Raison d'être
Publié le 2 Janvier 2014
La terre était bien cruelle, il y manquait la magie,
le monde des hommes avec son capital
bien trop triste et sauvage à merci.
Le poète en la geôle puisait ses mots dans le froid des barreaux
l’injustice sa complice dessinait les majuscules
des phrases
au pouvoir profond plus profond que la cellule.
Au cœur de la Commune sanglante
d’une main la baïonnette de l’autre la muse ébahie,
les textes creusaient à fond dans la folie des hommes
la substance de glaise la puissance du cri.
Le soldat la tête sous le casque embourbé des tranchées
en sa mémoire savait retenir la rime de la fin.
Les lettres en la parole donnée ventre creux
obus jaillissant plus les tripes du voisin
il écrivait en morse afin de se rappeler le lendemain,
ses mains emplies de sang en mimaient le dessin.
Dans la solitude de l’exil le pays était beau
d’un coup ses frontières sentaient le parfum du sacré,
la rime en exil portait haut le drapeau
de la patrie bien trop tôt quittée.
Au sein du maquis sous les coups des fusils
il écrivit alors sa prose de combat en habit de feuillets d’effroi.
La poésie qui s’habille des haillons de l’épuration
pioche au-dedans de son humanité sans faille
la force d’écrire la leçon du présent
pour en habiller les générations volées.
Ecrits de mémoire, poèmes de lutte, de peur, d’horreur
maux signés à l’encre de tripes et à la bise de l’amour infini
jamais plus beaux écrits que ceux des muses,
compagnes des écrivains improvisés sous le feu du conflit.
La muse généreuse ne fait jamais la buse
quand le poète l’appelle elle arrive en courant.
La muse jamais ne trouve d’excuse
pour parapher la poésie de tous ses bras puissants.
Chaque jour j’écris et je m’écrie en mon cœur
comme la vie serait grise sans ce précieux réconfort.
Chaque jour je me dis et j’y songe bien plus fort
l’union des poètes telle une chaîne en ce monde
nécessaire effort pour contrer les malheurs.
Carole Radureau (29/12/2013)
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