Chine : Les mosuo ou moso
Publié le 17 Octobre 2013
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Les mosuo
Cet article est dédié à Emilie qui m’a mis le pied à l’étrier pour ce peuple et j’ai chevauché allègrement et alertement le cheval que l’on m’offrait car cela faisait très longtemps que je voulais aborder le thème complet de la matrilinéarité et ce peuple m’en offre l’opportunité. Merci à Emilie en espérant que ma façon d’aborder ce thème sera la plus claire possible.
Autres orthographes du nom : moso, ou en chinois: 摩梭 ; en pinyin: Mósuō
Ethnie minoritaire du sud-ouest de la Chine à la frontière de la province du Yunnan et du Sichuan, dans les contreforts de l’Himalaya. Ils vivent sur les bords du lac Lugu dans le district de Yongning au Yunnan au pied de la montagne du lion (Ganmu la montagne déesse) et du mont Waha près de Yongning (la montagne-dieu).
Leur district a été nommé Yongning en chinois, ce qui veut dire "Sérénité Eternelle"…
Il s’agit d’un sous-ensemble de la nationalité naxi qui utilise un sous système de l’écriture daba*.
Population : 30.000 à 50.000 personnes
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Les 16 clans totémiques de l’origine, le tigre totémique
Descendants des anciennes tribus qiang qui migrèrent vers le sud à partir du plateau tibétain du Qinghai, ils se sont installés au Sichuan et au Yunnan et donnèrent naissance aux peuples tibéto- birman dans la région. Dans l’histoire de la fin des Tang on parle d’un royaume des femmes de l’est avec une reine à sa tête. Ce peuple mentionné sous le nom de Luonüman (tribu des femmes tigre) avait donc pour totem un tigre et le caractère du matriarcat. Selon le Hou hanshu (histoire des Han postérieurs 25/220) les tribus portaient des noms d’animaux, yak, cheval blanc, loup et possédaient des coutumes matriarcales. Il s’agissait très certainement des ancêtres des mosuo.
De nos jours les grand-mères portent le nom totémique de leur clan, mère arbre, mère puma, mère tigre. Le culte du tigre totémique est encore présent du moins dans les noms attribués aux lieux : la montagne du lion, Gemun en mosuo portait autrefois le nom de Lala (tigre), le mont Nala (région de Yongsheng) veut dire tigre noir également. Bading lamu (tigresse) est objet d’un culte dans certains villages
Il s’agit d’une société matrilinéaire (bien souvent dénommée matriarcat), dont les mosuo représentent le dernier peuple à vivre de ce matriarcat presque intact qui le fait nommer par les ethnologues le « peuple fossile ».
- Aucun mariage : les enfants vivent chez leur mère tout au long de leur vie
- Aucune paternité : les enfants sont élevés par les oncles maternels. Il n’y a donc pas de complexe d’Œdipe.
- Tout passe par la mère : le nom, la propriété….
- La sexualité est libre : chacune est libre d’avoir (en secret néanmoins) autant d’amants qu’elle le désire, d’en changer à volonté.
- Forme de communisme familial : la propriété appartient à tout le clan familial, il n’y a aucun héritage
La matrilinéarité en quelques mots :
Les trois piliers du matriarcat mosuo :
- Matrilinéarité : toute transmission se fait par la mère
- Matrilocalité : la vie sociale s’organise autour de la mère
- Avunculat : l’éducation des enfants est assurée par l’oncle maternel
La découverte au siècle dernier de ce peuple remet en question les théories sociologiques et académiques qui stipulent qu’il ne pourrait y avoir de société viable sans mariage et que le complexe d’Œdipe serait universel.
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Au cœur de la matrilinéarité mosuo on trouve :
La naissance
Dans la tradition les femmes mosuo accouchent à la maison, accroupies et aidées par la mère et les sœurs. Mais de nos jours elles accouchent plus souvent à l’hôpital selon les procédures modernes en cours. Dans les sociétés matrilinéaires, le placenta et le cordon ombilical sont voués à un culte particulier. Ils sont enterrés juste après la naissance sous le seuil de la maison-temple de la grand-mère ce qui favorisera la bonne santé et la longévité de l’enfant. Cette pratique tend à disparaître.
