Brésil : Le peuple Kamaiurá

Publié le 22 Novembre 2013

Peuple autochtone du Brésil qui vit dans l’état du Mato Grosso.

C’est l’une des ethnies qui composent le parc indigène du Xingu (PIX).

Autre orthographe du nom : kamaiurá

Population : 604 personnes (2014)

Langue : kamayura de la famille tupi guarani

Ils sont une référence importante de la culture du haut Xingu, un monde dans lequel les peuples parlent des langues différentes mais partagent malgré tout des visions du monde et des modes de vie similaires.

Localisation

Ils demeurent depuis toujours dans leur zone d’occupation ancestrale dans la région de la jonction des rivières Kuluene et Kuliseu près du lac de Ipavu.

Ils ont une bonne croissance démographique depuis quelques années bénéficiant des soins proposés dans le parc. En 1954, 94 kamaiura étaient les survivants de l’épidémie de rougeole puis dans les années 70 le chiffre remonte à 131.

Terre indigène

  • T.I Xingu - 2.642.003,93 hectares, 6090 personnes, réserve homologuée dans l'état du Mato Grosso. Villes principales : Feliz Natal,  Gaúcha do Norte, Querência, São Félix do Araguaia, São José do Xingu. 16 peuples y vivent : Aweti (langue aweti), Ikpeng (langue karib), Kalapalo (langue karib), Kaiabi (langue tupi), Kisêdjê (langue jê), Kuikuro (langue karib), Matipu (langue karib), Mehinako (langue arawak), Nahukuá (langue karib), Naruvotu (langue karib), Tapayuna (langue jê), Trumai (langue trumai), Waujá (langue arawak), Yawalapiti (langue arawak), Yudja (langue juruna).

Histoire

Selon eux leurs ancêtres sont venus de Wawitsa, une région située à l’extrémité nord du par cet sur le côté de Morena, une scène pour situer les actions mythiques et le centre du monde selon eux.

Quand Van Den Steiner rencontre les kamaiura en 1884 ils sont déjà dans la phase finale de leur migration et sont situés sur les rives de l’Ipavu. Certainement cette migration à pour cause des conflits avec les yudja et les kisêdjê ou suya. Les contacts avec l’expédition menée par Van Den Steinen sont les premiers contacts non-indiens.

En 1946 les kamaiura sont touchés par l’intrusion des routes et des camps qui s’établissent dans la région, ils commencent à avoir des contacts avec l’expédition Roncador-Xingu menée par les frères Villas-Boas.en 1961 le territoire qu’ils occupent est transformé en parc national indigène sous la direction de la funai

La vie du village

Le village est bâti sur le même modèle que les autres villages du haut Xingu (voir article sur le parc indigène du Xingu plus bas) avec une place centrale, le patio ou plaza (hoka’yterip) de laquelle convergent tous les chemins conduisant aux lieux d’habitation, aux espaces publics, à la maison des flûtes. En face de la maison des flûtes, il y a le banc pour le cercle de fumeurs où les hommes se réunissent le soir pour parler des expéditions de pêche, de la construction d’une nouvelle maison ou des problèmes relatifs à la vie du village.

Au-delà des maisons la forêt et les ports fluviaux sont accessibles par un réseau de sentiers coupés à travers les broussailles passant par les petits jardins individuels. La forêt est le lieu de la vie privée et la nuit ont lieu les rencontres amoureuses, la forêt représente un monde de transformation radicale et mystérieuse, un lieu liminal et sacré toujours étrange.

La famille

Chaque maison est occupée par in groupe composé d’un noyau de frères auquel sont ajoutés les cousins parallèles et les membres d’autres générations. Le chef du groupe, le propriétaire de la maison, « morerekwat » coordonne les activités productives et les tâches quotidiennes des familles nucléaires.

