La cérémonie rituelle des voladores

Publié le 18 Novembre 2013

La cérémonie rituelle des voladores

image

Voladores ou hommes volants

C’est dans la région de Totonacapan où la cérémonie représente une force évidente renforcée par la présence à proximité du site d’El Tajin, un important centre cérémoniel préhispanique des VIIIe aux XIe siècles.

La cérémonie rituelle des voladores est un vrai chef d’œuvre et synthèse de la signification de « li tutu maku » : c'est-à-dire « être totonaque ». Elle réaffirme l’identité groupale et la conscience de continuité des ethnies pratiquantes car elle est associée au cycle de la vie, elle exprime une vision du monde présent ainsi que le besoin de maintenir des relations harmonieuses et de respect avec la nature.

La beauté et le côté spectaculaire du vol durant la cérémonie rituelle ont contribué à sa permanence et à ce qu’elle soit considérée à son niveau national et international comme une icone des traditions indigènes du Mexique.

La cérémonie rituelle des voladores à fait l’objet d’une inscription au patrimoine culturel et immatériel de l’humanité en 2009 en vue de sa sauvegarde.

La cérémonie rituelle des voladores

image

Mais cette cérémonie rituelle mexicaine a été pratiquée par différents groupes ethniques de Mésoamérique :

  • Les teenek

Région : groupe teeenek de la région huasteca de San Luis Potosi

Son nom spécifique : Bixomt’iiw ou danse de l’épervier

Dates : la danse est associée aux cycles agricoles et pour remercier les forces de la nature telles que Muxi, le dieu de la mer

Usage rituel : les danseurs représentent l’offrande faite au soleil pour qu’il puisse renaître ainsi qu’au dieu du maïs Shipak. La communauté alors participe à la communication avec la nature, la vie et le cosmos.

leur site

La cérémonie rituelle des voladores

Région : montagnes de Puebla, dans les municipalités de Huauchinango et Hidalgo

Nom spécifique : Cuauhpatlanque (ceux qui volent à l’aide d’un mât)

Dates : carnaval et cycles agricoles

Usage rituel : la cérémonie consiste à aider le christ-soleil à triompher sur les forces du mal.

La cérémonie rituelle des voladores
  • Les nañhu

Région : Hidalgo et Puebla (Chila, municipalité de Honey à Puebla)

Nom spécifique : Ratakxöni (ceux qui volent)

Dates : la fête est associée aux cycles agricoles, aux équinoxes et aux solstices

Usage rituel : les seigneurs de la végétation ne peuvent voler sur la terre qu’avec l’aide d’un poteau. Leur fonction est d’éviter que le christ-soleil s’élève au plan céleste.

La cérémonie rituelle des voladores

Région : Guatemala : Santa Maria Joyabaj et Chichicastenango

Nom spécifique : Ajxijoj Kiktzoykib’pw’iche (danse du singe)

Dates : aux équinoxes et solstices, aux fêtes des saints patrons

Usage rituel : les singes sont des êtres humains incomplets, les voladores communiquent avec les dieux pour rendre leur existence humaine plus parfaite.

  • Les pipiles

Région : Nicaragua

Nom spécifique : Comelagatoazte.(Danse au Dieu du Cacao)

  • Les tepehuas

Région : Nord de l’état de Veracruz

La cérémonie est pratiquement perdue

La cérémonie rituelle des voladores

Région : Papantla (état de Veracruz), région des montagnes de Puebla et dans quelques municipalités de l’état de Hidalgo

Nom spécifique : Kgosni

Dates : la danse est associée aux cycles agricoles et à l’équinoxe du printemps

Usage rituel : la cérémonie est un rite de mérite : en la célébrant on obtient la prospérité, de bonnes récoltes et une longue vie. Les voladores sont les intermédiaires entre les déités et la terre.

En ce qui concerne les communautés d’autres régions que celle du Totonacapan, il n’y a pas de données spéciales mais le travail réalisé à Papantla dans le cadre du classement au patrimoine culturel devrait servir d’exemples et de soutien pour les sauvegardes similaires.

