupes de langue tukano orientale croient en la réincarnation. Après la mort, une partie de l’âme du défunt retourne à la maison de transformation qui est le site d’origine du groupe. L’âme, plus tard revient dans le monde des vivants pour être reliée au corps du nouveau-né lorsque celui-ci reçoit son nom.

Les noms qui se transmettent de père en fils pérennisent alors l’héritage et l’immortalité des ancêtres.

Les coiffures de plumes portées par les danseurs lors des cérémonies représentent l’aspect visible des non-âmes et sont enterrées avec les morts ainsi que d’autres objets rituels. Les morts sont enterrés dans les canots car les âmles doivent suivre la rivière des enfers en dessous de ce monde.

Sources : socioambiantal

Rédigé par caroleone

Publié dans #indigènes et indiens, #Brésil, #Colombie

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