Malgré leur précocité et leur liberté sexuelle, le taux de la croissance des mosuos est le plus bas au monde : 0.78 %.
Ils ne subissent donc pas le programme de régulation démographique mis en place en Chine qui astreint les familles à l’enfant unique. Leur régulation démographique est assez mystérieuse et les femmes l’expliquent par le fait qu’elles disent être attentives à leurs cycles de fertilité. Mais les moyens de contraception modernes de nos jours les attirent également.
Dans leur société, la place attribuée aux petites filles est plus importante que celle qui a cours dans la Chine patriarcale. Les filles continuent les lignées et quand elles manquent elles peuvent être adoptées aussi bien que les petits garçons.
Les enfants
- L’enfant est tendrement accueilli et tout est fait pour son épanouissement.
- Ils connaissent leur mère mais pas leur père. Celui-ci par ailleurs peut fort bien être n’importe lequel des amants de la mère qui est libre de choisir ses partenaires. De nos jours néanmoins, on sait qui est le père mais il n’a aucun droit sur les enfants même si la mère lui permet les visites.
- Les jeunes sont éduqués par les anciens dans la maison maternelle.
- Il n’y a pas de lien tante/neveu ou tante /nièce. Les enfants appellent leur tante, mère et les mères appellent tous les enfants fils et filles.
- Les filles de 13 ans sont initiées lors d’une cérémonie dans laquelle elles reçoivent leur âme réincarnée (revenant après 4 générations), un autre nom, et la clé de leur chambre. Ce sont des moines bouddhistes qui officient. Cette cérémonie symbolise le passage à la maturité (rite de passage)
- Les filles mosuo majeures à 13 ans peuvent recevoir dans leur chambre des fleurs leurs amants en toute liberté mais avec discrétion
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La femme
- La femme n’est pas au-dessus de la société mais au centre : système matricentré.
- Elle est le pilier de la société
- Elle est responsable de l’économie domestique (foncier, immobilier, agriculture)
- Le rôle de la femme selon les générations :
- Première génération : entre 60 et 80 ans : elles pratiquent le culte aux ancêtres
- Deuxième génération : entre 40 et 60 ans : elles s’occupent des affaires sociales, de l’économie de la maison-clan. Une femme d’un groupe de sœurs est choisie pour être la matriarche
- Troisième génération : les jeunes femmes font les travaux durs dans le domaine et les jardins. Elles sont aussi bien occupées également avec ce qui a trait à l’amour, la grossesse et la maternité
Les hommes
- Les hommes adultes vivent chez leur mère, certains dans une maison commune avec les hommes âgés.
- Ils ont des droits uniquement dans la maison de leur mère
- Dans cette société chacun à son rôle, le matriarcat mosuo n’est pas une gynarchie* féministe. C’est une société sexiste dans laquelle hommes et femmes ont chacun des fonctions et des droits coutumiers différents.
- Les hommes s 'occupent des représentations politiques, gèrent les affaires extérieures au clan, l’artisanat, le commerce, le transport par caravanes des chevaux, la chasse, la pêche, l’abattage des animaux, le labour, la construction.
- Ils s’occupent des rituels religieux lamaïstes dans une pièce qui leur est dédiée dans la maison.
- Les pères n’ont aucune obligation matérielle envers leurs enfants
- Dans ce modèle de société il n’y a pas ou peu d’ego masculin surdimensionné
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Le frère choisi de la matriarche
- Le frère qui est choisi par la matriarche s’occupe des affaires extérieures : communication avec les voisins, planification du travail des hommes.
- Il est chargé de tout ce qui concerne la terre, le bétail, les entraides entre voisins, il représente sa lignée vis-à-vis des autres lignées.
- Il accueille les visiteurs
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Les anciens
- Ils vivent au sein de la lignée et il n’y a pas de maison de retraite.
- Ils s’occupent d’éduquer les jeunes
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La matriarche (dabou)
- Elle est choisie bien souvent dans les femmes âgées entre 40 et 60 ans parmi les membres du clan.