A la puberté il y a une période d’isolement. Les hommes alors apprennent un ensemble systématique sur les techniques de main d’œuvre masculine, comment attacher les plumes sur la flèche pour faire un peigne, tisser un panier…. Il est formé aux huka-huka, les luttes qui ont lieu lors des rituels. Ceux qui doivent assumer des responsabilités au sein du village ont un isolement plus long.

Les jeunes filles sont isolées au moment de leur première menstruation, elles apprennent alors à tisser les hamacs, les tapis, à effectuer les tâches féminines alimentaires. La période d’isolement ne dure pas plus d’un an et pendant cette période la jeune fille ne coupe plus ses cheveux laissant sa franche arriver sur ses yeux. En sortant de l’isolement, elle aura un nouveau nom, sera considérée comme adulte et pourra se marier.

Les premiers noms sont donnés à la naissance puis au moment du percement des oreilles ils changent. Les noms sont ceux des anciens et se transmettent de génération en génération.

Artisanat

Dans le système de spécialisation artisanal mis en place dans le parc, la moitara, les kamaiura sont spécialisés dans la production d’arcs en bois dur dont ils sont hautement qualifiés dans ce domaine. L’introduction d’armes à feu dans la région à affecté l’utilisation de l’arc qui devient de plus en plus un symbole du groupe ou un article commercial. Les kamaiura sont aussi d’excellents artisans qui confectionnent des vanneries, des lanceurs utilisés lors du rituel de la jarya, des canots en écorce, des hamacs, des filest, des flûtes jakui.

Leur mode de vie

Il est le même que celui des autres groupes, basé autour de la culture et transformation du manioc qui sert à la fabrication du beiju (pain) consommé au long de la journée. Leur mode de vie est très semblable à celui des yudja et des kisêdjê (suya).

Le poisson fait partie avec le beiju de la base alimentaire des kamaiura (comme des autres peuples). C’est la seule source de protéines animales et quand il se fait plus rare à la saison des pluies, il est compensé par les cultures de maïs, papayes et pastèques.

Les kamaiura cultivent aussi des plantes à des fins cérémonielles : le roucou et le tabac, pour la production artisanale, le coton et les courges.

La chasse et la cueillette sont des activités secondaires. La chasse est assurée par les hommes qui utilisent l’aide de l’aigle harpie.

La collecte est faite par les femmes et les enfants : péqui, miel, genipapo, buriti, œufs de tortue tracaja, fourmis et bois de chauffage.

Les rituels

Les mythes et les rituels intergroupes s’expriment fortement entre les peuples de la partie supérieure du Xingu. Ils leur ont permis de renforcer aussi les liens.

Les kamaiura sont à l’origine de deux des rituels intergroupes qui ont acquis une certaine renommée internationale : le kwarup (fête des morts) et la jarya (fête des guerriers) qui avec la moitara (partage d’un commerce formel) consolident un ensemble bien coordonné.

Le kwarup célèbre la solidarité des peuples du haut Xingu réunissant dans un seul village différents groupes ethniques pour fêter un défunt du village organisateur et marquer la fin d’un deuil.

Le rituel de la jarya met l’accent entre la distinction et l’opposition des groupes. Le mort honoré lors du kwarup, rien alors ne s’oppose à la tenue de la jarya. Un seul groupe est invité à la fête pour laquelle le point culminant se situe dans un combat avec un lancer de fléchettes symbolisant l’action du guerrier. Les deux fêtes sont opposées avec d’une part l’expression rituelle de la solidarité (kwarup) et une manifestation d’hostilité entre les groupes (jarya).

C’est dans le kwarup que les indiens s’identifient comme peuples du haut Xingu.

Mais vous en saurez bien plus avec l’article plus généraliste consacré à l’ensemble des peuples du parc du Xingu.

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Source : socioambiantal

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https://www.scielo.br/scielo.php?pid=S1981-81222020000300907&script=sci_arttext

Si une version traduite en français de ce travail vous intéresse, merci de me contacter.

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Kamaiurá

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