De ponts en passerelles
Publié le 4 Février 2014
image Thomas Schoch
Je bâtirai de mes mains la passerelle de lianes tressées
pour unir les peuples
et non les diviser.
Je tendrai ma calebasse de maté au touareg assoiffé.
Il savourera l’amertume des peuples de Notre Amérique
leurs douleurs à eux, leurs souffrances quotidiennes ;
eux-mêmes en buvant le thé à la menthe des oasis perdues
prendrons leur part de souffrances des déserts qui s’avancent.
Je tisserai une nappe aux multiples couleurs.
Ses dessins mayas porteurs de l’histoire millénaire
crieront leur vécu comme ils le firent dans la pierre,
et dans un glyphe élaboré
je dirai tout ce que le monde n’a jamais encore dit.
Sur la blanche glace de la cordillère patagone
je partirai à l’assaut des sommets de la Terre de feu ,
main dans la main avec le guerrier papou chaudement vêtu,
je lui raconterai l’histoire des peuples sacrifiés ,
de ceux qui nageaient dans l’eau glacée
et qui périrent dans des cages comme des animaux de foire.
Dans le bush aux herbes folles et séchées par le vent austral
je partirai à la découverte des dessins aborigènes.
Leur histoire si riche méprisée par l’homme blanc
je la réciterai aux enfants roms dans l’école de la vie
et celle de ces enfants perdus d’une Europe qui ne sait plus qui elle est,
je l’écrirai sur un poème à apprendre par cœur.
Quand la flèche lancée du fin fond de l’Amazonie
se plantera sur le sol des Premières nations,
elle vibrera de son autonomie, de sa fibre chamanique
et de son ultime question :
si les peuples unissaient leurs mains et leurs histoires jumelles
sur leurs flèches un logo unique une sorte de Ya Basta !
si les peuples et ceux qui s’en réfèrent
dans une même supplique,
tiraient les projectiles, tous ensemble dans le même sens :
la cible perforée en de multiples points
chute et ne se relève point.
Carole Radureau (04/02/2014)
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