Chansons reprises : Nuit et brouillard
Publié le 16 Février 2014
Cette chanson écrite par Jean Ferrat en 1963 est tout d'abord un hommage aux victimes des camps de concentration nazis de la seconde guerre mondiale.
Pour Jean Ferrat, elle éveille également un écho douloureux car son père qui était juif émigré de Russie fut séquestré dans un camp à Drancy puis déporté à Auschwitz ou il périt.
Nuit et brouillard subit la censure française à l'heure où la réconciliation avec l'Allemagne était d'actualité et sous l'influence de l'Elysée, le directeur de l'ORTF, Robert Bordaz suivit les directives à la lettre.
Pourtant, un dimanche midi elle sera diffusée dans l'émission Discorama de Denise Glaser et ce sera le succès immédiat. Le disque se vend à plus de 300.000 exemplaires, en pleine vague florissante des "yéyés".
Jean Ferrat reçut le Grand prix du disque de l'académie Charles Cros pour cette chanson.
Les paroles de la chanson puis une petite sélection de ses interprètes.
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Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent
Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été
La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs
Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir
Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou
D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux
Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues
Les Allemands guettaient du haut des miradors
La lune se taisait comme vous vous taisiez
En regardant au loin, en regardant dehors
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers
On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours
Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire
Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare
Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter ?
L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été
Je twisterais les mots s'il fallait les twister
Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez
Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent
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Jean Ferrat ~ Nuit et Brouillard
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La version de Jean Ferrat
La version de Claude Vinci