La cérémonie rituelle des voladores
Dans la région de Totonacapan on compte :
  • 33 groupes de danseurs voladores ayant un registre
  • Des voladores n’ayant aucun registre
  • 3 écoles pour enfants voladores
  • 3 associations de voladores
  • Près de 500 voladores identifiés
Ce qui a motivé sa sauvegarde

Dans la région du Totonocapan, le rituel à survécu au processus d’homogénéisation de la modernité et s’adapte aux exigences du marché touristique et commercial sans perdre les éléments essentiels qui lui donnent un sens à l’intérieur des communautés, cependant il existe des facteurs qui mettent en danger se signification profonde :

  • La perte de signification rituelle : les anciens des communautés et maitres traditionnels sont inquiets car il ne subsiste que des « fragments » ou des « bouts » de la cérémonie suite au succès touristique de cette dernière. Les nouveaux danseurs professionnels ne présentent plus le rituel complet et ne forment donc pas les jeunes danseurs qui n’en connaissent que des versions abrégées.
  • Il n’y a pas suffisamment de possibilités et de garanties de travail pour les différents groupes de voladores de chaque région ce qui entraîne des problèmes de compétition, de rivalité et de divisions pour obtenir des contrats.
  • Le coût pour réaliser la cérémonie est élevé et les conditions socioéconomiques des pratiquants préoccupantes ce qui les pousse à chercher d’autres sources de revenus.
  • Les membres des communautés abandonnent graduellement leurs traditions, leur langue et leurs habits pour s’adapter à la vie urbaine.
  • Le manque de compréhension face à la diversité culturelle provoque le fait que les personnes qui n’appartiennent pas à ses traditions indigènes lui manquent de respect en l’observant uniquement de façon exotique.
  • Le manque d’information sur le sens et la signification du rituel cérémoniel affecte la population jeune de la région.
  • La déforestation provoquée par l’élevage extensif a occasionné la disparition du tsaqatkiwi l’arbre du volador. Celui-ci est remplacé par des tubes métalliques ce qui empêche la réalisation de certaines étapes.
La cérémonie rituelle des voladores

image

L’évènement

Un groupe de personnes est suspendu à un poteau de 18 à 3 mètres de haut et se déroule autour de celui-ci en imitant un vol tandis qu’un des intégrants danse sur le sommet accompagné de la flûte et du tambour.

Dans cette cérémonie s(établit la communication avec les dieux pour leur faire des offrandes et leur demander que la terre soit fertile.

Dans la tradition qui se maintient depuis l’an 600 avant JC au cours d’une période de sécheresse et de famine, les anciens ont décidé d’envoyer des prêtres-messagers (les voladores) pour offrir des offrandes aux dieux afin de leur demander la pluie pour fertiliser la terre.

Le déroulement

Dans la forêt est choisi un arbre haut et solide nommé tsaqatkiwi (arbre du volador). Les voladores avec le caporal leur chef demandent la permission au dieu de la montagne Kiwikgolo de couper l’arbre. Le lieu où l’arbre va être coupé est béni au son de la flûte. Après quatre jours les danseurs recommencent la cérémonie autour de l’arbre choisi puis ils recommencent encore une fois quatre jours plus tard.

Avant de commencer l’abattage, ils donnent 12 coups de hache accompagnés d’une pièce de musique appelée « le son du pardon ». Ensuite les danseurs étant purifiés, ils peuvent abattre l’arbre.

Plus de 200 hommes trainent l’arbre jusqu’à l’endroit jusqu’à l’endroit où il va être enterré. Avant de l’enterrer ils le revêtent de lianes qui seront les escaliers sur lesquels monteront les voladores.

On fait des offrandes à la terre-mère avec une poule noire et une bouteille d’eau de vie vidée.

Avant de commencer le vol autour du poteau une danse est pratiquée pour invoquer le dieu du vent pour lui demander pardon et protection.

Le jour de la cérémonie tout le monde doit être en état de grâce, le caporal marque le début de la cérémonie au son de la flûte et du tambour. Les danseurs montent un par un et une fois au sommet ils s’attachent.

Chaque endroit représente un point cardinal. Le caporal s’assied et commence à jouer de la flûte et du tambour en dirigeant son regard vers l’orient, invoquant le soleil et il se penche en arrière pour le regarder et invoquer la protection des dieux pendant le rituel.

Le premier son de musique est dédié à l’orient, le second au couchant, le 3e au nord et le 4e au sud.

L’invocation terminée, le caporal s’élance à une hauteur de 25 à 30 mètres et se dirige à l’orient accompagné de la musique. Il s’assied et les quatre voladores s’élancent dans le vide.

Sources : unesco, wikipédia

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article