Leaders indigènes : Alberto Patishtan Gomez

Publié le 17 Décembre 2013

Leaders indigènes : Alberto Patishtan Gomez
Qui est Alberto Patishtan Gomez ?

Alberto est un indigène tzotzil, une ethnie du Chiapas (Mexique) qui descend des mayas. Il est professeur et activiste, membre de l’Autre campagne de l’EZLN.

Il participait pleinement à la vie politique de sa municipalité d’El Bosque, dénonçant la corruption de la mairie, sollicitant même la destitution du président municipal et la création d’un conseil municipal.

Alberto est arrêté le 19 juin 2000 et on le condamne à 60 ans de prison pour avoir soit-disant tué 7 policiers chargés d’escorter le maire de son village.

Leaders indigènes : Alberto Patishtan Gomez
La prison

"J’ai envie de saluer tous ceux qui nous accompagnent et s’impliquent dans la lutte en toute connaissance de cause. Les problèmes que nous cause le gouvernement sont loin d’être résolus, mais nous continuons à résister ; et vous continuez à résister. On vous salue donc aussi d’où l’on se trouve. Face à ceux qui tuent, ce n’est pas la mort physique qu’il faut craindre, c’est ce qui tue à la fois le corps et l’âme. Il ne faut pas avoir peur de l’homme. L’exercice mental qui nous est indispensable est celui de David et Goliath, garder à l’esprit que la victoire est possible. ".

Alberto Patishtán, prisonnier.

Leaders indigènes : Alberto Patishtan Gomez

Le procès est entaché d’irrégularités flagrantes dont le refus d’entendre les témoins confirmant qu’au moment même du crime,Alberto était à une réunion publique à 50 kilomètres du lieu.

On apprend alors qu’une vengeance politique a été orchestrée contre lui avec le soutien du gouvernement de l’état du Chiapas. Les coupables véritables des meurtres, eux courent toujours et n’ont jamais été inquiétés.

Ce qu’on lui reproche en vérité c’est sa complaisance au mouvement zapatiste et l’organisation de son peuple contre le(s) gouvernement(s) en place.

Alberto, prisonnier continue la vie militante et cherche à fédérer les prisonniers, il crée même une organisation adhérente à la sexta (6e déclaration de la forête lacandone de l’EZLN) : La vox de l’amate.

Alberto défend les doits des prisonniers, travaille à la prison à la défense des droits des personnes privées de liberté, dénonce les cas de violation des droits de l’homme. Il participe également à plusieurs grèves de la faim en vue de faire libérer ses compas.

Réflexion sur les partis politiques

Alberto Patishtán ne croit plus dans les partis politiques, il dit qu'ils se servent des gens comme escaliers. Dans les conversations entre prisonniers, « on parle des partis et ils concluent qu'ils sont tous pareils. Quand ils comprennent cela, tout d'un coup, le ton s'échauffe. » En revanche, d'après lui, l'autonomie des peuples indiens est le chemin à suivre. Lors de ces échanges, ils parlent aussi de l'oubli de leur propre culture et insistent sur le fait que la récupérer est « une étape très importante dans la conscientisation politique ». Il explique qu'en tant qu'indiens, ils continuent de subir discrimination sur discrimination : « Ils nous ignorent parce qu'on est indiens, parce qu'on parle tsotsil, parce qu'on n'a pas fait d'études. Et cela se reproduit jusque dans les communautés, puisque ceux qui ont de l'argent quittent la communauté et se rangent avec le gouvernement ». C'est peut-être ce qui fait dire au « prof » qu'il reste beaucoup à faire, et que le plus triste de ce qu'il voit en prison ce sont les gens qui ne veulent pas se défendre : « Ils ne parlent pas espagnol donc, comme ils ne peuvent pas s'exprimer, beaucoup se taisent. Mais d'autres font preuve de courage et gardent l'espoir de sortir un jour. »

Le « prof » dit que la lutte doit continuer son chemin, que s'arrêter c'est commencer à reculer : « La lutte est un concept qui englobe beaucoup de choses : l'injustice en prison, les prisonniers qui souffrent, souvent sans aucun médicament. Dedans et dehors, c'est la même chose ; mais à nous de commencer à lutter ici aussi. »

Leaders indigènes : Alberto Patishtan Gomez
La voix de l’amate

Alberto crée en 2006 la Vox de l’amate (la voix de l’amate) organisation qui fait partie de l4uatre campagne.

Son but est de dénoncer le fonctionnement arbitraire du système judiciaire mexicain, la torture physique et psychologique que les matons font subir aux prisonniers, ainsi que la corruption qui sévit dans les prisons de l’état du Chiapas.

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LIBRE !

Le 31 octobre 2013, Alberto sort de prison au terme de treize années de prison au cours desquelles il laissera plusieurs organisations de défense des prisonniers et des tonnes d’espoir.

Il est passé par 5 prisons différentes dont une de haute sécurité dans l’état de Sinaloa.

Il a obtenu sa libération grâce à sa résistance ainsi qu’aux diverses et variées mobilisations au Mexique et de par le monde des organisations, centres des droits de l’homme, adhérents à la sexta, collectifs, individus, avocats solidaires en raison d’une grâce accordée par le président du Mexique Peña Nieto.

Celui-ci a fait modifier par le sénat le code pénal fédéral pour donner à présent au président la possibilité de gracier des prisonniers quand il existe des preuves de violations des droits de l’homme lors des arrestations ou des procès.

Pour Alberto, cette grâce ne constitue pas la meilleure voix possible pour obtenir sa libération mais compte tenu que toutes les possibilités juridiques étaient épuisées, c’était le seul recours.

Maintenant Alberto continue la lutte pour les droits humains, ceux de son peuple et son expérience ne pourra qu’enrichir ces dernières.

Sources : Espoir Chiapas, sipaz la voix de l’amate, cocomagnanville

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