Leaders indigènes : Comandante Ramona
Publié le 11 Février 2014
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Après l’article consacré à Tata Juan Chavez, voici celui-ci qui est également à titre posthume.
Mais le travail de leader de ses deux indigènes fédère encore et toujours les énergies, ce pourquoi ils sont immortels.
Comandante Ramona
Révolutionnaire zapatiste, défenseure du droit des femmes
Ethnie : tzotzile (Chiapas, Mexique)
Petite par la taille mais grande par les valeurs humaines, Ramona fait partie des touts débuts du mouvement zapatiste.
Membre du CCRI (comité clandestin révolutionnaire indigène) elle est un symbole d’égalité et de la dignité des femmes autochtones ainsi que des femmes pauvres.
Loi révolutionnaire pour les femmes
Avec la major Ana Maria elle parcoure les territoires indigènes pour consulter les femmes et leurs demandes afin de rédiger par la suite la loi révolutionnaire sur les femmes.
La loi révolutionnaire des femmes a grandement accru la participation des femmes dans le processus de la lutte zapatiste. Leur participation de plus en plus importante se porte sur des charges politiques, des rôles de conseillères et de coordinatrices afin d’assurer le suivi et la résolution des conflits.
Même si depuis des barrières conformistes restent encore à tomber dans ce pays machiste, c’est quelque chose que de voir ces avancées progressistes et féministes venant de ceux qui sont sans visage et sans existence (pour le gouvernement).
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Porte-parole de l’Euzèdélaine
Ramona de sa voix douce, son passe-montagne sur le visage, son huipil maya brodé, sera la porte parole des zapatistes en février 1994 lors des dialogues de paix avec le gouvernement.
Deux ans plus tard elle est envoyée également pour participer au CNI (congrès national indigène) qui se tient à Mexico et pour lequel les autorités mexicaines ont interdit les zapatistes.
La maladie puis la mort
Ramona malgré son cancer en phase terminale continuait de courir les routes pour se mettre au service de la cause indigène. Elle était atteinte d’une tumeur au rein pour laquelle il a fallu une mobilisation importante et une campagne de fonds pour la faire hospitaliser.
Cette chirurgie lui offre une décennie à vivre qu’elle utilisera pour le mieux.
Il faut savoir qu’au Mexique, au Chiapas en particulier les conditions sanitaires et l’accès aux soins sont plus que médiocres, d’une part à cause du désintérêt de l’état pour ces populations, d’une autre part, à cause des difficultés d’accès.
Ramona par la voix de Marcos
Ramona disparaît au cours de l’Autre campagne le 6 janvier 2006.
« Je veux vous demander respectueusement de ne pas m’interrompre avant que je finisse….On vient de me dire que la commandante Ramona est décédée ce matin….Le monde a perdu l’une de ces femmes qui accouchent des nouveaux mondes. Le Mexique a perdu l’une des combattantes dont on a tant besoin. Et nous, on nous a arraché une partie du cœur. » a dit Marcos.
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Loi révolutionnaire des femmes
Premièrement – Les femmes sans distinction de race, de croyance, de couleur ou d’appartenance politique ont le droit de participer à la lutte révolutionnaire aux lieux et degrés que déterminent leur volonté et capacité.
Deuxièmement – Les femmes ont le droit de travailler et de percevoir un juste salaire.
Troisièmement – Les femmes ont le droit de décider du nombre d’enfants qu’elles désirent et dont elles peuvent s’occuper.
Quatrièmement – Les femmes ont le droit de participer aux affaires de la communauté et d’y remplir des fonctions officielles si elles sont librement et démocratiquement élues.
Cinquièmement – Les femmes et leurs enfants ont droit à une ATTENTION PRIORITAIRE concernant la santé et l’alimentation.
Sixièmement – Les femmes ont droit à l’éducation.
Septièmement – Les femmes ont le droit de choisir librement leur conjoint et de n’être pas mariées de force.
Huitièmement – Aucune femme ne pourra être battue ou physiquement maltraitée, que ce soit par sa famille ou par des étrangers. Les délits de viol ou de tentative de viol seront sévèrement punis
Neuvièmement – Les femmes pourront occuper des fonctions de direction dans l’organisation et obtenir des grades militaires dans les formes armées révolutionnaires.
Dixièmement – Les femmes auront tous les droits et les devoirs inscrits dans les lois et les règlements révolutionnaires.
Le texte est adopté en mars 1993 et rendu public début 1994 quelques mois avant le début du soulèvement zapatiste. Cette loi selon le SC Marcos a marqué la première insurrection zapatiste gagnée par les femmes.
Message de la commandante Ramona le 25 février 1995
Au début, nous demandions démocratie, justice et dignité ; maintenant nous demandons aussi la paix. Nous nous préparons au dialogue, c’est pourquoi nous voulons que l’armée retourne à ses casernes ; que les enfants, les femmes et les hommes qui se sont réfugiés dans les montagnes retournent à leurs communautés pour continuer à travailler pour un avenir meilleur.
Nous demandons encore une fois au peuple du Mexique de ne pas nous oublier, de ne pas nous laisser seuls, de nous aider à construire la paix que nous voulons pour tous. Nous vous demandons aussi de protéger le tatik * Samuel, qui connaît si bien notre douleur, qui a tant lutté pour la paix. Je veux que toutes les femmes se réveillent et ressentent au cœur la nécessité de s’organiser ; ce n’est pas en se croisant les bras qu’on construira le Mexique libre et juste dont nous rêvons tous : démocratie, justice, dignité et paix. Vive l’armée zapatiste de libération nationale !
- Le petit père Samuel Ruiz Garcia, l’évêque de San Cristobal de las Casas.
Source Ya basta ! Tome 2
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Les tzotziles " Hommes capables de voler sous le sol, pour qui il n'y a pas de milieu ni grands ni impossibles, le regard tendu, jaillissent en vol, gladiateurs, redoutables. " Miguel Hernandez ...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2013/10/mexique-les-tzotziles.html