- Elle gère les affaires sociales, économiques de la maison-clan aidée de ses sœurs.
- Elle s’occupe des réserves, distribue les repas, faits des offrandes aux anciens.
- Elle administre les possessions du clan, les champs, la nourriture des animaux et des hommes.
- Avant de mourir, la femme chef de famille choisit une remplaçante.
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La lignée
« Si la pluie ne tombe pas du ciel, les herbes ne poussent pas dans la terre »
- Les gens qui descendent d’une même ancêtre forment une matri-lignée et sont les « gens du même os ». parce que pour les mosuo les caractéristiques héréditaires sont contenues dans les os et donc transmis par la mère. Le père lui tient le rôle de « l’arroseur ». Cette croyance en l’hérédité des os vient sûrement d’un culte des os (crânes) fort ancien et oublié depuis.
- Toute la descendance de lien maternel reste à vivre ensemble toute sa vie sur plusieurs générations.
- Au sein de chaque matri lignée il existe deux chefs (dabu) : un homme et une femme
- Le chef masculin : s’occupe des affaires extérieures (le frère de la dabu)
- Le chef féminin : s’occupe des affaires intérieures (la matriarche)
- Ils partagent l’autorité mais n’ont pas de privilèges particuliers par contre ils doivent travailler plus que les autres. Il faut des qualités pour être chef : compétence et impartialité. Ces qualités découlent du mérite personnel et de la capacité individuelle qui prime sur tout. Les ascendants doivent transmettre aux descendants les connaissances morales et techniques mais cela se fait séparément selon les deux sexes : les femmes éduquent les filles et les hommes éduquent les garçons.
- Les décisions qui concernent la lignée sont soumises à un consensus entre tous les membres de la lignée, hommes et femmes.
Le clan
- La propriété est collective au clan et gérée par les femmes sous la responsabilité de la matriarche.Le chef de famille hérite du droit de gestion de la maisonnée.
- Elle se transmet de génération en génération sans procédure juridique.
- Il n’y a pas d’héritage, donc pas de guerre d’héritage, pas de conflits dans la société
- Ce peuple paisible ne possède comme toute richesse, les terres qu’il cultive pour sa subsistance, les rizières et le bétail
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Les relations
Les relations d’ordre sexuelle comptent beaucoup pour des raisons différentes : pour la femme c’est avant tout le moyen d’avoir des enfants. Pour l’homme c’est le moyen d’apporter le bonheur dans la famille de celle qu’il choisit.
Pour les mosuo la séduction est un art de vivre, la paix existe dans les foyers car les amants ne vivent pas ensemble.
« Qui partage le même lit ne partage pas le même bol »
Trois formes de matriarcats sont présentes :
- 60% de familles matriarcales : les amants vivent séparés et pratiquent les visites furtives
- 33 % de famille matrilinéaires et matrilocales : quand il n’y a pas assez d’homme dans une famille, l’homme rejoint la famille de la femme mais il n’y a aucun droit
- 7 % de familles matrilinéaires et patrilocales : quand il n’y a pas de fille dans une maison, celle-ci est vouée à disparaître. La femme donc part vivre chez son conjoint et peut devenir maitresse de la maison dont elle va assurer la matrilignée.
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Les différentes sortes de visites
- Nana sésé : la visite furtive. C’est la plus fréquente. La relation nouée se nomme açia. Une phrase directe, un sourire pour les préliminaires « Je m’empare de ta ceinture, si tu me souris, tu es d’accord, si tu me le prends tu ne l’es pas » L’homme va chez la femme et jamais le contraire pour protéger la femme des qu’en dira t-on. Le matin chacun doit être de retour dans son foyer. Dans l’açia il n’y a pas de place pour la jalousie qui est très mal vue (ils disent que c’est boire du vinaigre). Il est interdit d’avoir des açia avant 13 ans et mal vu après 50 ans. Il est interdit de se disputer entre deux personnes du même sexe pour une autre du sexe opposé.
- Ge pié sésé : la visite ostensible (marcher ouvertement) – Elle se fait plus rare suite à des visites furtives qui ont envie de durer. L’homme devra être accepté à la table de la cheffe de lignée en offrant des présents.
