Peuple qui chante ne mourra pas, Un art véritablement national

Publié le 20 Juin 2013

C’est pour cela que l’origine et le développement d’un art authentiquement national n’apparaissent que lorsque les travailleurs chiliens commencent à être suffisamment forts pour imposer leurs propres valeurs à travers leurs propres moyens de diffusion et de communication. Ainsi, sur le profond mouvement social chilien commencèrent à naître les premières manifestations de culture véritablement nationale, véritablement populaire.

Le mouvement ouvrier chilien est un des plus vieux d’Amérique latine. Déjà à la fin du siècle dernier apparaissent les premières inquiétudes des travailleurs et au début du XXe siècle se constitue, même avant certains pays européens l’unité syndicale.

Il est intéressant de constater que dès les premières années, comme le prouvent les documents de l’époque, quelques artistes se joignent aux manifestations ouvrières, et les dirigeants prolétaires sont dans une certaine mesure les intellectuels de la classe ouvrière et ce sont eux qui comprendront immédiatement la nécessité de lier l’art à la lutte sociale ainsi que l’importance de certaines manifestations comme forme de lutte.

Luis Emilio Recabarren lui-même, fondateur du mouvement ouvrier chilien parcourait le pays accompagné d’un groupe de théâtre pour seconder son action politique et pour essayer de réveiller la conscience révolutionnaire des travailleurs. En août 1922, dans une lettre adressée à Juan E. Zapata, dirigeant de la province, il écrit :

« L’objet de cette tournée est de réveiller la conscience prolétaire, par le biais de la représentation théâtrale, du chant et du discours, en profitant de l’intérêt qu’éveille le théâtre afin de réaliser cette propagande dont a besoin la classe ouvrière pour affirmer son organisation. L’ensemble artistique ouvrier est un groupe d’ouvriers dont ne font partie que les éléments qui luttent et dont l’activité dans le mouvement ouvrier, la compétence dans l’art théâtral est la plus sûre garantie de succès dans leur travail….. »

La relation entre la Nouvelle chanson chilienne et le mouvement social n’est donc pas un phénomène nouveau au Chili mais la conséquence de longues années d’expérience et de lutte du mouvement ouvrier chilien.

Par conséquent c’est le peuple lui-même qui est à l’origine de cette mise en valeur de sa propre culture et c’est principalement dans le mouvement ouvrier que naît la nécessité d’une culture authentiquement populaire, avec son propre langage, dans sa propre réalité.

La grande réponse à cette tâche entreprise par le mouvement populaire est l’œuvre magnifique de Pablo Neruda, somment de la prise de conscience du peuple chilien et pas conséquent point de départ de tout ce qui viendra. Sans aucun doute, le grand chantre, le fondateur de la culture chilienne, c’est lui ; la Nouvelle chanson serait une des branches de cet arbre créateur. Par le fait, d’abord, bye beaucoup de poèmes de Neruda aient été pris per les nouveaux compositeurs pour faire des chansons, et aussi parce qu’à travers toute son œuvre, dans son engagement, la fraternité de son amour pour les peuples, sa clarté, la Nouvelle chanson trouvera le langage qui sera le sien.

Pour le Chili donc, l’œuvre de Neruda est le vrai point de départ de l’auto conscience et de la sauvegarde de son patrimoine culturel, de même que, de manière plus originale dans le domaine de la musique et de la poésie populaire, l’œuvre incomparable de Violeta Parra.

Personnage inoubliable, elle a consacré toute sa vie à rechercher et à rassembler poésie et chanson populaires. Son œuvre donnera le ton aux premiers pas de Nouvelle chanson. Artisan, poète, peintre, compositeur et interprète, dès sa jeunesse elle parcourt le Chili à la recherche de chansons oubliées dans le temps et la distance. C’est elle qui déterre de vieilles chansons conservées par tradition orale dans les veillées. Chansons qui nous parlent de l’homme, de son monde et de sa condition , terre, travail, foyer (canto a lo humano) et de l’homme face à la religion, la vie, la mort, ses mythes, ses superstitions (canto a lo divino).

C’est elle qui avec sa guitare rassemble mélodies, poèmes et ryhmes qui serviront de base à toutes ses cuecas, parabienes, rin, tonados, refalosas que l’on retrouve dans ses chansons « Los pueblos américanos », « Rin del Angelito », « Gracias a la vida », « Casamiento de negros ». Ces chansons ont été reprise par le mouvement de la Nouvelle chanson chilienne, traduites et chantées dans le monde entier, et resteront pour toujours l’anthologie de la chanson populaire latino-américaine.

Violeta Parra nous laisse un héritage d’une immense richesse, un travail passionné de composition et de recherche qui prouvent son attachement à son peuple et son admiration pour le pouvoir de créativité de ce peuple.

Mais comme nous l’avons dit, le travail de Violeta n’a pas été facile, elle ne reçut au cours de sa vie ni la reconnaissance ni l’encouragement qu’elle méritait.

Edouardo Carrasco et Guillermo Haschke (traduction Régine Mellac)
Tu vas lutter

Cet an neuf est à toi, compatriote.

De toi plus que du temps il est né. Trie, choisis

le meilleur de ta vie : qu’il soit pour le combat.

Cet an qui est tombé comme un mort dans sa

fosse

ne peut reposer dans l’amour et dans la peur.

Cet an mort est un an de douleurs qui accusent.

Et quand ses racines amères, dans la nuit,

s’abattront, détachées, à l’heure de la fête,

et qu’un autre cristal ignoré montera vers le vide

d’une année que ta vie emplira peu à peu,

donne-lui cette dignité qu’exige ma patrie,

la tienne, cette rigueur des volcans et des vins.

Je ne suis plus dans mon pays citoyen. On

m’écrit

que le triste clown au pouvoir a effacé

avec des milliers d’autres noms mon nom

sur les listes qui furent la loi de la République.

Mon nom est effacé pour que je cesse d’exister

et pour que votent avec le torve charognard

du cachot ses brutes à tout faire, ceux qui donnent

les coups et la torture dans les caves

du palais, et pour que votent bien garantis

les contremaîtres, les vigiles, les associés

du trafiquant qui a vendu notre Patrie.

Je vis errant, je vis l’angoisse d’être loin

du prisonnier et de la fleur, de l’homme et de la

terre,

mais toi tu vas lutter pour transformer la vie.

Tu vas lutter pour effacer la tache

de purin sur la carte, sans hésiter tu vas te battre

pour en finir avec la honte de ce temps

et pour que s’ouvrent les prisons et que se dressent

les ailes de la victoire trahie.

Pablo Neruda

(Chant général, chant XVI, Choral de nouvel an pour la patrie dans les ténèbres)

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Rédigé par caroleone

Publié dans #Chili, #Arts et culture

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