Des mains pour construire et non pour détruire
Publié le 26 Janvier 2014
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Je ne sais rien faire de mes dix doigts
dit le roi :
faites-chauffer pour le royaume les forges de la fortune,
et de vos mains rugueuses de fer forgé et de veines gueuses
sortez des fourneaux les épées de la conquête.
De vos rudimentaires et paysannes paumes,
fauchez les blés d’or et récoltez les moissons des puissants.
Je ne sais rien faire de ses deux extrémités aux dix pousses bâtardes
dit la fureur :
pelletez et remplissez les brouettes de cette terre inutile,
creusez les fosses pour y accueillir les dépouilles maudites
de ceux qui naquirent avec un sang impur.
Je broderais pour vous, mes petits,
les mocassins bordés de perles multicolores
pour y chausser vos pieds fatigués par les chasses dans la forêt.
Les gants de peaux tannées avec la passion du travail accompli
à vos mains chaufferont vos doigts meurtris par un froid qui jamais ne cesse.
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J’abattrais sans relâche les parcelles de forêt,
y brûlerais les troncs séchés que la terre se nourrisse.
Et toi ma femme de tes doigts de fée plantera notre nourriture future.
En construisant la râpe pour purifier les racines,
la plaque chauffante pour y cuire le pain,
notre quotidien sera pain amour et autarcie
et les estomacs bien remplis.
Je broderais sur ma toile Aïda les motifs où l’espoir est roi.
La fureur n’y aura pas sa place reléguée dans sa fosse elle n’en ressortira.
Les motifs qui s’amusent sous le jeu de l’aiguille habile
dessineront la panoplie d’un humanisme nouveau et attendri.
Si les malhabiles aux cerveaux vicieux
ne connaissent plus les trônes offerts sur un tapis rouge,
les petits artisans,
hommes et femmes des peuples généreux,
ingénieux
et subtiles
pourront alors vivre des jours tranquilles
…leurs mains pour tout bagage et l’amour en partage.
Carole Radureau (26/01/2014)
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