- Tidzï jï maco the : la cohabitation. Elle se pratique quand il n’y a pas de femmes dans une lignée pour faire des enfants ou quand il n’y a pas d’hommes pour la main d’œuvre.
- Jï the ti dzï : le mariage – Il se fait entre deux êtres non consanguins mais il est exceptionnel. Le mariage est un don, une vente. Celle ou celui qui part vivre chez l’autre pend son nom. La famille de celui ou de celle qui part reçoit une compensation qu’elle devra rendre en cas de divorce.
L’inceste
Il est interdit et condamné mais ils n’ont pas de mot pour le nommer. Ils disent à propos de lui « se conduire comme des animaux » ou « ne pas connaître les règles ».
Les enfants savent très jeunes qu’il ne faut pas parler de sexualité, ni partager d’affects ou d’émotions avec les consanguins de sexe opposé.
Quelques avantages du système matriarcal mosuo par rapport au système patriarcal occidental :
- La famille formée par le clan maternel est une famille qui dure toute la vie et procure donc la joie d’y vivre en son sein entouré des liens maternels.
- Les personnes âgées dans ce modèle ne sont jamais délaissées
- Les tâches ménagères sont équitablement réparties
- L’homme et la femme n’exigent pas de leur partenaire de rester avec eux toute leur vie : pas de divorce, pas de problème de garde des enfants, pas de partage des biens
- Naturellement, l’homme (avec un grand H) est attiré par plusieurs personnes dans sa vie. Dans ce modèle il n’y a pas de forme d’exclusivité ou de possessivité.
- L’amour né naturellement ne laisse pas de place à un mariage arrangé, forcé ou de raison.
- Dans la société moderne, l’homme doit lutter pour acquérir un statut, séduire les femmes. Chez les mosuo, les hommes ne recherchent ni la célébrité, ni la richesse car les seules possessions sont de l’ordre de la vie privée.
- Egalité entre les sexes : les relations homme/femme sont égalitaires, la femme est la « source » garante d’une certaine constance et l’homme est le « voyageur » celui que s’expose aux changements.
- Il n'existe pas d'enfants illégitimes
L’enfant, situé au centre d’un matri-clan d’au moins 3 générations, possède ainsi de multiples référents masculins et féminins.
Liberté et rigueur sont les 2 faces des structures matriarcales.
Et bien c’est assez édifiant !!
C’est parfaitement le modèle de société dans lequel j’aurais choisi de naître et c’est pour cette raison que je suis pour les sociétés matrilinéaires : liberté, égalité, partage, amour, pas de propriété privée dans le cas précis où il existe une forme de communisme primitif etc……
D’ailleurs lors de son 50e anniversaire l’ONU a donné aux mosuo le titre de société modèle !!
Juste par opposition:
Sociologie du patriarcat : le droit du sang et ses conséquences
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Mode de vie
C’est un peuple d’agriculteurs et d’éleveurs. Qui autrefois était chasseur-cueilleur.
Vie en autarcie maintenue pour quelques villages
Ils vivaient jusque dans les années 80 et dans quelques villages encore de nos jours dans une complète autarcie amis subvenant difficilement à leurs besoins. Dans ses conditions de vie, ils n’ont ni eau courante ni électricité. Pour la plupart il n’y a pas de mobilier et la couche est constituée d’un tapis ou d’une planche de bois à même le sol. Les outils sont faits de bois ou de métal.
Alimentation
Leurs repas son constitués de légumes bouillis, de riz et de viande de porc.ils font une soupe de blé ou de maïs additionnée de légumes. Ils fabriquent un thé salé au beurre de yak.
Agriculture
C’est une agriculture en jachère avec rotation des cultures et dans les villages montagnards elle est faite sur brûlis.
Dans les rizières et sur les plantations le travail se fait en communauté, chaque famille participe aux tâches à tour de de rôle.
Elevage
Ils élèvent les cochons, les chèvres, des yaks et des volailles.
La pêche
A l’aide de canoës creusés dans un seul tronc d’arbre ils vont pêcher à l’aide de filets, paniers, piques
Artisanat et autres coutumes
Il s’agit du tissage, de la fabrication des outils agricoles et rustiques.
Ils distillent de l’alcool aigre nommé suolima.
Ils font le pressage de l’huile.
Hommes et femmes fument une poudre de tabac qu’ils nomment « fumée d’orchidée ».
L’accueil des invités
Pour recevoir les invités, les plus âgés doivent boire avec eux 3 petits bols de thé au beurre accompagné de concombres sautés avec du sucre. Les plus pauvres offrent des nouilles sautées au maïs ou des pommes de terre.
La viande pipa et le poisson acide du lac Lugu
Ce sont des mets de choix offerts aux invités. La maîtresse de maison tous les ans tue un cochon et fume sa viande après l’avoir aplatie en forme de guitare chinoise, la viande pipa.
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L’habitat
Les maisons sont construites en bois et comprennent quatre bâtiments autour d’une cour :
- Une pièce principale (yimel) : salle à manger dans laquelle se trouve l’autel du dieu du feu
- Une étable ou une écurie
- Un bâtiment à deux étages : salle de prière.
- Un bâtiment à deux niveaux : (nizhayi) : au rez-de-chaussée on stocke les outils et à l’étage les filles de la maison ont leur chambre (la chambre fleurie) pour recevoir leurs azhus..celle qui dirige la maison dort dans l’yimel (chambre noire et enfumée) et cette pièce sert aussi pour les accouchements.
Derrière la maison se trouve le potager dans lequel on cultive le maïs, les haricots , les courges, le cannabis etc…
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Syncrétisme religieux et quelques cérémonies et rituels
Ils pratiquent un chamanisme animiste mêlé au bouddhisme tibétain imposé par les envahisseurs (certainement mongols).
Le chaman est un homme, le daba.
C’est le gardien de la tradition orale mosuo.
Il connaît par cœur l’histoire de son peuple qu’il peut réciter pendant 6 jours entiers. Il rend un culte à une mère-ancêtre des musuo, Ajiduolomi. Il existe cependant un culte encore plus ancien parmi les moso, le chamanisme Bisha. Les chamans Bicha vénèrent les ancêtres, en l’occurrence la mère ancestrale des Moso, Zehongjijimi.
Ils adorent les forces de la nature, l’eau, le tonnerre, le soleil, la lune, le feu. Leur culte principal est dédié à la fertilité de la femme avec de nombreuses déesses-mères : le lac mère Shimani (lac Lugu) qui est la déesse de la maternité, la montagne mère Ganmu qui est la déesse de l’amour. Elle a des amants qui sont les monts Houlong et Waru Shila et d’autres encore.
La montagne du lion, Ganmu est vénérée lors d’un pèlerinage chaque année le 25 e jour du 7e mois lunaire. Il y a des sacrifices faits par les prêtres daba et les lamas.
La source d’eau chaude sacrée
C’est un lieu qui se trouve près de Yongning où ils se baignent tous ensemble, hommes et femmes. C’est un lieu de rencontre libertin dont les autorités ont voulu réguler l’accès en partageant les 2 sexes par un mur. Mais les briques du mur s’enfoncent dans le lac et devient de plus en plus bas !!
Le chien animal totémique
Il est essentiel au peuple mosuo et il est interdit de le manger et de le maltraiter. C’est un membre de la famille à part entière.
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Les rituels de passage
- Le rituel de puberté (festivités du nouvel an) ou cérémonie de la prise de jupe ou de pantalon : quand les jeunes atteignent la puberté, ils doivent se tenir debout sur un cochon séché ou un sac de blé pour assurer leur avenir favorable. Ensuite ils sont libres de fréquenter et d’avoir des rapports sexuels. Vers l’âge de 13 ans, ils deviennent des membres à part entière de la société et peuvent participer aux activités sociales.
- Les funérailles : elles consistent en une crémation après que le corps du défunt nettoyé et mis en position fœtale dans une fosse creusée dans la maison à côté du yimel pour que le corps se débarrasse de ses fluides.
La danse guozhong et les bals
Elle se danse au soleil couchant autour du feu avec des chants alternés entre garçons et filles pour apporter la bonne fortune. Les couples bien souvent dans les ethnies du sud de la Chine se forment au moment des danses. Les bals sont des sortes de fest-noz bretons organisés pour favoriser les rencontres. Pendant la danse l’homme gratte la paume de la main de celle qu’il convoite et si elle laisse sa main c’est qu’elle est consentante
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Aux origines du monde l’individu naissait dans une grande famille basée sur les liens du sang. C’est avec l’apparition de la monogamie que les histoires de partage, d’héritage, la notion de biens sont arrivées et devenues très compliquées. Autrefois on pensait qu’une société ne pouvait fonctionner sans le mariage. Les mosuo nous démontrent le contraire.
Leur société ne possède même pas de vocabulaire lié aux guerres, aux meurtres ou à la prison.
Ils nous renvoient à nous-mêmes la réflexion de notre chemin chaotique qui est celui du conformisme judéo-chrétien qui via le mariage et le patriarcat et la dépossession de la place de la femme dans les sphères de la société contribuent à cette violence inacceptable qui nourrit les guerres, les injustices, les exclusions, les meurtres et tout le cortège funèbre de ce monde occidental qui s’effondre sous un système qu’il ne veut pas accuser.
Un mode de vie difficile à préserver de nos jours
Aujourd’hui le gouvernement chinois tente de faire disparaître ce mode de vie car pour bénéficier des prestations sociales du gouvernement (dont l’école fait partie) le père de l’enfant doit être déclaré sur le livret de famille. C’est le mariage en Chine qui définit la paternité. Sans le mariage, pas de père, pas d’école.
Ce qui est bien loin d’inquiéter les mosuo.
Ils ont subi plusieurs tentatives de rééducation en leur expliquant les bienfaits du mariage, l’utilité d’avoir un mari, les vertus de la fidélité conjugale etc…
Pour éviter parfois d’être harcelés par les touristes les jeunes se prétendent monogames et fidèles.
Mais je reste persuadée que la rencontre des peuples originaires de la planète via les médias libres permettront une réelle prise de conscience de la richesse qu'ils ont à nous transmettre, de la sagesse qui découle de leurs sociétés ancestrales. Je reste persuadée que très vite, les êtres se libéreront des chaînes du conformisme pour vivre pleinement leur vie de la façon qu'il leur convient, ce que je n'ai pas su faire pour ma part et pour tous mes concitoyens du monde, je souhaite que cette liberté arrive à la vitesse du galop fougueux du cheval qui m'a amené à écrire un jour ou faire des recherches pour mettre en avant tous ses merveilleux peuples.
Caroleone
Les mots savants
- Ecriture daba : L'écriture Daba est un système d'écriture pictographique utilisé pour transcrire la langue Mosuo, un dialecte du Naxi. C'est un des trois systèmes d'écriture pictographique encore vivants aujourd'hui.
- Gynarchie, 3 définitions : Exercice du pouvoir par les femmes.
Système politique où les trois pouvoirs (législatif, judiciaire et exécutif) sont détenus par les femmes.
Système social et familial donnant la primauté à la femme.
Le matriarcat n'est pas la gynarchie :
Du latin mater, la mère et non la femme, le matriarcat est donc "l’ordre fondé sur la maternité", un modèle de société fondé sur la filiation maternelle. C’est pourquoi il ne faut pas le confondre avec un autre concept, celui de la gynocratie (ou gynarchie). Du grec gunê, « femme » et cratos, le pouvoir, gynocratie qui signifie "pouvoir aux femmes", et qui par conséquent à plus à voir avec le pouvoir politique que l’organisation familiale. Une gynocratie ou gynécocratie est un régime politique dans lequel le pouvoir est exercé par des femmes. Souvent confondu avec le matriarcat, il ne s’agit que d’un modèle théorique.
Florilège d'idées reçues sur le matriarcat ICI
sources :le mouvement matricien sur lequel vous aurez de bien plus amples détails
les images viennent en partie du même site
wikipédia